"La Région est pro-business et pro-logistique. Je me fais l’avocat de ce secteur pourvoyeur et créateur d’emplois. Il faut que les élus aient un regard positif, mais nous demandons aussi aux acteurs de nous aider". En s’exprimant ainsi dans un message vidéo adressé aux adhérents d’Union TLF et de l'OTRE à l’occasion de leurs assemblées générales respectives en juin dernier, Xavier Bertrand manifestait une nouvelle fois l’importance qu’il accorde à ce secteur. Qu’il s’agisse de défendre des grands projets comme le Canal Seine Nord, qui vient de recevoir un soutien essentiel de la Commission européenne après avoir un temps été menacé d’abandon, ou de soutenir les transporteurs routiers dans leur opposition à un éventuel retour de l’écotaxe, le président de la Région Hauts-de-France donne de la voix.
Un carrefour stratégique
Issus du rapprochement des régions Picardie et Nord-Pas de Calais, les Hauts-de-France bénéficient d’une situation géographique exceptionnelle, à la fois au cœur des échanges avec l’Europe du Nord et proche de l’Ile-de-France. Cette position en fait un carrefour stratégique, même si l’élargissement de l’Union européenne à l’Est a peu à peu fait dévier le centre de gravité de l’Europe.
La région est servie par un bon réseau d’infrastructures autoroutières (A1, A29 et A16), mais aussi portuaires, avec notamment Dunkerque et Calais pour les marchandises. Quant au Tunnel sous la Manche, inauguré en 1994, il est devenu un point de passage incontournable pour les flux avec le Royaume-Uni.
Autre atout précieux pour le développement des activités transport et logistique : la région des Hauts-de-France, qui se situent au troisième rang national en nombre d’habitants, est à la fois une zone de production et de consommation, ce qui engendre des flux relativement équilibrés.
Un tissu de PME du transport
Cet environnement est propice au développement des activités transport et logistique, d’ailleurs souvent imbriquées. La région compte environ 3 600 établissements de transport routier, dont les deux tiers dans l’ensemble Nord-Pas-de-Calais et un tiers en Picardie.
Olivier Arrigault, délégué régional de la FNTR, pointe une particularité dans la typologie des entreprises : la forte présence de petites PME. "Les entreprises interrogées dans le cadre de notre dernière enquête annuelle réalisée avec la Banque de France comptaient en moyenne 51 salariés et 42 véhicules. En fait, le potentiel de la région a historiquement attiré les leaders nationaux du transport qui ont implanté des établissements secondaires. Ce mouvement s’est fait au détriment de l’émergence de champions purement locaux, même s’il y a bien sûr quand même quelques grosses entreprises comme le groupe Blondel, implanté en Picardie, qui a racheté Grimonprez en 2018".
Les Hauts-de-France se caractérisent également par l’importance du transit et du cabotage. "Ce ne sont pas seulement les entreprises situées dans la région qui circulent sur nos routes" remarque Stéphana Callari, secrétaire générale de l’OTRE Hauts-de-France. Outre la concurrence des entreprises de transport routier étrangères "classiques", la région a également vu déferler les véhicules utilitaires légers étrangers, "qui ne sont pas soumis à la réglementation sur le chronotachygraphe et se révèlent la plupart du temps en surcharge", regrette Stéphana Callari.
Des flux diversifiés
Plusieurs grandes filières structurent la demande de transport dans les Hauts-de-France, comme l’illustre le tableau des principales filières à l’export et à l’import publié par la Chambre de commerce et d’industrie des Hauts-de-France dans sa synthèse 2018 des chiffres-clefs de la région.
NB : Les dix principaux secteurs à l’export représentent 95,2% du total des exportations régionales et les dix principaux secteurs à l’import représentent 85,4% du total des importations régionales.
Source : CCI Hauts-de-France / Douanes
La région est encore assez largement tournée vers l’industrie. "Le secteur automobile et l’industrie ferroviaire viennent de connaître de belles années. En revanche, certains pans de l’industrie lourde, qui se concentraient principalement sur un territoire allant de Valenciennes et Maubeuge jusqu’à la frontière belge, ont traversé de grandes difficultés. On l’a senti auprès de notre population d’adhérents. Les entreprises de transport ont dû se diversifier, et certaines ont malheureusement disparu", raconte Olivier Arrigault.
Un peu moins représentées que les Hauts-de-France dans l’industrie, la Picardie peut néanmoins s’appuyer sur un certain nombre de filières, comme le verre ou encore l’agro-alimentaire. Sur ce dernier point, la région profite d’une forte présence dans la production agricole (notamment la betterave et la pomme de terre), qui en tant que telle nourrit également les flux de transport.
Bien évidemment, les Hauts-de-France sont aussi connus pour la présence de la grande distribution, avec des enseignes historiquement implantées dans la région, comme Auchan ou Décathlon, mais aussi des activités logistiques développées par de nouveaux groupes comme Amazon qui tirent la demande de transport.
Toutes branches confondues, les Hauts-de-France bénéficient d’ailleurs d’un écosystème logistique assez dense, grâce à leur position géographique privilégiée. Selon l’Atlas des entrepôts et des aires logistiques réalisé en 2015 par le Service de l’Observation et Statistiques du ministère des Transports, la région comptait à l’époque 630 entrepôts et plates-formes logistiques de plus de 5 000 m², d’une surface moyenne de 20 100 m². Les derniers chiffres disponibles montrent que le succès ne se dément pas. Avec plus d’un million de mètres carrés, l’immobilier logistique représente près du tiers des surfaces de plancher autorisées dans la région en 2018, affichant une croissance de 25,3% par rapport à l’année précédente. "Cette activité se concentre en particulier dans les zones d’emploi de Lens-Hénin, d’Arras et d’Amiens", précise l’Insee dans son bilan économique régional 2018.
L’économie des Hauts-de-France s’appuie enfin sur les activités du littoral, avec les ports de Dunkerque et Calais qui nourrissent notamment les flux liés aux importations et exportations, ainsi que Boulogne-sur-Mer pour la pêche.
Une activité portée par des grands groupes
Les filières majeures de la région Hauts-de-France sont portées le plus souvent par de grands groupes industriels et/ou internationaux. "Les exportations sont d'ailleurs particulièrement influencées par la présence de ces groupes", souligne la CCI. Effectivement, les flux sont portés par de grands noms comme Décathlon, Promod, Toyota, Arc, Saint-Gobain, etc…
Source : CCI Hauts-de-France / Douanes
L’Allemagne et la Belgique en tête des échanges internationaux
En dehors des flux hexagonaux (voir notre article sur la conjoncture actuelle du transport routier dans les Hauts-de-France), la Région a pour principaux partenaires commerciaux des pays européens, Allemagne et Belgique en tête. Les États-Unis et la Chine complètent le top 10 à l’export, ajoutés au Japon à l’import, précise la Chambre de commerce et d’industrie des Hauts-de-France.
Source : CCI Hauts-de-France / Douanes