Commerce international

Enjeux politiques et économiques : quelles conséquences pour le commerce international en 2019 ?

11 février 2019

L’année qui vient de se terminer a comporté son lot de défis et d’incertitudes. Nous misons sur une année apportant davantage de clarté sur l’avenir, après quelques mois troubles. En 2019, les décisions politiques joueront un rôle clé sur la prospérité des échanges internationaux.

Tous les yeux sont braqués sur l’évolution des relations commerciales tendues entre la Chine et les Etats-Unis. Si une véritable guerre commerciale se déclare entre les deux pays, les conséquences seraient dévastatrices : cela pourrait réduire de 0,7% le PIB mondial, soit une perte effarante de 5,6 trillions de dollars. Le risque est si grand qu’il devrait dissuader les 2 géants d’atteindre le point de non-retour. Il est cependant logique que les acteurs du transport soient vigilants après une année 2018 compliquée, bien qu’ils aient été partiellement rassurés par l’évolution positive des dernières négociations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis.

Par ailleurs, un départ mal orchestré de l’Union européenne (EU) pour le Royaume-Uni  pourrait avoir un impact fort sur le commerce et les chaines logistiques internationales « juste à temps ». Le Royaume-Uni est censé quitter l’UE le 29 mars 2019, mais cette date sera probablement repoussée, pour permettre aux décideurs de préparer un second plan de retrait. Même si cela permettrait d’éliminer les peurs des conséquences d’un Brexit difficile, une prolongation des délais entretient également l‘incertitude.

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Enfin, les élections européennes de mai (les premières sans le Royaume-Uni, selon toute vraisemblance) donneront le ton des tendances politiques de la région. Ces élections aideront à répondre aux questions sur le futur de l’intégration européenne, et permettront de dessiner le futur visage de l’UE. Elles auront assurément un effet sur la régulation des échanges et du transport en Europe puisque le Paquet Mobilité fera partie des sujets marquants de ces élections. Les opinions sur cette question permettront d’étalonner l’échiquier politique.

Par ailleurs, l’application de meilleurs standards environnementaux permet de mieux faire face aux risques climatiques sur le long terme. L’année 2019 sera un tournant dans l’élaboration de chaines logistiques durables. La réglementation sur le soufre de l’Organisation maritime internationale (OMI), établissant une nouvelle limite de 0,5% m/m de soufre pour le transport maritime doit être mise en œuvre au 1er janvier 2020. Ces changements vont également inciter les acteurs du fret maritime à innover en cherchant des solutions plus économiques. D’ailleurs, nous constatons déjà que certains acteurs du marché ont commencé à changer de stratégie. Dans ce contexte, la prolongation de l’accord de l’Ocean Alliance, avec le lancement d’une nouvelle boucle reliant l’Asie et l’Europe, pourrait contribuer à limiter la hausse des tarifs induits par la nouvelle règlementation. Quoi qu’il en soit, de nouvelles dynamiques se mettront en place en 2019 dans le transport maritime.

Au niveau législatif, un accord d’application a été passé pour mettre en œuvre l’accord de Paris. Ceci annonce également que les gouvernements doivent créer des régulations nationales garantissant le respect du cadre de l’accord de Paris. 2019 sera donc une année pleine d’opportunités, plus ou moins contraintes, pour le développement du transport à faible impact environnemental.

Après un 3e trimestre 2018 poussif, et un 4e trimestre un peu terne, la dynamique économique mondiale est en passe de repartir en 2019, même si le premier semestre risque d’être difficile. La faute, au moins en partie, aux incertitudes politiques déjà mentionnées. Prenons, par exemple, le long cycle de dynamisme économique que les Etats-Unis connaissent depuis près de 10 ans qui est en passe d’égaler le plus long cycle de croissance observé dans le pays sur la période 1991-2001. Il est donc probable qu’une phase de « correction » se fasse sentir dans un futur plus ou moins proche. La Chine est également au cœur d’un très long cycle de croissance qui connait actuellement un ralentissement. C'est donc l'incertitude qui prévaut pour la croissance des deux plus grosses puissances économiques mondiales, avec en toile de fond le shutdown aux Etats-Unis. Néanmoins, les analystes s’attendent à ce que, d’ici la mi-2019, les législateurs chinois mettent en place des politiques visant à stimuler l’économie par des mesures fiscales et monétaires. En parallèle, les taux d’intérêt de la Banque fédérale américaine (FED) risquent d’augmenter moins rapidement que prévu. Cette mesure permettrait de créer des conditions favorables pour l'économie américaine, et mondiale, d’ici le second semestre.

Ce cycle économique risque de peser initialement sur les échanges internationaux (en commençant par le transport routier en Europe, à la croisée des chemins), puis d’insuffler une reprise régulière des activités de transport, et ce jusqu’en 2020. Toutefois, ces changements de tendance pourraient entrainer une volatilité importante des prix du transport.

Ces quelques éclairages soulignent que 2019 s’annonce comme une année clé. Toutes ces questions auront un impact direct sur le marché de la logistique et du transport de marchandises. Nous tâcherons de vous accompagner au quotidien pour amener un éclairage neuf et transparent sur ces sujets pour décrypter leurs effets sur le marché de la Supply Chain. D’ici là, attendons de voir ce que l’année nous réserve, et restons positifs !

Credit photo: Dreamstime

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Docteur en sciences politiques, Ganyi nous livre un regard affûté sur les évolutions du transport et de la Supply Chain dans le monde, par le prisme des tendances politiques et économiques.
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