La région Bourgogne Franche-Comté est entourée de voisins plutôt riches et puissants… Bordée par la Suisse, l’Ile-de-France, le Centre-Val de Loire, le Grand-Est et l’Auvergne-Rhône-Alpes, elle "jouit d’un positionnement stratégique avantageux en ce qui concerne aussi bien les flux Nord-Sud, de l’Europe du Nord vers la Méditerranée, que les flux Est-Ouest, de l’Europe de l’Est vers l’Espagne (…). La région est également située sur l’un des principaux axes de flux français, à savoir la liaison Paris-Lyon-Marseille", détaille le Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement), dans une étude pour le compte de la DREAL Auvergne-Rhône-Alpes publiée en avril 2018.
La Bourgogne Franche-Comté peut compter sur un solide réseau d’infrastructures, en particulier sur un maillage routier dense. Elle s’appuie sur deux autoroutes structurantes : "l’une d’envergure européenne pour desservir l’Espagne et l’Allemagne et une autre d’envergure nationale pour desservir Paris, Lyon et Marseille", indique le Cerema, précisant que l’essentiel des grandes villes de la région, à savoir Dijon, Avallon, Auxerre, Beaune, Chalon-sur-Saône, Besançon, Montbéliard et Belfort, sont desservies par ces autoroutes. Le Cerema relève un point noir : l’isolement de Nevers, et plus généralement de la Nièvre. Autre bémol : ces caractéristiques font de la région une zone de transit privilégiée, les flux passant sans "créer de la plus-value profitable au territoire".
La Bourgogne Franche-Comté dispose également d’infrastructures multimodales, et notamment de nombreux ports fluviaux, très utilisés par le secteur agricole. Mais une grande partie du réseau est formé de canaux à faible gabarit, ce qui ne facilite pas la diversification.
Face à cette domination des flux de transit, l’économie régionale peut-elle prendre le relai pour nourrir l’écosystème transport et logistique local ? Une étude de l’Insee recense en Bourgogne Franche-Comté 3250 "établissements logistiques" au sens large, se répartissant en fait dans trois domaines d’activité : le transport de marchandises (46%), l’organisation de transport de fret et autres services (43%) et le secteur manutention, entreposage et conditionnement (11%).
Selon l’Atlas des entrepôts et des aires logistiques réalisé par le Service de l’Observation et Statistiques du ministère des Transports, la région comptabilisait 207 entrepôts de plus de 5 000 m2 en 2015, d’une surface moyenne de 16 500 m², dont 93 dans l’industrie manufacturière, une soixantaine dans le commerce et 39 dans l’entreposage et le transport proprement dit.
Fait marquant en effet : 23% des emplois logistiques sont occupés dans un établissement industriel, contre 16% pour l’ensemble de la France métropolitaine.
"Nous sommes dans une région de tradition industrielle puisqu’elle est au 1er rang des 13 nouvelles grandes régions sur le critère du nombre d’emplois industriels", confirme Philippe Demonteix, délégué régional de la FNTR (Fédération nationale des transports routiers). "L’axe Rhin-Rhône constitue la colonne vertébrale de la région, tout au long de laquelle on va retrouver de très grosses industries, notamment dans l’automobile, mais aussi dans le nucléaire ou la sous-traitance industrielle. Quatre secteurs rassemblent 56% des effectifs de l’industrie : la métallurgie, la fabrication de produits métalliques, la fabrication de matériel de transport et la fabrication de denrées alimentaires & boissons", précise Philippe Demonteix.
On retrouve logiquement ces activités dans le top 10 des importations et exportations de la région. Les principaux chargeurs de la région en sont aussi le reflet, à l’instar d’Alstom, Areva, Faurecia, GE Energy Products, Michelin, Saint-Gobain, Schneider Electric, Solvay et évidemment PSA, pour n’en citer que quelques-uns.
Source : Douanes
Une note d’analyse de l’Insee publiée en juin 2019 souligne la spécialisation de certains territoires sur des secteurs particuliers : la chimie dans le Grand Dole, l’industrie du cuir et de la chaussure en Auxois-Morvan, l’horlogerie, la joaillerie et la bijouterie dans le Haut-Doubs, les activités liées à la forêt dans les Vosges saônoises, ou encore la lunetterie et la plasturgie dans le Haut-Jura. "Par ailleurs, la moitié des emplois industriels du Grand Dole sont liés aux groupes étrangers ; à l’inverse, cette dépendance est très faible dans le Haut-Jura", précise l’Insee.
La région n’a pas été épargnée par le mouvement de désindustrialisation, avec plus de 37 000 emplois perdus depuis 2007. Le coup d’arrêt, lors de la crise de 2008, a été particulièrement brutal en Franche-Comté, très dépendante de l’activité automobile principalement concentrée autour de Sochaux-Montbéliard-Héricourt. La Bourgogne, dont le tissu économique est plus diffus et donc moins dépendant d’un grand secteur ou d’une grande entreprise, a relativement moins souffert.
En dehors de ce socle industriel, l’économie locale est également portée par les activités agricoles, en particulier les vins d’appellation, les grandes cultures ou l’élevage. La filière bois et forêt, très présente dans la région, est également considérée comme prometteuse. "Le bois est un matériau renouvelable. Du fait des ambitions individuelles et objectifs nationaux de développement durable, la construction bois a de l’avenir (…). De la même manière, l’industrie du papier et du carton a du potentiel", écrit le Cerema.
La région Bourgogne Franche-Comté présente traditionnellement une balance commerciale positive. Ses principaux partenaires sont largement européens, même si les États-Unis et la Chine s’invitent dans le Top 10 à l’importation. On retrouve également les États-Unis dans le Top 10 à l’export.
Source : Douanes