Les Pays de la Loire sont une des rares régions dont les contours n’ont pas bougé lors de la réforme de l’organisation territoriale de la France en 2015. En termes de puissance économique, la région a donc mécaniquement rétrogradé au classement national, mais n’en reste pas moins attractive. Nourrie par une démographie dynamique, avec en moyenne 30000 habitants supplémentaires chaque année entre 2009 et 2014, la population ligérienne s’élève aujourd’hui à près de 3,8 millions d’habitants, ce qui la situe au 8è rang métropolitain. Le PIB positionne également la région en 8è position au niveau national, avec près de 110 milliards d’euros. Mais le PIB par habitant la fait remonter au 4è rang, derrière l’Ile-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes Côte d’Azur. "C’est une région qui n’a pas véritablement de base historique, mais économiquement et administrativement, elle démontre sa pertinence et sa capacité à produire des richesses", relève Jean-Christophe Limousin, délégué régional de la FNTR Pays de la Loire.
La métropole de Nantes et ses quelque 650 000 habitants constituent bien sûr une locomotive décisive. Mais l’économie de la région s’articule autour d’autres agglomérations importantes assez bien réparties sur le territoire : Le Mans, Laval, Angers, Cholet, Saint-Nazaire et La Roche-sur-Yon.
Les Pays de la Loire disposent d’un bon réseau d’infrastructures routières, avec notamment l’A10, l’A11 et l’A83, mais aussi le port de Nantes Saint-Nazaire et l’aéroport. Face au développement rapide de la région, un renforcement est toutefois nécessaire. "La région est notamment confrontée à un vrai problème de congestion du périphérique nantais, qui a une vocation de desserte de la ville mais aussi du port. Il se situe aussi au carrefour de la route des Estuaires et fait office de point de passage vers la Bretagne. Tous ces facteurs se conjuguent pour en faire une zone très régulièrement encombrée", souligne Jean-Christophe Limousin.
Une réflexion sur un nouveau point de franchissement de la Loire a bien été lancée, mais le projet est encore dans les cartons. En revanche, la Région s’est engagée à mobiliser près de 120 millions d’euros pour le renforcement du réseau routier régional, en lien avec les départements. "Par exemple, en Vendée, la Région subventionne l’axe La Roche-sur-Yon/Challans, qui relie les deux premières agglomérations du département ; en Sarthe, les travaux de contournement de Saint-Calais ; en Loire-Atlantique, l'échangeur de Viais qui a pour objectif de fluidifier le trafic entre la métropole nantaise, le sud-Loire et la Vendée ; en Mayenne, le contournement routier nord de Château-Gontier ; en Maine-et-Loire, l’aménagement de section à 2x2 voies sur la RD 775 entre Le Lion d’Angers et La Membrolle", indique le site de la région dédié aux mobilités.
L’Atlas des entrepôts et des aires logistiques réalisé en 2015 par le Service de l’Observation et Statistiques du ministère des Transports répertoriait à l’époque 291 entrepôts de plus de 5000 m² dans la région Pays de la Loire, d’une surface moyenne de 14 900 m2. Sur ce total, 160 étaient situés dans des "aires logistiques denses", zones qui correspondent en substances aux abords des grandes agglomérations.
En 2018, la CCI de Nantes Saint Nazaire a consacré une note de synthèse aux enjeux et perspectives de la logistique, soulignant son rôle sous-estimé, tant dans les politiques locales de développement qu’au sein des stratégies d’entreprises. Le secteur en lui-même a un poids économique majeur pour les Pays de la Loire, puisqu’il est le 5è pourvoyeur d’emplois de la région. D’autre part, il est essentiel pour répondre aux enjeux qui se profilent. "La logistique reste mal connue et souvent même décriée comme consommatrice d’espace, peu créatrice d’emplois selon les collectivités ou générant des nuisances. Pourtant les années à venir vont changer son profil, sous l’effet de la révolution numérique, du développement du e-commerce, de la nécessité croissante pour les entreprises de s’internationaliser, de la transition énergétique, de l’automatisation/digitalisation de certains postes, au moins partielle", constataient dans cette note le président de la CCI et le président de la Commission Aménagement du territoire. Ils appelaient donc à faire de la logistique un sujet central, dans l’intérêt de l’attractivité du territoire et de la compétitivité des entreprises.
Dans les Pays de la Loire, l’enjeu de la logistique est d’autant plus crucial que le développement économique de la région s’appuie sur des secteurs pourvoyeurs de flux de transport importants. Selon l’Observatoire régional économique et social, l'industrie contribue à la richesse produite plus fortement qu’ailleurs. En 2015, la part de la valeur ajoutée industrielle atteint ainsi 18%, contre à peine plus de 14% en France métropolitaine. L'agriculture et la construction pèsent également davantage dans l'économie en Pays de la Loire qu'en France, tandis que la contribution du commerce ligérien est semblable à la moyenne nationale. À l’inverse, le poids des services dans la valeur ajoutée régionale est moins développé qu'à l'échelle hexagonale.
L'agro-alimentaire reste l’activité industrielle prédominante en termes d’emploi, devant la métallurgie, l'industrie du plastique et les matériels de transport. De nombreux groupes et entreprises de premier plan sont installées en Pays de la Loire. On peut citer notamment des fleurons comme Brioche Pasquier (siège aux Cerqueux, 49) Charal (Cholet, 49), Lactalis (Laval, 53), Fleury Michon (Pouzauges, 85), LDC (Sablé-sur-Sarthe, 72), le groupe Terrena (Ancenis, 44), ou encore Sodebo (Saint-George-de-Montaigu, 85). À cela s’ajoutent de nombreuses PME réparties sur le territoire. Au total, "on dénombre plus de 1 000 établissements agroalimentaires qui emploient près de 50 000 salariés, plaçant les Pays de la Loire au 2è rang des régions françaises en nombre de salariés, derrière la Bretagne. Les secteurs agroalimentaires dominants en Pays de la Loire sont les secteurs de la viande (transformation et conservation de la viande et préparation de produits à base de viande : 46 % des effectifs), de la fabrication de produits de boulangerie-pâtisserie et de pâtes (19 %) et de la fabrication de produits laitiers (12 %)", indique l’Observatoire économique et social.
Naturellement, cet écosystème s’appuie en amont sur une filière agricole importante. On recense quelque 31 000 exploitations dans les Pays de la Loire, dont 80% principalement tournées vers l’élevage et 20% vers le végétal (grandes cultures, viticulture et végétal spécialisé). "Il existe notamment deux pôles importants : l’un pour semences potagères et florales du côté d’Angers et l’autre pour les cultures activités maraîchères du côté de Nantes", précise Jean-Christophe Limousin. Les Pays de la Loire sont par ailleurs la 2è région française pour la pêche maritime (poissons, crustacés), en valeur, après la Bretagne.
Si les activités agricoles et agro-alimentaires occupent une place importante dans l’économie régionale, les Pays de la Loire s’appuient traditionnellement sur d’autres secteurs de poids comme l’aéronautique avec Airbus, la filière navale/nautique avec les Chantiers de l’Atlantique ou Bénéteau, ou encore l’automobile. L’industrie du cuir et du textile a quant à elle traversé une passe difficile mais commence à renaître avec comme fer de lance la société Longchamp, pépite historiquement implantée dans la région
Dans le cadre de la démarche de "spécialisation intelligente", un concept de la nouvelle politique de cohésion européenne pour la période 2014-2020 qui incitait les régions à identifier des secteurs d’investissement prioritaires en capitalisant sur les atouts existants, les Pays de la Loire ont par ailleurs identifié comme secteurs prioritaire l’électronique, la robotique, le numérique ou encore la santé.
Enfin, pour nourrir l’activité logistique et transport, la région peut s’appuyer bien sûr sur son dynamisme démographique et son attractivité touristique, qui tirent la consommation.
Le détail des chiffres du commerce extérieur révèle en revanche un profil assez peu tourné vers l’international. En 2019, les Pays de la Loire ont généré 4,4% des exportations (21,9 milliards d’euros) et 4,8% des importations de la France (27,6 milliards), enregistrant ainsi une balance commerciale négative (-5,7 Md€), "comme dans la plupart des régions portuaires", souligne l’Observatoire économique et social. "Les importations des Pays de la Loire sont en effet largement corrélées à l'activité du grand Port de Nantes Saint-Nazaire, de la raffinerie Total et de la centrale de production électrique de Cordemais. Le solde commercial des Pays de la Loire est par conséquent très dépendant des importations de produits d'extraction énergétiques", détaille l’Observatoire, ajoutant que "le solde commercial est parallèlement très sensible au plan de charge des Chantiers de l'Atlantique, la vente d'un seul paquebot pouvant dépasser le milliard d'euros". À l’export, la région profite en revanche de l'ouverture en mai 2018 de la ligne transocéanique Milk Run Atlantic qui permet le transport de colis aéronautiques d'Airbus entre les sites de Montoir-de-Bretagne et de Mobile (Alabama).
Les segments Aéronautique/Spatial et Navires/Bateaux représentent ensemble près du quart des exportations en valeur. En revanche, l’agro-alimentaire figure bien sûr dans le top 10 avec les produits de la culture et de l’élevage ainsi que la viande et les produits à base de viande, mais dans des proportions inférieures à ce que l’on pourrait attendre compte tenu du poids de cette activité dans la région. "Le taux d’exportation des entreprises agroalimentaires régionales est relativement faible : 11% contre 19% à l'échelle nationale, à comparer au taux de 30% observé globalement dans l’industrie. À l'exception de leaders positionnés également à l'international, elles visent donc un marché essentiellement national", constate d’ailleurs l’Observatoire économique et social.
De façon générale, la Région a fait du développement des exportations une nécessité pour garantir la bonne santé de l’économie du territoire sur le long terme.
Source : Douanes
Dans son schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation 2017-2020, la région affichait l’ambition de se positionner en "porte-avion" des entreprises à l’export, "en travaillant en étroite collaboration avec les territoires, tout en assumant le choix de concentrer ses efforts sur quelques cibles géographiques : l’export proche (Europe, Maghreb) notamment pour les primo exportateurs, l’export plus lointain (Asie, Afrique de l’Ouest, Amérique du Nord) pour les entreprises plus aguerries".
L’Europe domine aujourd’hui les échanges, comme dans toutes les régions françaises. L’Allemagne occupe une place de choix à l’import comme à l’export, notamment par le biais de la filière aéronautique qui explique par ailleurs rang de n°2 des États-Unis à l’export. À l’import, outre la Chine, la Russie et le Nigéria s’invitent dans le Top 10 des principaux fournisseurs, en raison du poids des produits pétroliers.
Source : Douanes