Ces derniers jours, l’hypothèse d’un "décrochage économique" revient dans toutes les conversations. Cette expression, très présente dans le rapport Draghi de 2024 sur la compétitivité européenne, est réapparue dans une étude de l’OFCE (Observatoire Français des Conjonctures Économiques), l’Europe sous contrainte des coûts maîtrisés, des gammes entravées. Selon cette étude, le décrochage de l’économie européenne, et notamment de la France, par rapport à celle des États-Unis, vient d’une productivité en berne depuis un quart de siècle, créée par le manque d’investissement des entreprises.
En France, la situation politique actuelle n’arrange rien. La démission du nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu le 6 octobre, quelques heures après la communication de son gouvernement et quelques semaines seulement après sa prise de fonction en remplacement de François Bayrou, donne une vision très chaotique des affaires publiques de notre pays. La décision du Président de la République de nommer à nouveau Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre le 10 octobre a ajouté encore un peu plus à la confusion générale.
Dans ses dernières projections économiques, publiées en septembre, la Banque de France a revu légèrement à la hausse ses prévisions pour 2025 en tablant désormais sur 0,7% de progression du PIB, grâce à un acquis de croissance plus solide à mi-année et une activité plus dynamique au troisième trimestre. En revanche, le contexte national incertain et l’environnement international moins favorable (taux de change de l’euro, prix du pétrole, demande externe affaiblie) ont conduit à une révision à la baisse des perspectives pour 2026 et 2027. La croissance devrait atteindre 0,9 % en 2026 et 1,1 % en 2027, avec une reprise progressive de la consommation et de l’investissement privé, tandis que le commerce extérieur devrait assez peu contribuer.
L’inflation, après 2,3 % en 2024, devrait rester sous les 2 % sur la période, à 1,0 % en 2025 (grâce au recul des prix de l’énergie et à la modération dans les services), puis 1,3 % en 2026 et 1,8 % en 2027. L’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) devrait aussi diminuer, passant de 1,7 % en 2025 à 1,6 % les années suivantes. La hausse des salaires, supérieure à celle des prix, pourrait soutenir le pouvoir d’achat (+1 % par an), favorisant ainsi la consommation des ménages.
Dans l’immédiat, pourtant, l’incertitude entame la confiance des entreprises et des consommateurs. Selon les données publiées par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), l'indice synthétique du climat des affaires en France ressort à 95,9 points en septembre 2025, en baisse de 0,3 point sur un mois, et bien en-dessous de sa moyenne de longue période (100). Les chefs d’entreprises sont inquiets. Par ailleurs, la Banque de France souligne qu’une consolidation budgétaire moins ambitieuse que les 5,4 % de déficit prévus en 2025 ne stimulerait pas la croissance, l’incertitude fiscale incitant ménages et entreprises à adopter des comportements plus prudents. Malgré des gains de pouvoir d’achat liés à la baisse des prix de l’énergie, les Français limitent leurs dépenses : l’Insee prévoit une hausse de la consommation de seulement 0,3 % au 4e trimestre 2025, portée par les services (+1,4 %), tandis que les achats de biens stagnent (+0,1 %).
Malgré des conditions de marché extrêmement défavorables, les prix du transport routier ont résisté sur le marché français. En septembre, ils affichent même une légère hausse de 0,2% en glissement mensuel.
Source: Upply Freight Index – Route France
La comparaison de l’évolution depuis le début de l’année montre une courbe 2025 en-dessous ou seulement légèrement au-dessus de celle de 2024, ce qui montre une difficulté du secteur à répercuter l’inflation des coûts (...)