Le transport routier de marchandises (TRM) dans les Pays de la Loire a connu une évolution plutôt dynamique, comparée à d’autres régions françaises, au cours des 5 dernières années. Le trafic atteint 21,6 milliards de tonnes-kilomètres en 2018, soit une progression de 6,6% par rapport à 2014, indique le bilan économique régional 2019 de l’Insee. Cette croissance est très largement portée par les flux internes (+27,8%), même si ceux-ci restent inférieurs aux entrées et aux sorties. Le compte d’autrui représente 78% des flux, contre 22% pour le compte propre. Comme dans toutes les régions, les flux ont connu trois ans de décroissance entre 2014 et 2016, avant de repartir à la hausse.
* En millions de tonnes-kilomètres transportées (hors transit, trafic international et pavillon étranger) - Source : SDES, Enquête Transport routier de marchandises
Pour affiner l’analyse, il est intéressant de se pencher aussi sur les chiffres de trafic exprimés en tonnes. En 2018, les flux routiers de marchandises réalisés dans les Pays de Loire par des véhicules d'au moins 3,5 tonnes de PTAC (hors transit, trafic international et pavillon étranger) ont frôlé les 180 millions de tonnes (Mt). Cela représente une progression de 2,3% par rapport à 2017, mais de 1,1% seulement par rapport à 2015, indique la DREAL Pays de Loire. Le compte d’autrui, malgré un léger recul par rapport à 2017, génère la majorité du trafic puisqu’il représente 58,8% des tonnages en 2018.
Sur ces 180 Mt, 63,5% sont des flux intra-régionaux, 19% des flux sortants et 17,5% des flux entrants. Les échanges inter-régionaux ont enregistré une progression de 3,8% en 2018, qui se concentre nettement sur les trois premières régions partenaires des Pays de Loire : la Bretagne, la Nouvelle-Aquitaine et la Normandie. La situation est stable avec le Centre Val-de-Loire, tandis que les flux déclinent avec toutes les autres régions françaises.
Source : DREAL Pays de la Loire, Observatoire régional des transports
Si le Top 4 reste inchangé, on constate que la Bretagne n’a cessé de renforcer ses positions dans les échanges avec les Pays de la Loire. Entre 2015 et 2018, les flux routiers ont augmenté de 13% (+14% pour les flux sortants et +11% pour les flux entrants). En revanche, la Nouvelle-Aquitaine conserve son rang de n°2 mais décline par rapport à 2015. Elle perd 16% sur les flux sortants et 15% sur les flux entrants. La Normandie, quant à elle, gagne du terrain pour approvisionner les Pays de Loire (+12%) mais les flux sortants régressent. On observe le phénomène inverse avec le Centre-Val-de-Loire (-4% sur les flux entrants et +12% sur les flux sortants). Enfin, en 5è position, l’Ile-de-France se distingue par un grand dynamisme dans les deux sens (+17% sur les flux sortants et +22% sur les flux entrants en Pays de la Loire entre 2015 et 2018).
Les chiffres de 2019 ne sont pas encore disponibles, mais selon le bilan régional de l’Insee, une inversion de tendance se dessinait. "En 2019, le transport routier de marchandises, qui représente 80 % du volume de fret échangé dans la région, décélère. Tous pavillons confondus, le nombre de poids lourds comptabilisés aux péages autoroutiers de la région progresse de 1,6 % en 2019. Il s’agit de la plus faible croissance des cinq dernières années", précise l’Insee, imputant ce phénomène à "la hausse modérée de l’activité des secteurs de l’agriculture, de l’industrie, du BTP et du commerce qui sont les principaux clients des transporteurs routiers" (voir notre article sur le profil économique et logistique de la région Pays de la Loire).
Bien évidemment, 2020 ne pourra que confirmer la tendance, compte tenu de la crise sans précédent liée à la pandémie de Covid-19. "Plusieurs secteurs importants pour notre région sont très touchés, comme l’aéronautique et l’automobile. Si la crise induit des changements de comportement durables, l’impact pourrait même être encore plus lourd pour ces filières. Malgré tout, les transporteurs que je rencontre ne se montrent pas pessimistes mais plutôt prudents, et surtout très combatifs", relate Jean-Christophe Limousin, délégué régional de la FNTR Pays de la Loire.
La région des Pays de la Loire a d’ailleurs fait preuve d’une résilience particulièrement remarquable lors de la première vague de la pandémie de Covid-19, avec une perte de chiffre d’affaires et un pourcentage de camions à l’arrêt assez nettement inférieurs à la moyenne en mai et en juin, selon l’enquête de conjoncture de la FNTR portant sur le deuxième trimestre 2020.
En septembre, les volumes avaient retrouvé des niveaux satisfaisants, mais les transporteurs constataient une forte pression sur les prix qui risque de ne pas s’arranger avec la nouvelle détérioration de la situation sanitaire. "Structurellement, le secteur du transport se doit d’être un peu surcapacitaire pour être à même de répondre aux pics d’activité, car la demande n’est forcément pas linéaire. En période de repli économique, la situation est forcément complexe à gérer", analyse Jean-Christophe Limousin.
Selon la DREAL, 2145 entreprises étaient inscrites au registre des transporteurs "Marchandises" dans les Pays de la Loire au 31 décembre 2019. Un chiffre relativement stable depuis 5 ans. La Loire-Atlantique se taille la part du lion avec 730 entreprises, suivie par le Maine-et-Loire (489), la Vendée (394), la Sarthe (310) et la Mayenne (222).
Précision significative apportée par le rapport régional 2019 de l’OPTL (Observatoire prospectif des métiers et des qualifications dans le transport et la logistique) : les entreprises de moins de 10 salariés représentent environ la moitié des établissements "employeurs" du transport routier de marchandises, tandis que 36% comptent 10 entre 10 et 49 salariés et 12% plus de 50 salariés. Ces chiffres révèlent que les entreprises de transport routier des Pays de la Loire sont en moyenne d’une taille plus importante que ce que l’on constate à l’échelle nationale. Ambroise Bouvier, Ageneau, Groupe Antoine, Brangeon, Bréger, Mousset, etc... : en effet, les fleurons ne manquent pas. "Notre territoire est riche de grosses PME du transport. On constate en ce moment l’émergence d’une nouvelle génération de dirigeants, souvent passés par des écoles de commerce, qui reviennent prendre la tête de l’entreprise familiale avec beaucoup d’ambition. C’est très encourageant pour l’avenir du secteur", conclut Jean-Christophe Limousin.