Le mois de mai en France a été marqué par une accalmie de la contestation sociale. Malgré quelques soubresauts, nous avons très certainement assisté à l’épilogue du dossier de la réforme des retraites, avec la publication des premiers décrets d’application au début du mois de juin.
Le climat économique général montre également quelques signes positifs. L’estimation provisoire diffusée par l’Insee le 21 mai indique une augmentation des prix à la consommation de 5,1% en mai en glissement annuel, en net reflux par rapport au taux d’inflation de 5,9% constaté en avril. Par ailleurs, les perspectives en matière de croissance économique s’améliorent. La Commission européenne, dans ses prévisions de printemps publiées le 15 mai dernier, a revu à la hausse ses prévisions de croissance de l’économie française. Le PIB devrait progresser de 0,7% en 2023, soit 0,3 point de plus que ce qui était attendu dans les prévisions publiées à l’automne 2022. L’ensemble de l’Europe devrait d’ailleurs profiter de vents légèrement plus favorables. La progression du PIB attendue en 2023 passe de 0,3% à 1,1% pour la zone Euro et de 0,3% à 1% pour l’Union européenne. L’inflation devrait quant à elle atteindre 5,8% dans la zone Euro et 6,7% dans l’Union européenne, ce qui représente là aussi une amélioration de 0,3 point par rapport aux prévisions de l’automne 2022.
En France, le mois de mai a également été marqué par de nouvelles annonces de l’État en faveur de l’accélération de la réindustrialisation de la France. Cette stratégie, présentée par le président de la République Emmanuel Macron à l’Élysée, prévoit notamment 13 milliards d’investissements étrangers et la création de 8000 emplois directs. La région Hauts-de-France tire particulièrement son épingle du jeu : avec l’annonce de 4 gigafactories sur son territoire dont 2 à Dunkerque, elle ambitionne de devenir "la vallée de la batterie", à l’heure où l’e véhicule électrique est en train de révolutionner l’industrie automobile.
Malgré ce vent d’optimisme, à court terme, le moral des patrons français reste en berne. En mai 2023, le climat des affaires en France perd deux points par rapport à avril et retrouve sa moyenne de longue période, c’est-à-dire 100. Il s’agit de son niveau le plus bas depuis avril 2021. L’ensemble des secteurs d’activité contribuent à cette détérioration : dans le bâtiment -3 points, dans l’industrie et les services -2 points, dans le commerce de détail -1 point. Les intentions de commande et les perspectives d’activité sont en repli. Cela laisse donc entrevoir des volumes à transporter en baisse par rapport à l’année dernière au cours du prochain trimestre.
Compte tenu de ces conditions, on peut dire que les prix du transport routier en France affichent une progression remarquable : + 1,1% en mai 2023 par rapport au mois précédent. Il s’agit du 2è mois consécutif de hausse.
Source : Upply Freight Index – Route France
L’augmentation des prix en mai est une demi-surprise. En avril, les prix du gazole avaient diminué de 4,3%. La répercussion intervenant avec un décalage d’environ un mois, une baisse des prix en mai limitée à environ 1% aurait pu être attendue (en tenant compte du fait que la part du carburant dans les coûts totaux d’exploitation est évaluée à 26,5% en longue distance par le CNR). En suivant le même raisonnement, avec une nouvelle baisse de 6,6% du carburant en mai, il serait d’ailleurs normal d’attendre un recul des prix en juin.
La hausse constatée au mois de mai peut s’expliquer au moins en partie par le nombre particulièrement élevé de jours fériés. En général, lors des ponts, on constate une concentration de la demande sur quelques jours, qui se traduit par une tension sur la capacité et une augmentation consécutive des tarifs (...)