En juillet, selon les dernières données publiées par l’Association du transport aérien international (IATA), la demande mondiale de fret aérien mesurée en tonnes-kilomètres reste encore en-deça du niveau de 2019, avec un repli de 13,5%. Mais le fossé se réduit (-17,6% en juin), et en données corrigées des variations saisonnières, le trafic en tonnes-kilomètres transportées augmente de 2,6%, après une hausse de 3% en juin.
L’IATA juge néanmoins ces résultats un peu décevants, compte tenu de l’amélioration constatée sur le front de l’économie. Les indices PMI de IHS Markit révèlent en effet un rebond, notamment en matière de production manufacturière et de commandes à l’export. Mais la corrélation historiquement constatée entre ces paramètres et l’évolution de la demande de fret aérien ne se vérifie pas. Un phénomène que l’IATA attribue au moins partiellement aux contraintes qui pèsent sur les capacités.
En juillet, les capacités cargo sont encore inférieures de 31,2% à ce qu’elles étaient en juillet 2019. C’est à peine mieux qu’en juin. Le secteur souffre d’un programme de vols passagers qui reste squelettique. Ainsi, la capacité cargo disponible à bord des avions passagers affiche un repli de 70,5% en juillet par rapport à la même période de l’année précédente. Un déficit qui n’est que partiellement compensé par la hausse de 28,8% des capacités cargo. "Si les frontières restent fermées, les voyages limités et les flottes d’avions passagers clouées au sol, la capacité du secteur du fret aérien à soutenir l’économie mondiale sera mise à mal", estime Alexandre de Juniac, directeur général et CEO de l’IATA.
Dans ce contexte, les taux de fret continuent globalement à descendre ou à se stabiliser après avoir flambé au plus fort de l’épidémie de la Covid-19. Mais ils restent à des niveaux élevés comparés à la même période de 2019, et se remettent même à croître sur certains axes, comme l’illustrent nos données Upply. Les éléments provisoires pour le mois d’août semblent confirmer la stabilisation.
Source : Upply
Le détail géographique des évolutions de trafic publiées par l’IATA montre que sur les principaux marchés mondiaux du fret aérien, l’Europe reste celui où la demande reste la plus faible en juillet, avec un repli de 22,4% à l’international. Dans le même temps, l’Asie/Pacifique recule de 15,3% et l’Amérique du Nord de 5,4%. La bonne performance des transporteurs nord-américains est alimentée par la forte demande sur le transpacifique, "qui reflète elle-même le dynamisme du commerce électronique au profit de produits fabriqués en Asie", précise l’IATA.
Les compagnies du Moyen-Orient confirment le redressement constaté en juin, avec un recul de la demande internationale de 14,9%, contre -19% le mois précédent. En données corrigées des variations saisonnières, elles affichent une augmentation de 7,2%, la plus forte de toutes les régions.
La situation reste en revanche catastrophique pour les transporteurs l’Amérique latine. En juillet, la chute s’aggrave (-32,1% contre -28,6% en juin), et pour la première fois depuis 1990, date à laquelle l’IATA a commencé à publier ce type de statistiques régionales, le marché du fret aérien d’Amérique latine est inférieur à celui de l’Afrique. Servies par la bonne santé de l’axe Asie-Afrique, les compagnies africaines peuvent se targuer de la plus faible baisse en juillet, puisque l’érosion de la demande internationale par rapport à la même période de 2019 se limite à 3%.