La lettre de voiture électronique, dite "e-cmr", séduit de plus en plus de pays. Elle permet une diminution des coûts et une accélération des processus administratifs de transport et de facturation.
Avant d’écrire cet article, j’ai visionné quelques dizaines de vidéos sur YouTube de chauffeurs routiers traitant de leur vie professionnelle. Le tracteur et son confort, l’amplitude de travail, l’attente aux chargements/déchargements, la relation client, les accidents sur la route, les incivilités et la restauration sont couramment relatés. Mais jamais la rédaction du contrat du document qui scelle le contrat de transport entre les protagonistes n’est mentionnée ! La rédaction d’une lettre de voiture ou d’un document CMR ne semble pas être une passion pour les chauffeurs européens…
Un travail fastidieux
Il faut bien avouer que compléter tous les éléments est fastidieux. Si l’on considère qu’une adresse de livraison comporte un nom, un numéro, un nom de rue, une ville, un code postal et un pays, cela fait déjà 6 éléments à mentionner.
Si l’on ajoute les autres adresses, la description détaillée de la marchandise, les heures et dates de départ et d’arrivée, cela fait plus de 70 éléments en moyenne à renseigner. En n’oubliant pas d’appuyer fort sur le stylo bille… car il faut absolument que la quatrième copie carbone soit également lisible.
Chacun des feuillets du document sera tamponné puis aura sa propre vie chez l’expéditeur, le réceptionnaire, le transporteur, etc… Il finira vraisemblablement archivé, aux côtés de nombreux congénères.
Une voie royale pour la digitalisation
Pourtant, la lettre de voiture est la preuve de la réalité du transport et déclenche dans la plupart des cas sa facturation. Les éléments de réserves au départ ou à l’arrivée sont généralement les seuls pouvant amener à contestation. En résumé, il existe un décalage majeur entre la valeur règlementaire et administrative de la lettre de voiture et le ressenti opérationnel et pratique du chauffeur routier.
Il y a donc une voie royale pour la digitalisation de ce processus envisagé sous le prisme du chauffeur seul. Le pré-remplissage des données du contrat de transport (telles que adresses, horaires, informations sur la marchandise, sur la facturation) apporte confort et gain de temps pour le chauffeur qui se concentre sur le contrôle de la marchandise.
Cet argument est pourtant relativement peu utilisé par les partisans de l’e-cmr. Ils mettent généralement en avant les réductions de coûts (entre 3 et 4 fois moins élevés) grâce à l’augmentation de la productivité administrative et à l’archivage numérique, ainsi que les gains en termes de rapidité d’exécution grâce au temps réel qui facilite l’information et la facturation.
Des réticences subsistent
Il existe toutefois quelques points défavorables qui montrent que l’e-cmr est au milieu du gué : ceux qui n’ont pas encore fait le choix attendent d’être sûrs que l’e-cmr soit la bonne solution pour se lancer.
Premièrement, tous les pays en Europe n’ont pas encore signé le protocole : l’Allemagne, par exemple, hésite depuis 2008 mais a lancé un pilote avec la République tchèque, la Roumanie, la Grèce et la Serbie. Cependant, parce qu’un seul transporteur allemand est impliqué dans le pilote, les résultats seront très certainement peu représentatifs.
Deuxièmement, la validation électronique des documents exige des équipements digitaux pour le chauffeur, pour l’expéditeur et le destinataire. Cette contrainte peut être levée par le biais de l’utilisation d’un smartphone seulement par le chauffeur, avec une signature dite sur écran, mais cette procédure est en dehors du protocole additionnel ratifié.
En conclusion :
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