Inflation en Occident, restrictions liées à la pandémie de Covid-19 en Chine et guerre aux portes de l’Europe : cette combinaison funeste a eu un effet assez brutal sur la demande de transport maritime au mois d’avril. Amorcé mi-mars, ce mouvement n’est que peu ou pas perceptible dans les résultats trimestriels des grandes compagnies maritimes, mais certaines ont cependant alerté sur le grand degré d’incertitudes à venir.
"La demande mondiale de conteneurs a diminué de 1,2 % au premier trimestre 2022, contre une croissance de +8 % pour la même période en 2021", indique Maersk dans la présentation de ses résultats trimestriels. "La croissance des flux commerciaux s'est stabilisée de l'Extrême-Orient vers l'Amérique du Nord et l'Europe. L'invasion de l'Ukraine par la Russie a un impact négatif sur le commerce et sur la confiance des consommateurs en Europe. Dans ce contexte, on s'attend à ce que la demande mondiale de conteneurs évolue dans une fourchette de -1% à +1 %, alors que les prévisions antérieures étaient de 2 à 4 %", précise l’armateur danois.
Depuis début avril, l’ensemble du secteur a les yeux rivés sur la Chine. À la lumière de la réalité vécue sur le terrain, mais aussi du ralentissement attendu puisque la prévision de croissance officielle annuelle est évaluée à +5,5% pour 2022 (soit le taux le plus faible annoncé depuis des décennies), plusieurs paramètres inquiètent :
Au premier trimestre, la croissance chinoise a conservé une certaine vigueur en atteignant +4,8%. Le ralentissement devrait plutôt se sentir au deuxième trimestre et le retard pris sera difficile à rattraper.
Entre les contraintes endogènes chinoises et un monde occidental qui commence sérieusement à compter ses sous, le tout dans contexte géopolitique particulièrement périlleux, le moteur de l’économie mondiale se grippe, lentement mais malheureusement assez sûrement. L’hypothèse d’une restauration en douceur des supply chains est définitivement écartée. Le psychisme d’une économie de guerre s’installe, avec un focus particulier sur les denrées de première nécessité, à commencer par les produits alimentaires et énergétiques.
Sur plusieurs axes, les taux FAK connaissent une tendance baissière affirmée. Les blanks sailings massifs au départ d’Asie actuellement vont avoir un effet boomerang particulièrement néfaste pour les exportateurs européens.