Fruit de la fusion des régions Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes, la Nouvelle-Aquitaine peut se targuer du titre de plus vaste région française, avec une superficie de 84 000 m². La population frôle désormais les 6 millions d’habitants. "C’est une région très éclatée, avec d’un côté des zones très denses notamment en Gironde et le long du littoral jusqu’au Pays Basque, et à l’autre extrême des zones beaucoup moins peuplées comme la Creuse et une partie de la Corrèze", précise Franck Puharré, délégué régional de TLF Sud-Ouest. La Gironde est le département le plus peuplé, avec en particulier une forte attractivité de Bordeaux et de son aire urbaine, suivi des Pyrénées-Atlantiques et de la Charente Maritime. La Vienne, la Dordogne et les Landes complètent la liste des départements dépassant le seuil des 400 000 habitants.
En termes d’infrastructures, la Nouvelle-Aquitaine est irriguée par plusieurs grands axes routiers. "L’axe Nord-Sud qui passe par Poitiers, Bordeaux et Bayonne, en direction de Madrid (A10, N10, A63), supporte à la fois les trafics locaux, de transit et internationaux. L’A20 passe par Limoges et Toulouse en direction de Barcelone. D’autres axes routiers maillent le territoire d’ouest en est (Route Centre-Europe Atlantique, A89, A62, A64)", indique l’Insee dans le bilan économique 2018 de la région. La Nouvelle-Aquitaine, forte de sa longue façade maritime, dispose également d’un écosystème portuaire dense, avec deux grands ports maritimes, La Rochelle et Bordeaux, et deux ports secondaires, Bayonne et Rochefort. L’aéroport de Bordeaux, en revanche, joue un rôle assez limité dans le domaine du fret aérien, les flux remontant par camion principalement vers Paris.
Comme beaucoup de territoires, la région Nouvelle-Aquitaine a longtemps négligé le transport et la logistique. Mais les temps changent. "On sent que le secteur commence à prendre une certaine importance pour la région. Il faut dire que la Nouvelle-Aquitaine est confrontée à un transit routier nord-sud très important entre l’Espagne et l’Europe du Nord, dont elle tire plus de préjudices que de bénéfices", souligne Franck Puharré. "Proportionnellement, le trafic de transit n’est pas si important. Il représente par exemple 7% du trafic total des poids lourds sur la rocade est de Bordeaux et s’avère marginal sur la rocade ouest. Mais la densité globale du trafic, notamment pour l’approvisionnement de Bordeaux, génère une congestion ainsi qu’une pollution sonore et atmosphérique qui poussent la région à s’emparer du sujet", ajoute Cindy Viard, déléguée régionale de l’Observatoire régional des transports de Nouvelle-Aquitaine.
Les activités logistiques ont en effet connu une forte croissance durant la dernière décennie. "Des cathédrales d’entrepôts se sont développées ces dernières années dans la périphérie de Bordeaux, en allant vers le bassin d’Arcachon", remarque Franck Puharré. On y trouve notamment les hubs de Cdiscount, Décathlon ainsi que des grands noms du secteur transport et logistique. "Des zones logistiques, mais de taille beaucoup plus modeste, sont également implantées à l’est de Bordeaux, ainsi que des zones très spécialisées sur la vigne dans le Médoc", précise le représentant de TLF Sud-Ouest. Une étude menée en 2015, uniquement sur le périmètre de l’Aquitaine, recensait 4 pôles majeurs : le pôle girondin ; le pôle Béarn - Pays Basque – Dax – Mont-de-Marsan ; le pôle Agen – Villeneuve - Marmande (notamment autour de la filière primeur et plus généralement de l’agro-alimentaire) ; le pôle Périgueux-Bergerac. Dans les autres zones de la Nouvelle-Aquitaine, les activités logistiques se concentrent aussi autour des agglomérations importantes comme La Rochelle, Poitiers ou Limoges.
L’Atlas des entrepôts et des aires logistiques réalisé en 2015 par le Service de l’Observation et Statistiques du ministère des Transports comptabilisait à l’époque 357 entrepôts de plus de 5 000 m² dans la région Nouvelle-Aquitaine, d’une surface moyenne de 14 500 m², dont 140 dans des aires logistiques denses. Mais l’étude menée sur le périmètre de l’Aquitaine constatait que cet écosystème était insuffisamment maillé. "L’économie aquitaine a besoin d’une chaîne de valeur logistique plus compétitive et mieux intégrée entre ses différents maillons afin d’envisager des solutions permettant, entre autres, le déploiement de mutualisations contributrices de solutions compétitives et levier du déploiement de réponses multimodales", diagnostiquait cette étude. Ce chantier de la mutualisation et du développement des solutions multimodales reste d’actualité. La Région a depuis complété ses ambitions par un programme de soutien à la transition énergétique, en particulier autour du GNV et de l’hydrogène, qui dépasse d’ailleurs le simple cadre du transport routier de marchandises.
Le dynamisme démographique de la région contribue bien sûr à alimenter les flux logistiques et la demande de transport pour les produits de grande consommation. Ensuite, au niveau de l’économie régionale, les activités tertiaires prédominent mais l’agriculture et l’industrie conservent un poids non négligeable. Les industries extractives, l’agroalimentaire, la fabrication de boissons, le secteur aéronautique et spatial, ainsi que le bois et l’industrie papetière liés au massif landais, constituent l’essentiel des filières, précise la Chambre de Commerce et d’Industrie."Nous comptons également quelques belles entités dans le pétrole, le gaz et la chimie du côté d’Ambès et de Lacq", complète Franck Puharré. Dans le domaine agricole, le secteur vinicole est évidemment essentiel, et source de flux logistiques et transports très significatifs. La région s’appuie également sur une forte activité dans le domaine céréalier, ainsi que dans les primeurs.
"Toutes ces activités alimentent les flux, tant au niveau local qu’à l’exportation", relève Franck Puharré. Les statistiques douanières pour l’année 2019 confirment la prédominance de ces filières. Globalement, la Nouvelle-Aquitaine représente 4,9% des exportations (24,1 milliards d’euros) de la France et 4,2% des importations (23,8 milliards), présentant ainsi une balance commerciale positive. Le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire constitue la filière numéro 1 à l’export, avec une part de 38,5% des exportations régionales, contre 13% au plan national, précise la CCI de Nouvelle-Aquitaine dans sa note de synthèse 2019 sur commerce international de la région. Viennent ensuite la chimie, l’industrie du bois, la construction aéronautique et spatiale, le secteur santé / cosmétiques et l’automobile. Ces six secteurs représentent 71% des exportations régionales.
"Le dynamisme des exportations de la Nouvelle-Aquitaine est porté par la vente de boissons (5 milliards d’euros d’exportation, +4,9 %), des produits de la culture et de l’élevage (2,1 milliards d’euros, +0,9 %), le matériel électrique (1,2 milliard d’euros, +9,5%) ainsi que les appareils de mesure, d’essai et de navigation (1,2 milliard d’euros, +130,4%). À l’inverse, les exportations de produits aéronautiques (-23,1%) et les équipements pour automobile (-12,3 %) enregistrent de fortes baisses", précise la CCI.
À l’import, les produits pétroliers raffinés et coke arrivent en tête, suivis des produits de la construction automobile et des produits chimiques de base. "La Nouvelle-Aquitaine présente des spécificités par rapport au plan national pour les importations des produits suivants : les bois, articles en bois (16,5% des importations françaises se font en Nouvelle-Aquitaine) ; les boissons (16%) ; les produits pétroliers raffinés et coke (12,6%) et la pâte à papier, papier et carton (10,8%)", détaille la note de synthèse de la CCI.
Source : Douanes
La nature du tissu productif néo-aquitain rejaillit également sur la répartition géographique des échanges. À l’export les échanges avec l’Europe dominent avec une part de 60%, mais le poids de l’international est beaucoup plus présent que dans la plupart des régions françaises (à la notable exception de l’Occitanie qui doit la force de ses échanges mondiaux au poids de sa filière aéronautique). L’Amérique arrive en deuxième position, suivie de l’Asie qui gagne des parts de marché (notamment Singapour, Japon et Chine). À l’import, 67% des marchandises, en valeur, viennent de l’Union européenne. Asie et Amérique constituent respectivement les 2è et 3è fournisseurs.
Source : Douanes