La date du 15 décembre, fixée comme échéance par la Chine et les États-Unis pour conclure un accord préliminaire dans leur guerre commerciale, approche à grands pas. Une absence d'accord signifierait une nouvelle série de droits de douane supplémentaires de 15% sur 156 milliards de dollars de biens chinois, principalement des biens de consommation, la part de la Chine sur ce marché représentant 75% du total des importations américaines. Cela signifierait également 5% à 25% de tarifs douaniers sur les automobiles et les pièces automobiles entrant en Chine en provenance des États-Unis.
Toutefois, une troisième option est à l'ordre du jour. Le vendredi 13 décembre, le président Trump a approuvé sur le principe un accord préliminaire qui ouvre la voie à une trêve dans la guerre commerciale entre les deux grandes puissances économiques. Pour l'instant, aucun détail de cet accord n'a filtré. On sait simplement que les nouveaux droits de douane ne devraient pas être appliqués, et que les États-Unis pourraient réduire certains droits de douane déjà en vigueur. En retour, la Chine s'engagerait à acheter des produits agricoles chinois et apporterait des réponses sur d'autres problèmes structurels, comme les droits de propriété intellectuelle.
Cet accord préliminaire pourrait contribuer à apaiser les craintes du marché. Certes, il ne garantit pas la conclusion d'un accord définitif. Il reste des sujets extrêmement difficiles à traiter, et d'autre part, il ne faut pas perdre de vue les incertitudes que font peser les tensions politiques entre les deux pays.
L'impact de ces tensions pourrait toutefois rester limité. On note en effet que la Chine montre une nette tendance à dissocier les négociations commerciales des tensions politiques avec les États-Unis. En réponse à la signature par Trump du projet de loi sur les droits de l'homme de Hong Kong le 27 novembre dernier, la Chine a riposté par des sanctions contre les ONG américaines et la suspension des visites de la marine américaine à Hong Kong, mais n'a pas touché aux tarifs.
Au cours des trois derniers mois, la Chine a envoyé des signaux fréquents qui montrent sa volonté de conclure un accord commercial avant l'entrée en vigueur des tarifs douaniers. Le 24 novembre, le gouvernement chinois a annoncé un plan visant à renforcer la protection des droits de propriété intellectuelle, ce qui est au cœur des négociations commerciales. Pékin a annoncé qu'il renonce aux droits de douane sur le soja et le porc américains, et ainsi augmenter l'importation de produits agricoles américains, un autre sujet critique dans les négociations. Les achats chinois de soja en provenance des États-Unis ont considérablement augmenté au cours des derniers mois, avec un pic en septembre, le plus haut niveau des deux dernières années.
S'agissait-il d'une tactique pour aboutir à un accord préliminaire ou d'une tendance qui va se confirmer après cet accord ? La question reste pour l'instant en suspens.
Figure 1: Source de données : Administration générale des douanes de la République Populaire de Chine et base de données Bloomberg
Il est vital pour la Chine de parvenir à un accord pour faire face au ralentissement économique qui se poursuit. La guerre commerciale a gravement endommagé l'industrie manufacturière chinoise, tournée vers l'exportation : les commandes sont maintenant en repli depuis 18 mois consécutifs (figure 2).
Figure 2 - Source de données : Bureau chinois des statistiques
D'autre part, la conclusion de l'accord préliminaire pourrait la volonté de Trump d'appliquer des droits de douane supplémentaires à l'encontre d'autres partenaires commerciaux. Cela est particulièrement vrai pour l'UE. Récemment, le président américain a clairement fait monter les tensions commerciales avec l'UE, et en particulier avec la France. Suite aux récents droits de douane de 750 millions de dollars appliqués sur des produits européens en représailles aux subventions d'Airbus, les États-Unis ont menacé d'imposer des droits de 100 % sur le fromage, le vin et d'autres produits français, en réponse à la taxe française sur les services numériques. Lors du récent sommet de l'OTAN, la menace de sanctions commerciales a été utilisée comme levier par les États-Unis dans le but de forcer leurs homologues européens à réévaluer leurs contributions à l'OTAN. Cette stratégie ne concerne pas seulement l'UE, puisque Trump a également annoncé qu'il rétablirait les droits de douane sur les produits sidérurgiques en provenance du Brésil et d'Argentine, qui sont des fournisseurs de soja utilisés comme alternative aux États-Unis par la Chine.
À l'aube du 15 décembre, alors que l'approbation par Trumps d'un accord préliminaire apporte son lot de promesses, les hauts et les bas des négociations Chine-US démontrent qu'il reste encore bien du chemin à parcourir.