Au cours de la période allant de janvier à avril 2020, le prix du Brent a chuté de 70%. Dans le même temps, l’indice Longue Distance publié par le Comité national routier (CNR), qui mesure l'évolution des coûts du transport routier de marchandises diverses à longue distance effectué au moyen d'ensembles articulés jusqu'à 44 T, affiche un repli nettement moindre : - 6%. Quant aux prix du transport routier de marchandises (TRM), ils n’ont diminué que de 1% durant cette période, selon le baromètre Upply qui mesure l’évolution des prix médians.
Carburant, coûts et prix de transport présentent donc une corrélation. Mais la déperdition des effets que nous constatons met en évidence l’existence d’autres mécanismes jusqu’à la fixation finale des prix.
Source : Upply, CNR
Du coût du baril au coût à la pompe, le taux de change, le raffinage, la distribution et les taxes "amortissent" les baisses de prix de la matière première dans le prix du carburant : le pétrole brut représente en moyenne 25% du prix à la pompe en France.
Ainsi, entre janvier à avril 2020, les prix à la pompe et l’indice CNR gazole professionnel ont respectivement reculé de 17,4% et 22,7% seulement, quand le Brent plongeait de 70%.
De la même manière que la matière première n’est pas l’unique composante du prix du carburant, le carburant évidemment n’est pas le seul facteur qui influe sur les coûts de transport routier. Il représente, selon le CNR, 24,5% du coût de transport, ce qui en fait le deuxième poste de coût derrière les salaires et rémunérations des conducteurs (27,5%).
Cette composition du coût de transport total explique que les variations des prix du carburant se retrouvent en moindre proportion dans les fluctuations des coûts. Cependant, parmi les coûts liés au transport routier, le carburant reste le facteur qui peut connaître les chocs les plus fréquents et les plus amples. L’indice Longue Distance du CNR affiche ainsi quand même en avril son niveau le plus bas depuis septembre 2017.
Le baromètre Upply des prix de transport indique quant à lui une baisse de 1% seulement sur la même période, indiquant l’effet d’autres mécanismes à l’œuvre entre le coût et le prix.
Tout d’abord, l’indexation gazole est généralement répercutée avec un mois de retard, ce qui crée un décalage entre prix et coût de transport. Par ailleurs, entre les coûts et les prix intervient évidemment la rencontre de l’offre et de la demande. On a assisté entre février et avril à une forte chute de la demande : le volume de transactions constaté chez les partenaires et utilisateurs d’Upply a baissé de 40%. Mais parallèlement, la crise a impliqué un net ajustement des moyens de production, “de l’ordre de -32 % en véhicules et en conducteurs”, signalait le CNR dans son baromètre d’activité d’avril 2020.
Le baromètre Upply reflète ces évolutions : l’amplitude de la baisse des prix est donc moins forte que celle de la baisse des coûts. Durant cette période très particulière, les chargeurs, confrontés à une offre aléatoire, n’ont pas cherché à négocier âprement les prix, privilégiant la garantie d’acheminement des marchandises.
Source : Upply
En mai, l’activité a amorcé un redémarrage qui s’est confirmé en juin. “Avec une croissance du chiffre d’affaires de +31 % sur un mois, les entreprises du TRM voient leur activité dépasser les niveaux d’avant crise (février 2020). Les facteurs et les coûts de productions augmentent également, mais dans des proportions moindres. En tendance annuelle, les niveaux atteints sont comparables à ceux de juin 2019”, signale le baromètre d’activité du CNR du mois de juin.
Le Comité national routier indique cependant que “le secteur reste fragilisé par cette crise et notamment l’importance des surcoûts qu’il a dû financer”.