Le deuxième trimestre 2024 a apporté une légère lueur d’espoir au secteur du transport routier européen. Grâce à un environnement économique un peu moins négatif au niveau de la demande, les taux de fret routier sont repartis à la hausse au 2è trimestre 2024, après deux trimestres consécutifs baisse. L’indice Upply des taux de fret routier spot en Europe s’établit à 127.7, en progression de 3,5 points en glissement trimestriel et de 0,8 point en glissement annuel, indique la dernière édition du rapport Ti/Upply/IRU sur les taux de fret routier en Europe.
Il serait en revanche prématuré de parler de reprise. Sur le marché contractuel, la baisse des taux de fret amorcée au trimestre précédent se poursuit. Au 2è trimestre 2024, l’indice Upply des taux de fret routier contractuels en Europe s’établit à 127.1, en repli de 1,3 points en glissement trimestriel et de 0,7 point en glissement annuel.
Source des données : Upply - NB : Nos estimations de prix sont basées sur des transactions réelles. L’indice peut donc faire l’objet de révisions ultérieures, au fur et à mesure que de nouvelles données sont intégrées dans la base Upply.
Depuis le premier trimestre 2023 et durant quatre trimestres, l’indice des prix spot est resté en-dessous de l’indice des prix contractuels, reflétant une faiblesse de la demande. L’inversion de tendance au 2è trimestre 2024 est légère, et demande à être confirmée. Mais elle semble indiquer une certaine normalisation du marché, liée à un environnement de demande un peu moins négatif, en particulier en matière de consommation. En revanche, la production industrielle de l’UE reste en souffrance, ce qui pèse sur le marché des taux contractuels.
Les transporteurs routiers doivent composer avec ce contexte économique incertain. Ils doivent aussi faire face à une hausse des coûts d’exploitation qui ne se dément pas et concerne tous les domaines. Dans l’ensemble de l’UE, les coûts de main d’œuvre sont en croissance de 7,7% par rapport à 2023. Même si la pression sur les augmentations de salaire s’atténue, au fur et à mesure que l’inflation reflue, la pénurie de conducteurs maintient une situation tendue dans le secteur du transport routier. Selon les résultats préliminaires de l’étude de l’IRU sur la pénurie de conducteurs, en 2024, 48% des entreprises européennes sont toujours confrontées à de très graves difficultés pour pourvoir les postes de conducteurs.
La pression s’est en revanche un peu desserrée au niveau des prix du carburant, le principal poste de coûts des transporteurs avec la main d’œuvre. Les prix du diesel ont baissé depuis le début du mois d'avril et jusqu'au début du mois de juin, sous l'effet de la diminution des prix du pétrole brut. Le prix moyen pondéré du gazole dans l'UE a atteint 1,07 €/l le 10 juin, contre 1,20 €/l le 8 avril (-11 %), et le niveau le plus bas observé depuis l'été 2023. Cependant, la situation reste fragile. Les prix du diesel ont augmenté à nouveau à la fin du deuxième trimestre, atteignant 1,14 €/L le 8 juillet.
Les autres postes de coûts, comme l’assurance ou les péages, sont également toujours orientés à la hausse.
L’enjeu des prochains sera donc la capacité des transporteurs à répercuter ou non les hausses de coûts. Thomas Larrieu, CEO d’Upply, se montre relativement optimiste : "les premiers signes de stabilisation de la demande des consommateurs commencent à apparaître, offrant des perspectives positives. Les conditions du marché devraient s'améliorer progressivement au cours de l'année". "Avec la reprise des volumes et le resserrement des capacités, nous nous attendons à ce que les transporteurs parviennent davantage à répercuter les hausses de coûts sur leurs clients. Pour le reste de l'année 2024, les conditions du marché devraient renouer avec leur tendance de long terme, à savoir des augmentations graduelles en lien avec l’évolution des coûts", estime également Michael Clover, responsable du développement commercial chez Ti.
Vincent Erard, directeur de la stratégie et du développement de l’IRU, tient cependant à rappeler que la situation reste compliquée pour l’industrie du transport routier, secteur dans lequel les marges sont particulièrement faibles, et notamment pour les PME. "Les décideurs politiques doivent aider les opérateurs et le secteur à répondre à la demande, notamment en investissant rapidement dans des mesures permettant d’accroître l'efficacité du secteur - pour les véhicules, les conducteurs et le système logistique dans son ensemble - et dans la mise en œuvre de carburants alternatifs."
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> Télécharger le rapport Upply/Ti/IRU sur les taux de fret routier européens au deuxième trimestre 2024 (en anglais)