En 2015, à la faveur de la loi sur la nouvelle organisation territoriale de la France, la basse et la haute Normandie ont fusionné pour devenir tout simplement la Normandie. Composée de 5 départements, la région compte une Métropole (Rouen Normandie), 3 communautés urbaines et 11 communautés d’agglomérations, reliées par "un réseau dense d’infrastructures routières et ferroviaires", souligne la CCI de Normandie dans son panorama économique 2019. Seul point noir mis en avant par Jean-Marc Pelazza, délégué régional de la FNTR (Fédération nationale des transports routiers) : le contournement Est de Rouen. Attendu depuis près de 50 ans, ce projet vient de recevoir le feu vert du Conseil d’État, mais des clivages politiques freinent encore le dossier.
La population s’élève à 3,3 millions d’habitants, dont 38% en Seine-Maritime, 21% dans le Calvados, 18% dans l’Eure, 15% dans la Manche et 8% dans l’Orne. Des chiffres qui reflètent la répartition des activités économiques, dont l’épicentre se trouve plutôt à l’ouest de la région, autour de la Seine, souligne Pascal Vandalle, délégué Régional Hauts-de-France et Normandie de l’Union TLF.
La proximité de la mer influence fortement le profil économique est logistique de la région. "La Normandie occupe une place stratégique au cœur de l’Europe du Nord-Ouest et dispose d’infrastructures de tout premier plan qui en font le troisième complexe portuaire européen et le premier français : 50% des transports internationaux maritimes de France et 60% du trafic français de conteneurs sont captés par la Normandie", souligne la CCI.
L’économie de la Normandie capitalise également sur la proximité de l’Ile-de-France, premier bassin de consommation d’Europe. En 2015, les Régions Ile-de-France et Normandie ont élaboré un "schéma stratégique pour le développement de la Vallée de la Seine à l’horizon 2030". L’objectif n’est pas seulement de développer un axe permettant de relier Paris et à un port d’envergure mondiale. Il s’agit aussi de favoriser l’émergence d’un véritable écosystème industriel et logistique. Les grands ports maritimes du Havre et de Rouen, associés au port de Paris au sein d’Haropa, fusionneront officiellement en 2021 pour donner naissance à un établissement qui aura son siège au Havre. "Premier port de commerce de France, le nouvel ensemble portuaire pourra ainsi proposer une offre commerciale globale à l’ensemble de ses clients industriels et exportateurs et peser davantage dans la compétition avec les autres grands hubs européens", indique le ministère des Transports dans un communiqué publié le 27 octobre 2020.
À l’échelle régionale, la Normandie s’efforce également de consolider son maillage portuaire en unissant les forces. Le 1er janvier 2019 a été créé un Syndicat mixte "Ports de Normandie" pour réunir sous une même bannière les 3 ports de Cherbourg, Caen-Ouistreham et Dieppe, autour de la Région. Des ports qui peuvent avoir une carte à jouer dans le cadre du Brexit pour capter des flux, en cas d’engorgement des portes d’entrée habituelles du nord.
La présence d’un complexe portuaire majeur et d’activités industrielles puissantes ont fait de la Normandie une terre d’accueil de premier choix pour le transport et la logistique, qui représentent 5,1% de la valeur ajoutée régionale. L’Atlas des entrepôts et des aires logistiques réalisé en 2015 par le Service de l’Observation et des Statistiques du ministère des Transports répertoriait 279 entrepôts de plus de 5 000 m² dans la région, d’une surface moyenne de 19 200 m². Sur ce total, 141 étaient situés dans des "aires logistiques denses", essentiellement autour du Havre, de Rouen et de Caen.
De nombreux projets devraient se concrétiser dans les années à venir dans le cadre du développement de la Vallée de la Seine. L’association Logistique Seine Normandie a présenté en septembre dernier les résultats 2020 de l’observatoire foncier. L’offre à vocation logistique est estimée à 1710 ha, dont 680 ha immédiatement disponibles. Elle est principalement située le long de l’axe Seine (40%) ainsi que sur l’axe Caen – Alençon (30%). La Normandie devrait pouvoir profiter de la raréfaction de l’offre dans l’Ile-de-France voisine. "Sur l’axe Seine, l’offre est très majoritairement portuaire et multimodale, avec cependant de très fortes disparités entre la Normandie et l’Ile-de-France en termes de volume. Cette dernière ne totalise en effet que 35 ha de disponibilité immédiate, exclusivement portuaire et prioritairement dédiées à des activités de distribution urbaine génératrice d’un trafic fluvial. En zone mixte, l’offre disponible est une offre monomodale, globalement éclatée sur l’ensemble du territoire normand et largement localisée à proximité des échangeurs autoroutiers. Il s’agit d’une offre hétérogène, à même de répondre aux enjeux de développement endogène et exogène des entreprises et pouvant contribuer à développer un maillage logistique adapté aux besoins de chacun des territoires", détaille le rapport de l’observatoire.
Logistique Seine Normandie plaide parallèlement pour l’élaboration d’un schéma de cohérence logistique régionale, pour organiser à long terme et de façon concertée l’implantation logistique en Normandie et en vallée de la Seine. "La préservation de capacités d’accueil sur des secteurs stratégiques, à proximité immédiate des nœuds intermodaux, des sites de production ou de consommation, constitue autant un enjeu de préservation de l’environnement, par la limitation des nuisances liées au transport de marchandises, qu’un enjeu d’attractivité et de compétitivité pour les territoires portuaires et industriels de La vallée de la Seine", insiste Logistique Seine Normandie.
La Normandie se caractérise par une proportion d’emplois industriels supérieure à la moyenne nationale. Automobile, aéronautique, agroalimentaire, chimie, cosmétique, pharmacie, construction navale, énergie, industries du verre, pétrochimie : la région s’illustre dans une grande variété de filières, "avec la présence de leaders et grands groupes comme Renault, Peugeot-Citroën, Renault Trucks, Safran, Aptar, EDF, Areva, DCNS, GSK, Sanofi Pasteur, Vuitton, etc", souligne le site internet de la région Normandie. "Compte tenu de son savoir-faire, la Normandie a une vraie carte à jouer à l’heure où l’on parle de plus en plus de relocalisation industrielle", estime Pascal Vandalle, délégué régional de l'Union TLF.
Si certains secteurs traversent des difficultés aggravées par la pandémie de la Covid-19, comme l’automobile et l’aéronautique, d’autres se révèlent plutôt dynamiques. C’est par exemple le cas de l’agro-alimentaire, troisième secteur industriel régional, qui bénéficie à la fois de l’activité agricole de la région et de la proximité de ports de premier plan. La Normandie pointe ainsi au 2è rang des régions françaises pour l’industrie du lait ainsi que pour la transformation du thé et du café, et au 3è rang pour l’industrie du poisson et la transformation du cacao. De nombreux grands groupes agroalimentaires sont présents, comme Danone, Nestlé, Ferrero, Barry Callebaut, Charal, Socopa, Isigny-Sainte-Mère, Elle & Vire, Agrial, ...
Autre secteur très porteur : la filière chimie-pharmacie-cosmétique. De grands laboratoires internationaux sont implantés en Normandie. La région est par ailleurs membre de la "Cosmetic Valley", premier pôle mondial en parfumerie-cosmétique. C’est en particulier "une région de référence pour le flaconnage de luxe avec 75% de la production mondiale de flacons de luxe pour la parfumerie, les spiritueux et la pharmacie".
En valeur, les importations et exportations de la région Normandie s’élèvent à 77,9 milliards d’euros pour l’année 2019, avec un déficit commercial de 7,5 milliards. Elle se situe au 6è rang national pour les exportations (35,2 milliards) et au 5è rang pour les importations (42,7 milliards). "Six catégories de produits concentrent 73% des exportations normandes : les produits chimiques, les parfums et les cosmétiques, les produits pharmaceutiques, les produits des industries agroalimentaires, les produits pétroliers raffinés, les matériels de transport et les produits agricoles", précise la CCI de Normandie. À l’import, la filière du pétrole et des produits pétroliers domine largement, notamment en raison de l’importance du port du Havre, porte d’entrée majeure pour l’ensemble du territoire français.
Source : Douanes
Le poids de cette filière se ressent aussi dans la répartition par pays des échanges commerciaux, avec la présence de l’Arabie saoudite et la Russie dans le Top 5 à l’import. Les États-Unis et la Chine complète la liste des pays partenaires hors UE. À l’export, la Normandie a pour principaux partenaires les pays européens, mais les États-Unis et la Chine figurent également en bonne place.
Source : Douanes