Le marché européen des immatriculations de véhicules industriels de plus de 3,5 tonnes a franchi la barre des 400 000 à fin octobre 2019 sur 12 mois glissants. Grâce à une progression de 1,1% par rapport à 2018, il a précisément atteint 403 449 unités, selon les chiffres publiés le 16 janvier par l’Observatoire du véhicule industriel (OVI) de BNP Paribas Rental Solutions. "Le taux de progression n’est pas énorme, mais il part d’une base élevée en 2018. Le bilan est donc très satisfaisant : nous sommes à peu près revenus au niveau d’immatriculation que l’on connaissait avant la crise. Conformément à ce qui était prévu, il a fallu dix ans pour s’en remettre. Cette décennie commencée dans la douleur se termine par un haut de cycle", constate Jean-Michel Mercier, directeur de l’OVI.
Malgré le ralentissement de son économie, l’Allemagne reste largement en tête de ce palmarès européen avec une belle croissance de 6,4% qui porte le nombre d’immatriculations de VI de +3,5 tonnes à 100 430 sur 12 mois glissants à fin octobre 2019. La France pointe au deuxième rang avec 57 543 immatriculations (+4,4%), "à 300 unités de son record de 2008", précise l’OVI. Le marché a bénéficié d’un environnement favorable. L’économie française se porte bien, et le transport routier de marchandises a connu son 5ème exercice consécutif de progression des volumes transportés, retrouvant peu ou prou les niveaux de 2010. La Grande-Bretagne complète le podium avec 54 905 immatriculations (+3,3%).
L’Espagne et l’Italie, qui occupent les 4è et 5è places avec tous deux un peu plus de 24 000 immatriculations, accusent en revanche une baisse respective de 3,6% et 7,8%. On observe la même tendance en Europe de l’Est. La zone totalise 68 727 immatriculations, en repli de 6,9%. "La Pologne, qui représente 42% des immatriculations des pays de l’Est, enregistre une baisse de 5%", précise l’OVI.
Pour 2020, l’OVI s’attend à une décrue des immatriculations en France. Une tendance qui s’est d’ailleurs manifestée dès le second semestre de façon marquée, comme le reflètent les chiffres de l’année calendaire. Alors que la croissance à fin octobre sur 12 mois s’établissait à 4,4%, elle se limite à 1,8% de janvier à décembre 2019. L’étude de conjoncture publiée en janvier 2020 par le service Statistiques du ministère des Transports et portant sur le 3è trimestre 202 confirme le diagnostic. "Les ventes de poids lourds neufs chutent fortement au troisième trimestre 2019 (- 26,3 %) après une hausse importante au deuxième trimestre qui s’expliquait par le fait que les acheteurs avaient anticipé l’installation obligatoire à compter du 15 juin 2019 d’une nouvelle génération de chronotachygraphes (des chronotachygraphes "intelligents") dans les véhicules de transport de marchandises et de personnes (…). Les ventes de poids lourds d’occasion sont en progression (+ 7,7 %). À l’inverse du trimestre précédent, ce résultat peut s’expliquer par un report du neuf vers l’occasion, les véhicules anciens n’étant pas soumis à la nouvelle réglementation européenne sur le chronotachygraphe", détaille l’étude.
L’OVI prévoit 49 500 immatriculations en 2020, soit une baisse de 10%. La chute concernera davantage les tracteurs (-15,2% avec 26 000 immatriculations) que les porteurs (-4,4% à 23 500). Elle peut sembler brutale, mais Jean-Michel Mercier n’y voit pas une situation de crise et qualifie même ce repli de "décrue naturelle". "Nous avons atteint un haut de cycle exceptionnel en 2019, et il est probable que 50 000 unités annuelles correspondent au potentiel optimum du marché VI français", estime le directeur.
Le marché des véhicules d’occasion, et notamment des tracteurs, cristallise toutefois quelques inquiétudes. "Plusieurs années consécutives de livraisons de véhicules neufs au plus haut niveau dans un contexte d’accélération de la rotation des parcs suscitent dorénavant une tension dans les circuits de seconde main : augmentation des délais de stockage et pression sur les prix caractérisent ce marché sous tension", précise l’OVI, qui évalue la baisse des prix à 8% en moyenne.
Autre signal d’alerte : le secteur du transport de marchandises s’est dégradé à partir du 3è trimestre 2019, comme le montre l’étude de conjoncture du ministère des Transports. "En données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables, l’activité de transport routier de marchandises des véhicules immatriculés en France, mesurée en tonnes-kilomètres parcourues sur le territoire national, baisse de 0,6 % au troisième trimestre, après une hausse de 3,8 % au premier trimestre et de 2,2 % au deuxième trimestre", précise cette étude.