Article mis à jour le 27 avril 2023
En 2022, les 20 premiers ports mondiaux ont généré un trafic cumulé de 382,8 millions d’EVP, ce qui représente une légère hausse de 0,5% par rapport à l’année précédente, indique le classement 2022 des ports à conteneurs mondiaux réalisé par Upply. Pour la plupart d’entre eux, l’année a démarré sur une très bonne dynamique, dans la lignée d’une année 2021 de très forte croissance. Mais à partir du second semestre 2022, le ralentissement économique a commencé à se faire sensiblement sentir.
Source des données : autorités portuaires, ministère chinois des Transports.
Les ports chinois confirment leur domination, en occupant 4 des 5 premières places du classement mondial et 7 des 10 premières places. Les 8 ports chinois présents dans le Top 20 génère 55,1% du trafic cumulé des 20 premiers ports mondiaux, contre 53,8% en 2021. Tous ont enregistré une progression en 2022, à l’exception de Hong Kong.
De façon plus générale, les plates-formes asiatiques ne cessent de renforcer leur influence, avec 14 établissements dans le Top 20. C’est un de plus qu’en 2021, Hambourg ayant dû céder sa place de n°20 au port thaïlandais de Laem Chabang. Dans le top 10, malgré un trafic en baisse, Singapour et le port coréen de Busan maintiennent leur deuxième et septième place respective. Au total, les ports asiatiques représentent 81,6% du trafic du Top 20, contre 7,5% pour les ports américains et 7,3% pour les ports européens.
Du côté des États-Unis, les ports de la façade Ouest ont été significativement affectés par les phénomènes de congestion, qui ont perturbé l’activité et poussé à des redirections au profit de la côte Est. Si l’on cumule les résultats des ports de Los Angeles et Long Beach, cet écosystème logistique reste la porte d’entrée n°1 des États-Unis, avec un trafic cumulé de 19 millions d’EVP qui la place au 9è rang mondial devant Hong Kong.
En revanche, si l’on scinde les résultats de Los Angeles et Long Beach, les plates-formes américaines se retrouvent dans le dernier quart du Top 20. Dans cette configuration, Rotterdam conserve son rang de n°10, malgré une baisse de 5,5%. Le 2è et désormais dernier port européen du Top 20, puisque Hambourg en est sorti, parvient également à se maintenir à sa 12è place. Mais il s’agit d’une stabilité en trompe l’œil car les résultats 2022 intègrent à la fois les chiffres d’Anvers et de Zeebrugges, suite à la fusion des deux ports.
Les statistiques précises des ports européens ne sont pas encore toutes disponibles. Les résultats préliminaires permettent néanmoins de dégager les tendances du marché. Le trafic de conteneurs cumulé des ports du Top 10 recule d’environ 5%, avec un ralentissement plus marqué à partir du deuxième semestre.
Source des données : autorités portuaires, articles de presse - *Estimation ; **Résultats du Piraeus Container Terminal (Source : Cosco)
Les ports du range Nord dominent toujours le jeu, trustant notamment les trois premières places du podium. Le Top 3, qui représente 56% du trafic total du Top 10, reste inchangé par rapport à 2021 : Rotterdam devance son voisin belge Anvers, désormais fusionné avec Zeebrugges, ainsi que le port allemand de Hambourg. Tous trois ont connu un déclin dans les proportions assez similaires, aux alentours de 5%.
L’analyse détaillée des chiffres de Rotterdam apporte un éclairage intéressant sur les facteurs qui ont influencé l’évolution du trafic en 2022. Le trafic exprimé en tonnes a chuté de 9,6%, contre une baisse de 5,5% en nombre de conteneurs. "La différence s’explique par une forte augmentation des arrivées de conteneurs pleins en provenance d'Asie au cours des neuf premiers mois de l'année, en raison de la forte demande de biens de consommation. Dans le même temps, les exportations ont baissé et beaucoup plus de conteneurs vides ont été réexpédiés", indique l’autorité portuaire. Autrement dit, durant une bonne partie de l’année 2022, le premier port européen a continué à souffrir des perturbations logistiques qui ont commencé en 2021, engendrant une congestion des terminaux et des centres de distribution au sein du port et dans l’hinterland. "Le fret en transbordement, en particulier, s'est donc déplacé vers d'autres ports où la capacité était encore disponible", estime l’autorité portuaire. Ensuite, au 4è trimestre, le ralentissement de l’économie mondiale a commencé à avoir un impact sur les flux. Mais pour l’autorité portuaire de Rotterdam, la principale explication du déclin de 2022 réside dans la guerre en Ukraine et les sanctions qui ont suivi à l'encontre de la Russie. Avant la guerre, plus de 8 % (en EVP) du trafic de conteneurs de Rotterdam était lié à la Russie. "Rotterdam détenait une part de marché de 40 % dans ce trafic. Ces volumes ont pratiquement disparu après le mois de mars", souligne le port dans un communiqué. Un argument également mis en avant par Anvers ou par Brême/Bremerhaven, 4è port du range nord présent dans ce Top 10.
Sur la façade méditerranéenne, l’Espagne se distingue toujours avec trois ports dans le Top 10. Toutefois, l’année a été difficile pour Valence, qui a notamment subi un déclin important de l’export de conteneurs plein et surtout du trafic de transbordement, en baisse de près de 17%. Les deux autres ports espagnols du Top 10, Algésiras et Barcelone, réalisent une bonne performance en enregistrant une quasi-stabilité du nombre de conteneurs. La concurrence de l’autre rive de la Méditerranée est pourtant sévère. Tanger Med poursuit sa croissance, avec une progression de 6% en 2022 qui porte le trafic du port marocain à 7,6 millions d’EVP. Dans le Top 10 européen, seul Gioia Tauro fait mieux, avec une croissance estimée à 7,1%. Le Pirée, en revanche, les chiffres disponibles à ce stade laissent entrevoir un recul significatif que l’on peut attribuer aux difficultés économiques et aux soubresauts engendrés par la politique Zéro Covid de la Chine. Enfin, hors Top 10, signalons la performance très honorable du port de Marseille qui, avec une progression de 3%, atteint les 1,53 M EVP et bat ainsi un nouveau record.
L’analyse des résultats 2022 des ports des États-Unis démontre de façon éclatante les déboires de la côte Ouest, confrontée une bonne partie de l’année à des problèmes de congestion. Les 4 principaux ports de la côte Ouest enregistrent un trafic cumulé de 24,8 M EVP, en baisse de 5,6%, alors que les quatre principaux ports de la façade Est voient leur trafic bondir de 4,8% à 21,9 M EVP. Globalement, si l’on additionne les chiffres des 10 principaux ports des États-Unis, on constate une stabilité quasi-parfaite du trafic avec un total cumulé de 51,9 millions d’EVP, contre 52 millions en 2021.
Source des données : autorités portuaires - * Année fiscale 2022 (1er octobre 2021-30 septembre 2022)
Bien sûr, si l’on cumule les résultats de Los Angeles et de Long Beach, la place californienne reste de loin la porte d’entrée n°1 des États-Unis. Mais lorsque l’on considère séparément les résultats des deux établissements, on remarque qu’en 2022, New York / New Jersey parvient à s’immiscer entre les deux sur le podium. Le port n°1 de la Côte Est a très clairement bénéficié de la congestion sévère qui a frappé les ports californiens. Une situation qui ne s’est résorbée qu’en fin d’année.
Cette bascule des flux ne se ressent pas seulement dans le Top 3, comme le montrent les résultats de Savannah et Norfolk, ou la croissance encore plus spectaculaire de Houston.
Les 10 premiers ports chinois ont enregistré un trafic cumulé de 212,8 M d’EVP en 2022, soit une croissance de 4,7% par rapport à 2021. C’est une performance surprenante, compte tenu des confinements qui ont émaillé l’année en Chine, en raison de la politique Zéro Covid. Ces restrictions ont affecté la production des usines, mais aussi parfois le fonctionnement de certains établissements portuaires. La croissance globale peut peut-être s’expliquer par le fait qu’en début d’année, la dynamique économique était encore très favorable.
Source : ministère chinois des Transports
Les résultats de Shanghai illustrent cependant les aléas de 2022. Le port connaît une modeste progression de 0,6%, sans que cela ne remette en cause sa place très dominante de n°1 mondial, largement devant Singapour. Shanghai a été confronté à des périodes de confinements qui ont pesé sur sa croissance. Il se peut que cela explique en revanche en partie la bonne performance de Ningbo, car certains flux ont pu être alors redirigés.
Un autre port s’illustre dans le Top 10 de 2022 : Beibu Gulf. Il enregistre la plus forte croissance du Top 10, celle-ci étant portée par le développement du commerce entre la Chine et l’Asie du Sud-Est. Le Top 10 lui-même reste quasiment inchangé, si ce n'est que le port de Yingkou en est sorti, remplacé par celui de Liangyungang.