Market Insights

Fret aérien : le ralentissement se confirme

Rédigé par Anne Kerriou | 15 novembre 2022

Le trafic mondial de fret aérien a chuté de 10,6 % au mois de septembre 2022 en glissement annuel, ce qui induit aussi une accalmie sur les taux de fret.

Les chiffres de septembre publiés par l’Association du transport aérien international (IATA) confirment le ralentissement de l’activité dans l’industrie du fret aérien. Les volumes mondiaux s’élèvent à 20,33 milliards de tonnes-kilomètres, soit une diminution de 10,6 % par rapport à septembre 2021 (-10,6 % également pour les opérations internationales). Certes, les valeurs de références sont élevées, car le deuxième semestre 2021 avait été marqué par une activité particulièrement dynamique, en lien le rattrapage de l’économie. Mais ce repli reste symptomatique d’un ralentissement du marché. La demande, en septembre 2022, se situe 3,6% en-dessous du niveau pré-pandémique de septembre 2019. Par ailleurs, en données corrigées des variations saisonnières, les volumes diminuent de 1,5% entre août et septembre 2022.

* FTK : tonnes-kilomètres de fret – Source des données : IATA.

Les grands marchés en panne

Comme au mois d’août, seules les compagnies d’Amérique latine et d’Afrique enregistrent une progression par rapport à l’année précédente. Mais elles représentent un trafic marginal sur le marché mondial.

Les compagnies asiatiques, leaders du marché avec une part de 32,6%, constatent une nouvelle dégradation, avec une demande en repli de 10,7% (-8,3% en août). La tendance est similaire pour les compagnies américaines (-6% en septembre contre -3,4% en août).

Enfin, les conséquences de la guerre en Ukraine continuent de peser sur l’activité des compagnies aériennes européennes mais aussi de façon croissance, sur celles du Moyen-Orient.

Érosion des taux de fret

Les compagnies aériennes semblent faire preuve d’une certaine vigilance face à l’érosion du marché. La restauration des capacités se poursuit, mais elle ralentit nettement. En septembre 2022, l’offre est supérieure de 2,4 % à celle de septembre 2021 (+5,0 % pour les opérations internationales), mais toujours inférieure de 7,4 % aux niveaux de septembre 2019 (-8,1 % pour les opérations internationales). "Le ralentissement stratégique de la croissance de la capacité, qui est passée de 6,3 % en août à 2,4 % en septembre, démontre la souplesse dont dispose le secteur pour s'adapter à l'évolution de l'économie", estime Willie Walsh, directeur général de l'IATA. Le coefficient de remplissage s’établit à 48,1%, contre 50,7% en septembre 2021. À l’international, il passe de 56,8% à 53,4%.

La base de données Upply, qui inclut des prix spots et des prix contractuels, reflète la tendance au ralentissement. Les taux de fret restent toutefois très solides par rapport aux niveaux pré-pandémiques. L’évolution semble pour l’instant moins brutale que dans le transport maritime.

Source : Upply

Des signaux économiques toujours défavorables

Pour le directeur général de l’IATA, ces résultats un peu moroses du fret aérien sont pourtant assez satisfaisants, compte tenu des "vents contraires" auquel le secteur est confronté.

Willie Walsh cite en premier lieu un changement de nature des habitudes de consommation, par rapport à la période pandémique. Les consommateurs se tournent à nouveau vers les services (restaurants, loisirs), probablement au détriment des achats de biens en ligne, qui avaient explosé durant les confinements. D’autre part, les niveaux élevés d’inflation et la crainte d’une récession poussent également à la prudence.

Enfin, le pessimisme se traduit aussi dans l’évolution de l'indice mondial des directeurs d'achat (PMI) pour les nouvelles commandes à l'exportation. Celui-ci s'est contracté pour le troisième mois consécutif (et même pour le 7è mois consécutif en Allemagne) et a atteint son plus bas niveau en deux ans.

Malgré quelques éléments positifs comme le ralentissement de l'inflation des prix à la production ou la stabilité des prix du pétrole en septembre, il semble évident que le fret aérien ne revivra pas la flamboyante saison haute de 2021.