Le transport routier démontre plus que jamais son importance stratégique. En ces temps d’épidémie de coronavirus, il est capital que le secteur puisse jouer son rôle et garantir la bonne marche des chaînes d’approvisionnement, notamment pour des produits essentiels comme l’alimentation et le matériel médical, rappelle l’IRU dans un communiqué publié le 13 mars. Mais le défi est énorme. En Italie, en France, en Allemagne et ailleurs en Europe, les chauffeurs routiers sont les victimes de règles et restrictions décidées par les gouvernements dans une certaine précipitation.
La crise du Covid-19 génère fort logiquement de l’anxiété parmi toutes les populations européennes qui se ruent dans les magasins pour faire des réserves. Cet emballement pour les pâtes, le riz ou bien le papier toilette crée des ruptures de stocks dans la chaîne d’approvisionnement que des hommes et des femmes viennent combler.
Ils sont chauffeurs routiers, caristes, préparateurs de commandes... Tous font des heures supplémentaires dans des conditions que nous savons difficiles, pour répondre à une pénurie créée par le comportement des consommateurs et non par un déficit de production.
Malgré des appels au calme tels que celui lancé par Michel-Édouard Leclerc, le patron des magasins de Leclerc, garantissant et montrant que les entrepôts sont pleins, rien n’y fait. Rationnement ou augmentation des prix pour des quantités irrationnelles sont des solutions à mettre rapidement en place.
Cette débauche d’énergie pour réapprovisionner les rayons vidés de façon insensée doit cesser car augmenter prématurément l’intensité de travail des forces de la Supply Chain est nocif à moyen terme.
David Bray, directeur des Transports Bray, a apporté un témoignage édifiant sur la dégradation des conditions de travail, dans un article posté sur Linkedin :
La situation déplorable de travail des chauffeurs routiers décrite par David Bray est confirmée dans de nombreux journaux non seulement en France mais également ailleurs en Europe (en Italie, en Espagne et en Allemagne notamment).
En Italie et en France, l’absence de solution de restauration des chauffeurs est un problème qui, additionné aux autres, les démotive.
Dans El Mundo, Francisco Aviles, chauffeur résidant à Murcie (Espagne), décrit les conditions effroyables actuelles de travail de chauffeur.
En Allemagne, Dirk Engelhardt, président du Bundesverband Güterkraftverkehr Logistik und Entsorgung (BGL), fait un appel à l’État pour créer des centres d’urgence pour les chauffeurs (restauration, douche, etc.), assouplir les règles, apporter des aides financières et procéder à la garde d'enfants pour les chauffeurs de camion.
Les États ont été manifestement pris de court mais commencent à s’organiser. En France, un arrêté paru au JO du 20 mars vient ainsi préciser les modalités d’application des mesures "barrières" lors d’une opération de transport de marchandises, à la fois à bord des véhicules et dans les entrepôts. Les personnels doivent pouvoir disposer de points d’eau avec savon et serviettes à usage unique ou de gel hydro-alcoolique. Autre point important : la remise et la signature des documents de transport sont réalisées sans contact entre les personnes. Enfin, dans ans le cas de livraisons à domicile, les chauffeurs, après communication avec le destinataire ou son représentant, laissent les colis devant la porte en mettant en œuvre des méthodes alternatives qui confirment la bonne livraison et ne récupèrent pas la signature du destinataire (pour plus de détail, voir le point II de l’article 7ter de l’arrêté).
Le cri d’alarme de nos chauffeurs routiers commence à être entendu.
Ils sont la cheville ouvrière de notre système économique et sociétal. C’est grâce à eux que nous allons vivre le confinement dans des situations somme toute correctes.
Il est légitime de leur accorder le droit à l’hygiène, à la santé, à la protection pour eux-mêmes et leurs proches, à la restauration et au-dessus de tout, leur témoigner notre gratitude et notre respect.