Selon l’Association du transport aérien international (IATA), la demande mondiale de fret aérien mesurée en tonnes-kilomètres a progressé de 4,1 % sur un an en octobre 2025, atteignant un nouveau record historique pour un mois d’octobre. Le trafic international fait encore mieux (+4,8 % en glissement annuel).
* FTK : tonnes‑kilomètres de fret – Source des données : IATA.
Cette hausse prolonge une série de huit mois consécutifs d’expansion et confirme le bon niveau de la saison haute, porté par l’électronique, la pharma et les flux e‑commerce.
Cependant, l’analyse par région montre que la dynamique est tout sauf uniforme. Les compagnies africaines signent la plus forte croissance (+16,6 %), suivies par leurs homologues de l’Asie‑Pacifique (+8,3%). Les compagnies d’Europe et du Moyen-Orient progressent plus modérément, avec des hausses respectives de 4,7 % et 5,8 %. Et sur le continent américain, les compagnies ne profitent pas de la trajectoire positive, puisque celles d’Amérique du Nord reculent de 1,9% et celles d’Amérique latine de 2,5 %.
L’évolution détaillée par grands axes de trafic reflète aussi les disparités de croissance. Le mois d’octobre confirme notamment la redirection des flux stimulée par les barrières douanières américaines.
→ L’axe Asie–Amérique du Nord affiche un repli de 1,4% en octobre en glissement annuel. La baisse est moins prononcée qu’en septembre (-3,5%), mais en cumul annuel sur dix mois à fin octobre, il s’agit bien de la seule route majeure qui enregistre une décroissance (-1,1%). Les lourds droits de douane imposés à la Chine produisent leurs effets.
→ À l’inverse, le corridor Asie-Europe s’illustre par une croissance à deux chiffres en octobre (+11,7%) et en cumul annuel (+10,6%). Cette évolution témoigne d’un report des flux chinois vers le marché européen, confirmé par les chiffres globaux du commerce extérieur chinois.
→ La politique américaine accélère également la stratégie de diversification des entreprises en matière de sourcing, notamment vers d’autres pays d’Asie que la Chine, ce qui favorise le développement des flux intra-asiatiques et profite au fret aérien. En octobre, le trafic intra-Asie a augmenté de 9,0%, et la croissance s’élève à 9,4% en cumul annuel.
→ Le marché transatlantique reste en croissance, avec une progression de 2,6% en octobre. Cependant, la tendance est au ralentissement. En début d’année, les importateurs américains ont anticipé les commandes en prévision de l’instauration des droits de douane, ce qui a stimulé l’activité de fret aérien (+7,6% en moyenne durant les trois premiers trimestres). Maintenant que le cadre commercial entre les États-Unis et l’Union européenne semble à peu près stabilisé, le marché retrouve un rythme de croisière.
En cumul annuel sur la période allant de janvier à octobre 2025, la demande mondiale est en hausse de 3,3 % et le trafic international de 4,0 %.
* FTK : tonnes‑kilomètres de fret – Source des données : IATA.
La capacité (ACTK) a augmenté de 5,1 % en octobre en glissement annuel, soit un point de plus que la croissance des volumes. En conséquence, le coefficient de remplissage cargo ressort à 47,1 %, en repli de 0,5 point sur un an.
La dynamique est d’abord tirée par les capacités disponibles en soute des avions passagers, en progression de 6,4% en octobre en rythme annuel. Elles représentent 54,3 % de l’offre internationale total sur la période janvier‑octobre, contre 53,7 % en 2024. Les capacités disponibles à bord des avions tout‑cargo ont aussi augmenté de 6,4 %, mais leur part recule de 1,3 point dans l’offre totale, principalement en raison de la faiblesse du trafic sur le corridor transpacifique. Cet axe, qui drainait près de 55 % de l’offre en 2024, ne pèse plus qu’un peu plus de 51 % (dont 84% fournie par les avions cargos contre 87 % un an plus tôt). Afin de s’adapter à la redirection des flux, les compagnies aériennes ont en effet redéployé une partie de leur flotte tout cargo vers d’autres routes, en particulier l’Europe-Asie (+21,4%) et l’Europe-Amérique du Nord (+12,4 %).
L’augmentation de l’offre supérieure à la demande exerce une certaine pression sur les prix. La recette unitaire moyenne a reculé pour le 6è mois consécutif, se repliant de 4,7 % en octobre en glissement annuel. La baisse des prix du carburant durant quatorze mois a réduit les surcharges carburant, ce qui a fait tomber la recette unitaire moyenne à 2,46 USD/kg.
Les données Upply montrent une croissance modérée des prix en glissement mensuel sur l’Intra-Asie, l’Asie-Europe, et l’Amérique du Nord-Europe, témoignant d’un frémissement sur les grands axes alors que s’amorce la saison haute. Mais en glissement annuel, le mouvement est globalement orienté à la baisse.
Source : Upply
Les indicateurs macroéconomiques restent globalement porteurs, mais toujours incertains.
Le trafic devrait continuer à progresser dans des proportions raisonnables durant la période de fin d’année, portée par la demande propre à cette période et par les opérations commerciales comme le Black Friday qui nourrissent un type de demande favorable au fret aérien.
Pour le début de l’année 2026, les prévisions sont beaucoup plus prudentes. Au premier trimestre, la croissance par rapport à 2025 sera d’autant plus limitée que le premier trimestre 2025 a bénéficié d’un fort effet d’anticipation des commandes avant l’arrivée annoncée des droits de douane additionnels américains.
D’autre part, l’Union européenne pourra difficilement continuer à voir se creuser son déficit avec la Chine sans réagir. Les initiatives sont encore timides, mais lors du conseil des Affaires économiques et financières du 13 novembre, les ministres des Finances de l’Union européennes se sont par exemple mis d’accord pour supprimer l’exemption de droits de douane sur les colis d’une valeur inférieure à 150 €, et sur la nécessité de trouver une solution temporaire pour pouvoir appliquer des taxes sur ces expéditions dès 2026.