La courbe des prix de transport en France affiche une augmentation de 1,7% en novembre. Intervenue au beau milieu du deuxième confinement, cette envolée a surpris les spécialistes qui s’attendaient à un nouveau repli. Le journal Les Échos, s’appuyant sur un sondage réalisé par le cabinet BP2R auprès de transporteurs, prévoyait ainsi dans un article du 19 novembre une récession des prix et des volumes.
Source : Upply
Plusieurs voyants sont au rouge. En novembre, le climat des affaire baisse de plus de 12 points par rapport au mois précédent, et de plus de 25 points sur 1 an. Certes, la situation est moins calamiteuse qu’en avril où la baisse était supérieure à 40 points d’un mois sur l’autre (-51 points sur 1 an), mais elle reflète quand même un choc important qui secoue le moral des chefs d’entreprise et entraîne la demande de transport à la baisse.
Nous observons que les volumes des transactions enregistrées en France sur la base des taux de fret routier Upply sont en baisse de 15% en novembre par rapport à octobre. Cette très forte contraction de l’activité est à comparer avec les 30% constatés en avril lors du premier confinement, qui témoignait alors d’un véritable effondrement.
Sur le plan des prix de transport, certaines lignes qui constituent l’épine dorsale de la circulation des marchandises en France, comme le Nord vers l’Ile-de-France et l’Est vers le couloir rhodanien, accusent des baisses de prix respectives sur un mois de 2,66% et 0,86%. Cela montre que l’offre est supérieure à la demande et cet écart tire les prix vers le bas dans le transport conventionnel de marchandises.
Dans son point de conjoncture du 17 novembre, l’Insee estime la baisse d’activité des secteurs de l’industrie et du bâtiment à 13% et celle de la consommation à 15% par rapport à leur niveau d’avant-crise. Globalement, le repli de l’activité économique est évalué à -13%, contre -30% en avril.
Comment expliquer une augmentation globale des prix du transport routier sur le marché français dans un tel contexte ? Le prix du gazole pourrait être considéré comme un facteur de hausse, puisqu’il a augmenté de 1,2% sur un mois. Toutefois, ce facteur ne représentant qu’un quart environ du coût total du transport, son impact se limite à 0,3%. La variation du prix du carburant n’est donc pas la cause majeure de la hausse des prix.
L’explication est à rechercher davantage dans la nature des flux de transport. "L’étude des montants agrégés de transactions par carte bancaire CB montre plusieurs différences avec le premier confinement et confirme l’adaptation des comportements de consommation : les ventes en ligne se sont envolées dès le début du reconfinement, alors qu’elles étaient en berne fin mars et les achats de précaution (alimentation, carburant) n’ont pas été aussi massifs que pendant les jours qui ont précédé le premier confinement", indique le point de conjoncture de l’Insee du 17 novembre.
Cette augmentation du e-commerce est visible sur tout le territoire, en zone urbaine et rurale. Ainsi, au niveau national, La Poste cherche à recruter 9000 saisonniers pour répondre à la hausse de l’activité de distribution de colis. Au niveau régional, à Vannes par exemple, le groupe annonce une augmentation de 30% des volumes. A Nantes, DHL indique également dans le journal Ouest France connaître une ascension fulgurante de ses volumes pendant la crise et faire face à une croissance continue de 8%/an jusqu’en 2025.
Or dans notre baromètre Upply, nous voyons une augmentation des prix de transport de 5,75% sur le seul mois de novembre en région Ouest et une diminution consécutive des kilomètres moyens transportés.
L’organisation logistique du e-commerce induit une fragmentation des transports en trajets plus courts. En conséquence, le coût du kilomètre moyen augmente parce que la distance parcourue diminue.
Sur le mois de novembre, la répartition des transports a ainsi profondément changé, au profit des trajets plus courts et de coûts kilométriques plus élevés, ce qui a eu un effet inflationniste sur le prix moyen en France.
Cependant, cet effet n’a qu’une incidence arithmétique et n’apporte aucun réconfort aux transporteurs extérieurs à la distribution des petits colis.