En 2018, le transport routier de marchandises (TRM) en Ile-de-France, hors transit, trafic international et pavillon étranger, a frôlé la barre des 21 milliards de tonnes-kilomètres. Mais la progression de 2,3% constatée par rapport à l’année précédente n’a pas permis de retrouver les niveaux de 2014. Les flux internes ont connu une croissance vigoureuse, pour représenter 20,3% des flux en 2018 contre 16,5% cinq ans auparavant. Les entrées et les sorties, en revanche, affichent un net déclin, bien qu’elles regagnent progressivement du terrain depuis le creux de 2015.
Les données des années 2019 et 2020 ne sont pas encore disponibles. Selon les professionnels, un certain ralentissement commençait à se faire sentir après trois années de reprise en 2019. Il est bien évident que l’épidémie de Covid aura ensuite dramatiquement aggravé la situation. "La région est très dynamique, mais elle a été durement touchée par la crise. Après la première vague du printemps 2020, elle a redémarré plutôt moins vite que d’autres, car des activités comme le tourisme, l’événementiel ou le luxe, très importantes dans l’économie locale, n’ont que partiellement repris", souligne Pauline Martin, déléguée régionale de la FNTR Ile-de-France. "Les transporteurs sont confrontés à de grandes incertitudes quant à l’évolution des volumes au cours des six prochains mois", ajoute Philippe Munier, délégué régional IDF, Centre et Ouest de l’Union TLF.
*en millions de tonnes-kilomètres transportées (hors transit, trafic international et pavillon étranger) - Source : SDES, Enquête Transport routier de marchandises
En volumes, le trafic routier de marchandises en Ile-de-France s’établit à 178 millions de tonnes (Mt) en 2018, ce chiffre concernant le trafic total régional, hors transit, trafic international et pavillon étranger.
Le trafic intra-régional s’élève à environ 100 Mt, en progression de 0,6% par rapport à 2017. Le trafic inter-régional totalise quant à lui 78 Mt, soit une croissance de 8,7% sur un an, qui permet de se rapprocher du pic de 78,4 Mt atteint en 2014. Les quatre principaux partenaires de l’Ile-de-France, à savoir les Hauts-de-France, le Centre-Val-de-Loire, la Normandie et le Grand Est, représentent en cumulé plus de 70% des échanges, dont 30% pour les seuls Hauts-de-France.
Les flux entrants dominent les échanges inter-régionaux, avec un total de 42 Mt en 2018, contre 36 Mt pour les flux sortants.
Source : Service de la donnée et des études statistiques du ministère du développement durable.
Au 31 décembre 2019, selon le rapport régional 2019 de l’OPTL (Observatoire prospectif des métiers et des qualifications dans le transport et la logistique), l’Ile-de-France comptait 21 445 établissements dans le secteur du transport routier de marchandises, dont 16 205 sans salariés. "Le nombre d’établissements des activités Marchandises au sens large a progressé en 5 ans de 12 %, celui des salariés de 15 %", précise l’OPTL. Le groupe Bovis (91), le groupe Delisle (77), Distritec (77), les Transports Prémat (91), Prévoté Transport & Logistique (95) ou Vir (94) constituent quelques-uns des noms emblématiques de la région. "Nos entreprises sont notamment très actives dans les secteurs des travaux publics, de l’alimentaire, du transport de voitures et bien évidemment de la messagerie, qui représente des flux très importants", détaille Pauline Martin.
Les entreprises de 1 à 9 salariés représentent 75% des établissements employant des salariés, contre 23% d’établissements de 10 à 49 salariés et 3% d’établissements de plus de 50 salariés. Ces structures emploient respectivement 23%, 40% et 37% des salariés. La Seine-et-Marne, la Seine-Saint-Denis et le Val d’Oise sont en tête du nombre d’établissements et de salariés, avec en particulier une forte progression de la Seine-et-Marne ces 5 dernières années.
Comme dans toutes les régions, le secteur du transport routier de marchandises en Ile-de-France est confronté à des difficultés de recrutement, en particulier pour les métiers de la conduite, et surtout de fidélisation. "Mais le contexte propre à l’Ile-de-France rend le métier stressant, en particulier pour les métiers du dernier kilomètre", note Pauline Martin.
De même, la pression environnementale y est sans doute un peu plus pressante que dans bien d’autres régions. "Les professionnels travaillent bien évidemment à la mise en place de solution de report modal, en développant par exemple le transport fluvial. Mais le routier assure encore, et de très loin, la majorité des livraisons. La mise en place de zones à faibles émissions va être un enjeu majeur durant les années qui viennent, et un véritable défi car aujourd’hui, 90% de la flotte de poids lourds roule encore au diesel", avertit Philippe Munier.