La morosité s’est désormais installée dans la France du transport routier de marchandises. Le mois de décembre est généralement une période où les prix de transport reprennent de la vigueur, sous l’effet de la très forte demande de Noël. Mais comme en 2018 avec la contestation des "gilets jaunes", décembre 2019 aura été perturbé par les grèves contre la réforme des retraites. Un contexte qui a atteint le moral des ménages, fait baisser le tourisme en Ile-de-France et par ricochet a effacé le rebond saisonnier des prix du transport avant les fêtes.
Comme le montre le graphique ci-dessous, réalisé à partir de la base de données Upply, les prix de transport routier sont restés stables en décembre en France, avec un indice à 99,42 (-0,01% par rapport à novembre).
Source : Upply
Le gazole évolue en revanche à la hausse : +1,4% sur 1 mois (voir les principaux indicateurs en fin d’article). Cette tendance se traduit directement par des augmentations de coûts pour les transporteurs. Et la stabilité des prix confirme la difficulté actuelle pour répercuter ces hausses. Il y a donc un décrochage avec l’activité économique, avec comme conséquence une surcapacité de transport en France.
Si l’on considère l’ensemble de l’année, notre base de données Upply révèle pour 2019 des prix de transport supérieurs de 0,6% à ceux constatés en 2018 en moyenne. La tendance était clairement inflationniste au 1er semestre (+1,5%), et la pénurie de chauffeurs était une préoccupation centrale. Cette tendance s’est retournée au second semestre (-0,3%) et le manque de chauffeurs apparaît désormais (faussement) derrière nous.
Dans ces conditions, les bilans financiers des transporteurs français ne devraient pas trop se dégrader en 2019 grâce à une hausse moyenne des prix sur l’année compensant une augmentation des coûts.
L’année 2020 apparaît malheureusement plus sombre. À fin décembre 2019, le prix médian du transport a reflué de -0,3% en 1 an en France. Parallèlement, selon les données du Comité national routier (CNR), l’augmentation du coût sur 1 an du gazole atteint 3,4% et celle du coût Longue Distance EA hors gazole de 1,2%. La combinaison de ces facteurs en ciseaux présage d’une dégradation des comptes de résultats des transporteurs au premier semestre.
La conjoncture économique n’est pas non plus totalement encourageante. Les nouvelles sont notamment mauvaises outre-Rhin, en raison de la crise du secteur automobile. Les possibilités de reprises sont donc minces.
On peut raisonnablement penser que tous ces facteurs se conjugueront pour favoriser la poursuite de la consolidation du secteur du transport routier de marchandises en 2020.
Source : Insee, CNR