La demande mondiale de fret aérien, exprimée en tonnes-kilomètres, enregistre une nouvelle hausse au mois de février en glissement annuel, même si l’on est loin des taux de croissance constatés fin 2021. Selon les chiffres de l'Association internationale du transport aérien (IATA), le trafic a progressé de 2,9% en février 2022 par rapport à février 2021.
Si l’on prend en considération les deux premiers mois de l’année pour tenir compte de l’impact du Nouvel An chinois, plus précoce cette année, on constate une augmentation de la demande de 2,7% en glissement annuel et un repli de 1,7% par rapport à décembre 2021. Au départ d’Asie, il a fallu attendre la 2ème quinzaine de février pour que le dynamisme revienne, lorsque l’activité a repris dans les usines chinoises après les fermetures traditionnelles du Nouvel An.
* FTK : tonnes-kilomètres de fret – Source des données : IATA - © Upply
Le début d’année se révèle donc plutôt calme sur le front des volumes. Mais il s’accompagne d’une bonne résistance des taux de fret, en particulier sur les corridors intra-Asie et Asie-Europe, où les niveaux tarifaires restent toujours très supérieurs à l’an dernier, et encore plus à la période pré-pandémique.
On constate également un rebond significatif sur l’axe Europe-Amérique du Nord. On peut y voir un lien avec les difficultés qui commencent à toucher le transport maritime sur cet axe.
Les ports de la côte Est font aujourd’hui face à un afflux massif de marchandises asiatiques transitant via le Canal de Panama pour échapper à la congestion des ports de la Côte Ouest. Résultat : ils sont à leur tour rattrapés par ce phénomène de congestion, et l’option aérienne peut donc devenir pertinentes pour certains chargeurs compte tenu des délais additionnels.
Source : Upply
Cette résistance des taux de fret est d’autant plus remarquable que la croissance du trafic a été moins rapide que celle des capacités. En février 2022, l’offre progresse de 12,5% en glissement annuel (et de 8,9% pour les opérations internationales). Globalement, le coefficient de remplissage est en repli de 0,9 point par rapport à janvier 2022 et de 4,3 points par rapport à février 2021.
Cependant, "la capacité reste limitée par rapport aux niveaux d'avant COVID-19, puisqu'elle est inférieure de 5,6 % à celle de février 2019", rappelle l’IATA. À l’international, l’offre a bien augmenté de 21,4 % en glissement annuel en février à bord des avions de passagers, mais la capacité tout cargo est restée inchangée par rapport à février 2021. "Un résultat relativement faible qui s'explique en partie par la perte de capacité en Russie et en Ukraine et par les perturbations liées à Omicron en Asie", estime l’IATA.
Effectivement, le conflit en Ukraine, déclenché le 24 février, n’a pas produit d’effet majeur sur les volumes mensuels, mais l’impact sur les capacités a été immédiat. En données corrigées des variations saisonnières, les capacités déployées sur la route Asie-Europe - l'une des plus touchées par le conflit - ont baissé de 2% en février.
Cette tendance est confirmée par les premiers chiffres révélés par l’IATA sur l’évolution de la situation en mars : "les vols tout cargo entre l'Asie et l'Europe ont baissé pour atteindre fin mars un niveau inférieur de 17% à celui de l'année précédente".
L’industrie du fret aérien entre à nouveau dans une période de grandes incertitudes.
Évidemment très tributaire de la conjoncture économique mondiale, l’industrie du fret aérien, comme celle du transport maritime, devra encore patienter pour entrevoir une certaine normalisation. Les clients payent aujourd’hui cette incertitude au prix fort.