Les transporteurs routiers européens sont confrontés à un début d’année 2024 difficile. Le niveau faible de la demande, avec notamment la "locomotive économique" allemande toujours en panne, pèse sur les taux de fret, alors que les coûts restent élevés.
Source des données : Upply - NB : Nos estimations de prix sont basées sur des transactions réelles. L’indice peut donc faire l’objet de révisions ultérieures, au fur et à mesure que de nouvelles données sont intégrées dans la base Upply.
L’indice des prix spot se situe à nouveau en-dessous de l’indice des prix contractuels, reflétant une faiblesse de la demande. Cependant, l’érosion des prix sur le marché spot commence à ralentir. "Cela peut indiquer que nous entrons dans un environnement de demande moins négatif, qui pourrait conduire à une normalisation des taux de fret", indique le rapport Ti/Upply/IRU du T1 2024.
L’inflation poursuit en effet sa baisse. Le taux de 2,4 % en mars en Europe était le plus bas depuis 33 mois. Cette tendance peut avoir des effets positifs sur la confiance des consommateurs. Dans ses prévisions de printemps, la Commission européenne a d’ailleurs légèrement revu à la hausse la croissance du PIB dans l’UE en 2024, prévoyant désormais une progression de 1,0 % dans l'UE. La prévision pour la zone euro reste inchangée, à + 0,8 %.
"Des signes de reprise économique commencent à se manifester, avec une hausse des prix déjà observée sur certaines lignes en avril 2024. Nous anticipons une amélioration progressive de la situation tout au long de l'année", analyse Thomas Larrieu, directeur général d’Upply. "Les coûts sont obstinément élevés et il se pourrait bien que nous entrions dans une nouvelle période difficile pour les chaînes logistiques, avec des indicateurs suggérant que les volumes d'importation se redressent et que les problèmes de congestion des supply chains, qui avaient été masqués par les faibles volumes, redeviennent plus aigus. Cela représente une conjonction défavorable en termes de capacités, qui se répercutera sur le marché du fret routier au cours des deuxième et troisième trimestres et devrait exercer une pression à la hausse sur les taux", renchérit Michael Clover, responsable du développement commercial chez Ti.
Les transporteurs sont en effet confrontés à des coûts d’exploitation durablement plus élevés. L’étau s’est un peu desserré sur le poste carburant. Cependant, après les baisses continues observées au cours du 4è trimestre 2023, les prix du diesel ont légèrement augmenté depuis le début de l'année, et les États ont désormais mis fin aux mesures d’aide qui avaient été décidées lors de la flambée des prix du diesel consécutive au déclenchement de la guerre en Ukraine. Le prix moyen du diesel à la pompe en Europe est en hausse de 3 % à la fin du premier trimestre 2024 par rapport au début du mois de janvier 2024. Par ailleurs, la période de forte inflation a engendré une pression à la hausse sur les salaires, renforcée par un contexte de pénurie de personnel, notamment pour les postes de conducteurs. Par conséquent, sur les deux principaux postes de coût, à savoir le personnel et le carburant, les transporteurs routiers constatent des hausses très significatives par rapport à la période pré-Covid et pré-conflit.
Par ailleurs, l'entretien des véhicules, l'assurance et les pneumatiques, restent élevés par rapport aux années précédentes, et un nouveau facteur vient pousser à la hausse les coûts d’exploitation : l’introduction en Europe des nouveaux péages basés sur les émissions de CO2. Ces changements ont entraîné une augmentation des péages de 7,4 % (+ 0,033 €/km) en Autriche, de 40% (+0,158 €/km) en Hongrie et de 13% (+0,026 €/km) en République tchèque.
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> Télécharger le rapport Upply / Transport Intelligence sur les taux de fret routier européens au 4è trimestre 2023 (en anglais)