La guerre en Ukraine s’est désormais installée dans le temps long. Elle a atteint les 100 jours le 3 juin dernier. Outre son corollaire de terreur et de souffrance, elle alimente l’explosion des prix de l’énergie qui prend toute sa part dans l’inflation. Les prix à la consommation seraient en hausse de 5,8% en juin, indique les dernières estimations de l’INSEE. Cette inflation ronge le pouvoir d’achat des Français qui, selon le journal Les Échos, pourrait connaître en 2022 sa deuxième plus forte baisse en trente ans. Ce fut d’ailleurs un sujet phare des élections législatives. Le morcellement de l’Assemblée nationale et l’absence de majorité absolue lui doivent très certainement beaucoup.
Dans ce contexte, les prix du transport routier de marchandises enregistrent leur 9è mois de hausse consécutif, avec une croissance de +0,8% en juin par rapport au mois précédent selon le Upply Freight Index. Rien ne semble arrêter l’inflation des prix de transport pour l’instant, pas même le freinage voire l’arrêt de ses principaux moteurs naturels que sont la consommation et l’automobile. On savait les ventes automobiles en panne à cause des ruptures dans les chaînes d’approvisionnement. La baisse de pouvoir d’achat vient attaquer désormais la consommation des ménages français ; les soldes d’été ont très mal démarré en juin et les ventes en ligne commencent elles aussi à décliner après 2 années de croissance incroyable.
C’est donc une autre mécanique qui tire les prix du transport vers le haut, et cette mécanique a un nom : l’indexation gazole. Les prix du gazole ont bondi de presque 70% sur 1 an (voir tableau en fin d’article) et progressent régulièrement d’un mois sur l’autre, ce qui rejaillit sur le mécanisme de répercussion.
Source : Upply Freight Index – Route France
En glissement annuel, les prix progressent de 14,4% au mois de juin. Cette forte augmentation est à mettre en perspective avec l’augmentation des coûts de transport. L’indice LD EA du Comité national routier (CNR) montre sur la même période une hausse de 22,8%, ce qui laisse à penser que la marge opérationnelle des transporteurs s’est détériorée de plus de 7 points en moyenne sur 1 an. On constate donc l’émergence d’un contexte perdant/perdant, où expéditeurs et transporteurs souffrent tous deux de l’évolution des coûts de transport (...)