Le rapprochement des anciennes régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées a donné naissance à la 2è plus grande région de France en termes de superficie : Occitanie Pyrénées/Méditerranée. Cette vaste zone d’environ 5,8 millions d’habitants se caractérise par une densité de population plus faible que la moyenne française, mais avec de fortes disparités. Deux de ses 13 départements dépassent en effet le million, la Haute-Garonne (1,356 million) et l’Hérault (1,137 million), respectivement portés par les agglomérations de Toulouse et de Montpellier.
L’essentiel des activités économiques et des flux logistiques et transport associés se situent autour de deux pôles : l’arc méditerranéen, avec notamment l’autoroute A9 qui constitue un axe majeur pour relier la péninsule ibérique à l’Europe du Nord et de l’Est ; et l’étoile toulousaine, connectée également par le réseau autoroutier aux régions voisines ainsi qu’à l’arc méditerranéen.
Ces deux pôles abritent aussi des portes d’entrée aérienne et maritime. L’aéroport de Toulouse-Blagnac occupe le 1er rang des aéroports de province pour le fret aérien grâce aux flux liés à l’aéronautique, avec 66 300 tonnes traitées en 2019. Sur la façade méditerranéenne, le port de Sète fait preuve d’un dynamisme certain, avec six années de croissance consécutives qui ont permis de porter le trafic à 4,3 Mt en 2019. Port-Vendres joue également un rôle important dans le secteur agricole et agro-alimentaire.
L’économie régionale se porte plutôt bien. "De 1990 à 2008, le PIB a progressé hors inflation de 2,3 % en moyenne annuelle, soit 0,4 point de plus que dans l’ensemble de la France métropolitaine. (...) Et depuis la récession de 2008-2009, la croissance de l’Occitanie atteint annuellement 1,0 %, soit deux fois celle de l’ensemble du pays", relève l’Insee dans une note d’analyse publiée en juillet 2019. "Sans surprise, le secteur aéronautique et spatial domine largement l’économie régionale", souligne Jérôme Bessière, délégué régional de la FNTR Occitanie Pyrénées. Le poids d’Airbus est bien sûr prédominant, mais le groupe draine aussi dans son sillage une multitude de sous-traitants. Principalement implantée en Haute-Garonne, la filière aéronautique et spatiale irrigue ainsi "tous les départements de la région à commencer par le Lot, les Hautes-Pyrénées, l’Aveyron et l’Ariège", précise l’Insee.
Compte tenu des particularités du secteur aéronautique, cette filière n’est pas forcément la plus pourvoyeuse de flux pour le transport routier de marchandises. Mais l’économie régionale s’appuie sur d’autres filières telles que l’agricole et l’agro-alimentaire, notamment dans le secteur des céréales, des primeurs, et de la vigne. Le Marché Saint Charles International, à Perpignan, revendique ainsi la place de première plateforme de commercialisation, transport et logistique de fruits et légumes frais en Europe. Il constitue la principale porte d’entrée européenne des flux, principalement en provenance du Sud.
La région profite enfin de son dynamisme démographique, avec une population qui a augmenté de 20% entre 2000 et 2018. Une tendance qui, ajoutée à l’attractivité touristique de l’Occitanie, se révèle propice à un développement très significatif des activités logistiques liées à la consommation. "La plupart des logisticiens spécialistes de la grande distribution sont implantés en Occitanie", signale Franck Puharré, délégué régional de TLF Sud-Ouest.
L’Atlas des entrepôts et des aires logistiques réalisé en 2015 par le Service de l’Observation et Statistiques du ministère des Transports recensait à l’époque 247 entrepôts de plus de 5 000 m² dans la région Occitanie, d’une surface moyenne de 16 000 m². "Du côté de Toulouse, on trouve deux très importantes zones d’activités transport et logistique : Eurocentre dans la Haute-Garonne et Grand Sud Logistique dans le Tarn-et-Garonne", souligne Franck Puharré. Sur l’axe Toulouse-Narbonne, à Castelnaudary, la zone d’activités Nicolas Appert connaît également un développement important, avec notamment l’implantation de la Socamil, centrale d’achat régionale du groupe E.Leclerc, qui a investi 150 M€ pour regrouper sur ce site ses activités logistiques. "Sur le flanc méditerranéen, le développement logistique se concentre autour des agglomérations de Nîmes, Montpellier ou encore Béziers", indique Françoise Gleize, déléguée régionale FNTR Occitanie Méditerranée. On y retrouve notamment les grands noms de la distribution comme Auchan, Carrefour, Super U ou Intermarché. Le e-commerce constitue également une piste de développement, même si la question de l’acceptabilité est posée. Le projet d’implantation logistique d’Amazon à Fournès, dans le Gard, suscite ainsi une opposition croissante.
De façon générale, le tissu logistique reste encore assez diffus, et il existe un vrai potentiel pour la région. Par sa situation géographique, l’Occitanie est un territoire de transit entre la péninsule ibérique voire le Maghreb et l’Europe du Nord. "Si la crise de la Covid-19 pousse à des relocalisations d’activité d’Asie vers le Maghreb, l’Occitanie peut avoir une carte à jouer. Mais il faut s’attaquer à la double problématique qui se pose déjà : d’une part minimiser les flux qui n’apportent que des externalités négatives, en stimulant notamment le transport combiné, et d’autre part développer de nouvelles zones logistiques proposant des services à valeur ajoutée qui permettront de fixer les flux et donc de créer de la valeur pour la région", diagnostique Isabelle Bardin, directrice de We4log, le Cluster logistique d’Occitanie.
En matière de commerce extérieur, l’écrasante domination de la filière aéronautique et spatiale donne à l'Occitanie des caractéristiques que l’on ne retrouve dans aucune autre région française. Le poids de l’aéronautique lui vaut ainsi un record en matière de balance commerciale, avec un excédent de 12,3 milliards, loin devant les +5,4 Md du n°2, la région Grand Est. Il lui permet aussi de se situer au 3è rang des régions exportatrices françaises avec un total de 54,4 milliards d’euros en 2019, malgré la faiblesse du tissu industriel. "Les entreprises d’Occitanie de taille intermédiaire (ETI), les plus aptes à se lancer dans l’exportation, sont rares. Elles n’emploient que 16% des emplois régionaux des secteurs marchands non agricoles non financiers en équivalents temps pleins, soit le taux le plus bas de France métropolitaine en dehors de la Corse. Parmi les exceptions, citons le confiturier Andros dans le Lot et le semencier RAGT dans l’Aveyron, devenu au fil des ans un acteur européen dans son domaine", précise l’Insee. On note également une présence dans les produits pharmaceutiques et cosmétiques, "avec notamment les Laboratoires Pierre Fabre dans le Tarn", précise Franck Puharré. On retrouve d’ailleurs ces filières dans le Top 10 des exportations (tableau 1).
La répartition des échanges porte également des traces de la domination de l’aéronautique. Dans les autres régions françaises, il est rare qu’une typologie de produit dépasse une proportion de 20%, à l’export ou à l’import. En Occitanie, la filière aéronautique pèse près des trois quarts des échanges à l’export et près de la moitié à l’import. Le secteur agricole et agro-alimentaire est également bien représenté, puisqu’il pointe en 2è position à l’import et en 3è position à l’export.
Bien évidemment, cette forte spécialisation est à double tranchant. La filière aéronautique et spatiale fait depuis plusieurs décennies maintenant les beaux jours de la région et contribue à son attractivité démographique. Mais dans le contexte actuel marqué par un coup d’arrêt brutal du développement du transport aérien en raison de l’épidémie de la Covid-19, une période difficile s’annonce, faute de diversité du tissu économique.
Tableau 1 - Source : Douanes
Enfin, la spécificité aéronautique rejaillit sur la répartition géographique des échanges de l’Occitanie. Alors que la plupart des autres régions françaises commercent essentiellement avec des pays européens, notamment à l’export, le profil de l’Occitanie est beaucoup plus internationalisé (tableau 2).
Tableau 2 - Source : Douanes