L’incertitude politique qui secoue la France depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 a pesé sur la croissance. Après un troisième trimestre en croissance de 0,4%, notamment en raison d’un effet Jeux Olympiques, le PIB a accusé un repli de 0,1% au 4è trimestre.
Ce ralentissement est amplifié par une crise budgétaire : le déficit public s’est aggravé pour atteindre près de 175 Md€, soit près de 6 points de PIB. En 2025, des efforts sont attendus pour remettre la France sur une trajectoire de réduction du déficit. Le projet de budget élaboré par le gouvernement Barnier prévoyait de ramener ce déficit à 5 points de PIB en 2025, mais la censure de ce gouvernement a rendu ces prévisions caduques. Finalement, le projet de loi de finances pour l'année 2025 du nouveau gouvernement Bayrou, adopté début février, annonce un déficit de 5,4 points de PIB.
Cette projection est basée sur une hypothèse de croissance de +0,9% en 2025, selon la dernière révision du projet de loi de Finances de janvier 2025, ce qui correspond à un ralentissement par rapport aux +1,1% enregistrés en 2024. Un chiffre qui semble optimiste : dans un rapport sur la situation des finances publiques, la cour des Comptes rappelle que le consensus des économistes a pour sa part révisé sa prévision à +0,7%. En effet, les efforts budgétaires nécessaires à la réduction du déficit public vont peser sur l’activité à court terme. D’autre part, les acteurs économiques sont confrontés à un manque de visibilité qui atteint des niveaux inédits. Les tensions géopolitiques et la guerre commerciale virulente relancée par l’administration Trump vont peser sur les perspectives économiques. Par ailleurs, la France souffre également des difficultés de son principal partenaire européen, l’Allemagne.
Les enquêtes de conjoncture de l’Insee reflètent un certain pessimisme. Malgré une hausse sur un mois de 0,5%, le climat des affaires reste très en deçà de sa moyenne sur une longue période. Les soldes d’opinion sur la demande future et les carnets de commande se dégradent dans la plupart des secteurs, ce qui conforte le scénario d’une croissance faible au premier semestre 2025.
Les prix du transport routier en France témoignent également de la faiblesse de l’activité, avec un recul assez sévère en janvier. Ils ont perdu 1,6% en glissement mensuel, confirmant les craintes des chefs d’entreprise qui voient les volumes baisser et les carnets de commande peu chargés.
Source : Upply Freight Index – Route France
Parallèlement, le gazole professionnel a continué à augmenter, enregistrant une hausse de 4,2% en glissement mensuel. Il s’agit du quatrième mois consécutif de hausse, qui porte l’augmentation à près de 9% sur la période (...)