Market Insights

Fret aérien mondial : onze mois consécutifs de baisse

Rédigé par Anne Kerriou | 18 novembre 2019

Les volumes mondiaux de fret aérien accusent une chute de 4,5% en septembre 2019 par rapport à la même période de 2018, révèlent les données de l’Association du transport aérien international. L’IATA entrevoit désormais un plateau mais le contexte économique et géopolitique laisse planer des incertitudes.

"La plus longue période de déclin depuis la crise de 2008" : c’est le constat que fait l’IATA pour le fret aérien mondial à la lumière des chiffres de septembre 2019. Les volumes transportés par les compagnies aériennes, exprimés en tonnes-kilomètres, enregistrent en effet un 11è mois consécutif de baisse. Le repli s'élève à 4,5% par rapport à septembre 2018. Parallèlement, les capacités ont augmenté de 2,1% en septembre, engendrant une croissance de l’offre supérieure à celle de la demande pour le 17è mois consécutif.

Cette morosité se reflète dans l’évolution des prix. Selon les tendances observées dans la base de données Upply, le marché est orienté à la baisse au mois de septembre sur la quasi-totalité des corridors.

Un environnement économique toujours difficile

En données corrigées des variations saisonnières, une lueur d’optimisme apparaît : l’essentiel de la chute est intervenu fin 2018 et début 2019, et l’érosion semble désormais avoir atteint un plateau. Si cette tendance se confirmait, les volumes de fret aérien pourraient renouer avec une évolution positive début 2020.

Mais l’IATA reste prudente, car plusieurs indicateurs sont à l’orange, voire au rouge :

  • Les prévisions de croissance des commandes à l’export, dans le secteur manufacturier, restent négatives en septembre malgré une légère amélioration. Or historiquement, cet indicateur a montré une corrélation avec l’évolution des volumes de fret aérien.
  • La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine reste vive. À cela s’ajoutent les tensions entre le Japon et la Corée qui, selon l’IATA, influencent aussi négativement les échanges.
  • Conséquence de cette guerre économique et des augmentations de droits de douane, le commerce mondial se détériore. Début octobre, l’Organisation mondiale du commerce a nettement réajusté à la baisse ses prévisions, tablant désormais sur 1,2% de croissance contre 2,6% jusque-là.

Les grands marchés mondiaux toujours à la peine

Le détail par grandes régions du monde, concernant l’évolution des volumes de fret aérien au mois de septembre 2019, montre que ce sont l’Afrique et l’Amérique latine qui s’en sortent le mieux. Mais ces marchés ne représentent qu’une très faible part du trafic mondial. D’autre part, en Amérique latine, si l’on exclut les flux domestiques, les volumes sont en repli de 3,1% en septembre.

L’Asie-Pacifique, principal marché mondial, reste à la peine. La région a été la première à entrer dans la spirale du déclin à partir de novembre 2018, et la faiblesse persiste. De plus, ces dernières semaines, les mouvements de protestation à Hong Kong ont entraîné des perturbations dans les opérations aériennes qui ont encore compliqué la tâche des compagnies.

L’évolution en Amérique du Nord reflète les conséquences de la guerre économique et du déclin des commandes à l’exportation, même si la chute ralentit un peu en septembre comparé au mois d’août. En données corrigées des variations saisonnières, l’IATA souligne qu’à l’international, la tendance baissière constatée entre le troisième trimestre 2018 et le premier trimestre 2019 a été enrayée.

En Europe aussi, les données corrigées font apparaître un arrêt du déclin. Les volumes bruts restent cependant en repli. La zone est notamment confrontée à la faiblesse de certaines grandes économies comme l’Allemagne et le Royaume-Uni, avec en toile de fond les incertitudes du Brexit.

Le Moyen-Orient, enfin, après avoir connu pendant des années des taux de croissance flamboyants, accuse la plus forte baisse en ce mois de septembre 2019. Cette zone enregistre "le pire résultat depuis la crise financière mondiale et le sixième mois consécutif de baisse des volumes", relève l’IATA.