L’ouverture de la saison des appels d’offres annuels dans le transport maritime conteneurisé se caractérise par des dynamiques tarifaires très contrastées en fonction des trades.
Pour les chargeurs et les compagnies maritimes, le mois d’octobre marque la mise en route des procédures d’appels d’offres et de la préparation des budgets.
1/ Le contexte de négociation
Plusieurs tendances lourdes se dégagent déjà pour 2023.
- Une faible probabilité de restauration de la qualité de service des compagnies maritimes sur un standard pré-pandémique. Ce paramètre impose aux chargeurs une approche toujours plus prudente en matière de stockage, et donc onéreuse en termes de frais d’entreposage, de surestaries et de détention.
- Des tarifs de fret maritime maintenant structurellement à la baisse en sortie de Chine et d’Asie en général. Cette tendance accompagne une baisse du volume global à transporter, qui devrait retrouver en 2023 les niveaux de 2018-2019 sur les grandes lignes transocéaniques, après quasiment deux ans de surchauffe.
- Des lignes courtes distances plus nombreuses intégrées par les chargeurs dans leurs appels d’offres, pour tenir compte des options alternatives de sourcing. Ces solutions de nearshoring sont souvent plus onéreuses et limitées, mais elles permettent délais plus courts et mieux maîtrisés.
- Un renchérissement du dollar et une dépréciation mécanique des autres monnaies qui va profondément impacter les décisions d’achat et les quantités commandées sur la zone dollar.
- Une persistance du tryptique "3C" Conflit/Climat/Covid, qui pèse comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête des décideurs, rendant tout travail de projection économique assez aléatoire avec de tels facteurs d’instabilité. Cela rend naturellement la demande plus volatile et orientée sur le court-terme par manque de confiance et de perspectives.
- Une poursuite voire une aggravation du super slow steaming généralisé. Matson, qui s’était démarqué en prenant la décision appréciée d’accélérer sur le transpacifique grâce à un service premium, vient d’annoncer qu’il jetait l’éponge, compte tenu de la faiblesse du marché actuel et à venir. Ce dernier point rejoint le premier, vitesses basses et services décalés des navires sont le cocktail assuré d’une "non-résilience" des chaînes logistiques globales en 2023.
- Un retour plus massif à des pénuries de conteneurs sur les zones de besoin, la dégradation des résultats financiers des compagnies ne les incitant pas à repositionner massivement des conteneurs vides à leurs frais.
- Une dégradation du climat social portuaire, en raison des effets négatifs de l’inflation sur le pouvoir d’achat.