Market Insights

Prix de transport routier en mars : une stabilité en trompe-l’œil

Rédigé par William Béguerie | 17 avril 2020

Dans un marché terriblement affecté par la crise du Covid-19, les prix du transport routier de marchandises en France semblent figés (+0,05% par rapport à février). Une courbe plate qui cache de fortes disparités. La baisse de la demande et celle de l’offre font "danser" les prix vers les extrêmes.

Notre baromètre mensuel Upply du transport routier en France indique en apparence un taux inchangé des prix en mars 2020, comparé à février 2020. Tout se passe comme si nous étions restés sur une copie conforme du mois précédent, comme si la dernière semaine de mars (première semaine totale de confinement lié à l’épidémie de coronavirus), avec une demande forte pour les transports de produits essentiels et un effondrement pour le reste, n’avait pas existé.

Source : Upply

Derrière cette courbe en trompe-l’œil se cachent en fait plusieurs faits notoires.

  1. Premièrement, l’observation du nombre de transactions dans notre base de données révèle une baisse notoire de plus de 20% par semaine à partir de la semaine 12. Ce déclin inédit du volume de transports effectués par nos partenaires montre à quel point le marché s’est effondré en France. L’indicateur du climat des affaires publié par l’Insee (voir graphique en fin d’article) confirme la tendance, avec une chute de 10 points sur 1 seul mois. Le record d’octobre 2008, un repli de 9 points au moment de la faillite de Lehman Brothers, est ainsi battu. Les services et le commerce de détail accusent les plus fortes baisses, avec respectivement -14 et -13 points. Les répercussions sur le transport routier de marchandises sont violentes, comme le montre une enquête réalisée par la FNTR auprès de ses adhérents. Selon cette étude, "86% des entreprises connaissent un arrêt total ou partiel de leur activité et, en moyenne, 59% des camions ne circulent plus faute de commandes".
  2. Deuxièmement, les prix sont en augmentation après la semaine 12, mais les volumes étant plus faibles, cette incidence n’a que peu d’influence sur le total mensuel. Cette augmentation peut sembler paradoxale dans un contexte économique dégradé, mais comme le rappelle la FNTR, en s’appuyant sur une étude du CNR relative à l’impact du Covid-19 sur les prix de revient du TRM, l’explication est simple : la désorganisation des flux implique plus de kilomètres à vide que les transporteurs répercutent sur les prix. En conséquence, avril devrait être haussier.
  3. Troisièmement, on assiste à un phénomène très particulier d’étirement des taux de fret en France : les prix bas baissent et les prix hauts augmentent. Pour une frange limitée du nombre de transactions enregistrées (20%), tout se passe comme si les protagonistes cherchaient opportunément à tirer les prix vers le bas pour certains acheteurs et vers le haut pour certains vendeurs. C’est cela, la danse des prix en période de crise...

LES PRINCIPAUX INDICATEURS

Source : Insee, CNR