Market Insights

Encéphalogramme plat pour les taux de fret maritime en juillet

Rédigé par Jérôme de Ricqlès | 11 août 2023

BAROMÈTRE. Les taux de fret maritime semblent avoir atteint un point bas sur les principaux axes. En 2024, l’intégration du transport maritime dans le système d’échange de quotas d’émissions pourrait faire bouger les lignes. 

Les faits marquants du mois

  • L'évolution des taux de fret

Sur la majorité des grands corridors, les taux de fret semblent désormais avoir atteint un point bas au mois de juillet 2023. Les compagnies maritimes espèrent maintenant une relance des commandes qui pourrait se traduire par une augmentation des prix au 4è trimestre, mais pour l’instant, l’heure est encore à la prudence, et donc à un réajustement permanent des services.

  • La stratégie révisée de l’OMI en matière de réduction des gaz à effets de serre

Les États membres de l’Organisation maritime international (OMI) ont adopté le 7 juillet une stratégie révisée concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) provenant des navires. Cette stratégie comprend "une ambition commune renforcée de parvenir à réduire à zéro les émissions nettes de GES provenant des transports maritimes internationaux d’ici à 2050, un engagement à garantir l’adoption des combustibles de substitution à émissions de GES nulles ou quasi nulles d’ici à 2030 ainsi que des points de contrôles indicatifs pour 2030 et 2040".

La pression monte en faveur d’engagements plus contraignants. Camille Egloff, directrice associée Senior du Boston Consulting Group (BCG), vient de présenter une vaste et brillante étude sur le sujet dont voici quelques chiffres clés :

  • Le coût de la neutralité carbone dans le secteur maritime est estimé à 2400 milliards de dollars sur 30 ans.
  • Le financement de ces investissements représenterait 10 à 15% des taux de fret encaissés sur la période.
  • 82% des chargeurs savent qu’ils vont devoir payer un surcoût mais n’envisagent pas de débourser plus de 3% supplémentaires sur leur budget d’achat de transport maritime. L’étude souligne que ces chiffres sont en évolution positive. L’an dernier, 70% des chargeurs se disaient prêts à payer un surcoût, de 1% seulement.
  • Le BCG met en avant 4 leviers à la conduite du changement : la réglementation, les financements, les comportements des consommateurs et les comportements des employés.

Très active sur ces questions, l’Union européenne s’est dotée d’un corpus réglementaire qui a pour socle le paquet législatif Fit for 55. Par ailleurs, la récente réforme du système d'échange de quotas d'émission de l'UE (SEQE) a abouti à l’intégration du transport maritime dans le système, à partir de 2024. Cette financiarisation des émissions pourra d’évidence permettre aux compagnies de trouver un gisement de recettes supplémentaires mais sera-t-il suffisant pour financer la mutation technologique accélérée de leurs navires ? La question reste ouverte !

  • L'incendie du Fremantle Highway

Dans la nuit du 25 au 26 juillet, le car carrier Fremantle Highway a pris feu au large des Pays-Bas. Ce navire était parti du port allemand de Bremerhaven pour rejoindre Port-Saïd en Egypte avant de reprendre la route pour Singapour, sa destination finale. Il transportait 3 783 voitures neuves, dont 498 véhicules électriques, selon la compagnie K Line qui affrétait le navire. Les causes de cet incendie, qui a fait une victime parmi les marins de l’équipage, ne sont pas encore déterminées, mais selon certains témoignages, une des voitures électriques pourrait en être à l’origine. De quoi relancer les débats sur un renforcement de la réglementation, alors que les assureurs ont déjà tiré la sonnette d’alarme sur les risques liés aux batteries au lithium-ion.