La demande mondiale de fret aérien s’est révélée plutôt stable au mois d’août, pour le 4è mois consécutif. Mais elle reste bien au-dessus des niveaux pré-Covid, avec une croissance de 7,7% par rapport à août 2019, légèrement inférieure à celle de juillet (+8,8%). La progression enregistrée cette année dépasse aussi largement la moyenne mensuelle du secteur sur le long terme qui se situe à 4,7%, rappelle l’Association du transport aérien international (IATA).
* FTK : tonnes-kilomètres de fret – Source des données : IATA
Après quelques mois d’amélioration, la tension sur les capacités s’accroît de nouveau. Au mois d’août, l’offre a diminué de 1,6% par rapport au mois de juillet, ce qui représente la plus forte contraction depuis le mois de janvier. Par rapport à août 2019, les capacités sont en repli de 12,2%, et même de 13,2% sur les liaisons internationales.
Ce phénomène illustre la vulnérabilité persistante du transport aérien dans le contexte pandémique. La chute est en effet principalement imputable à la propagation du variant Delta en Asie, qui a conduit à la fermeture de l’aéroport de Nanjing et à l’application de mesures de quarantaine très strictes dans d’autres hubs aéroportuaires majeurs comme Shanghai ou Pékin, décrypte l’IATA. Les confinements décidés au Vietnam ont également pesé sur l’offre de fret aérien.
La contraction de l’offre, dans un contexte de demande dynamique, maintient les coefficients de remplissage à des niveaux exceptionnels. Le taux global de 54,2% enregistré en août 2021, soit 10 points de plus qu’en août 2019, représente un record pour cette période de l’année. La croissance est particulièrement spectaculaire pour les compagnies d’Asie-Pacifique dont le coefficient de remplissage atteint 69,8%, soit 18,5 points de plus qu’en août 2019 ! Cette tendance résulte directement des perturbations opérationnelles qui ont frappé l’Asie/Pacifique, entraînant une baisse de 28,1% des capacités offertes.
Les prix du transport de fret aérien, tout en restant très élevés par rapport aux niveaux pré-Covid, ont connu une certaine accalmie ces derniers mois. Mais le regain de tension sur les capacités, combiné à une forte demande, les fait repartir à la hausse au mois d’août, "rendant le fret aérien moins abordable pour de nombreux secteurs", constate l’IATA. C’est notamment le cas sur l’axe Asie-Europe, comme en témoignent les chiffres de notre base de données Upply. La comparaison par rapport à août 2020 permet aussi de constater une augmentation significative des taux de fret dans la zone intra-Asie, ainsi qu’entre l’Europe et l’Amérique du Nord.
La tendance s’est confirmée au mois de septembre, avec une poursuite de l’augmentation des prix en intra-Asie, sur l’axe Asie-Europe et sur l’axe Europe/Amérique du Nord.
Source : Upply - NB : Ces estimations sont basées sur des transactions réelles. Les évolutions mentionnées peuvent faire l’objet de révisions au fur et à mesure que de nouvelles données sont intégrées dans la base Upply.
Les indicateurs économiques montrent que la demande restera très dynamique pendant la "peak season", c’est-à-dire ce 4è trimestre de l’année traditionnellement marqué par plusieurs événements commerciaux comme le Single Day ou le Black Friday, et bien évidemment la période Noël. À l’approche de cette période de forte consommation, les stocks restent relativement bas. Un facteur favorable pour le fret aérien, si les compagnies parviennent à aligner des capacités.
Il est désormais trop tard pour envisager des approvisionnements par voie maritime si l’on n’a pas déjà procédé aux réservations de capacité. Et le fret ferroviaire est lui aussi victime de son succès, avec des engorgements aux frontières qui ont significativement allongé les temps de transit.
Les prix du fret aérien devraient donc continuer à augmenter au 4è trimestre. Globalement, selon les dernières estimations de l’IATA, les compagnies aériennes devraient enregistrer un chiffre d’affaires cargo de 175 milliards de dollars en 2021, en hausse de 36% par rapport à 2020, pour des volumes en croissance de 18,2%. La recette unitaire moyenne devrait ainsi atteindre 3 $/kg, contre 2,71 $ en 2020 et 1,79 $ en 2019.
Après cette année 2021 placée sous le signe d’un "rattrapage" de l’activité, 2022 devrait conserver une dynamique positive mais dans des proportions plus modérées. "Nous prévoyons que la valeur du commerce international expédié par fret aérien en 2021 sera de 7 500 milliards de dollars, soit 15% de plus qu'en 2019, et qu'elle augmentera encore de 7,2% en 2022", indique l’IATA.
Cela devrait se traduire par une poursuite de l’augmentation des volumes (+4,9%), mais l’IATA constate d’ores et déjà quelques signes avant-coureurs du ralentissement. Les perspectives en matière de production manufacturière, mesurée par l’indice PMI, indiquent toujours une croissance au mois d’août, mais plus lente que les mois précédents, "en raison de résultats plus faibles aux États-Unis, dans la zone euro et en Asie", constate l’IATA. Même chose pour les commandes à l’exportation : "l'expansion a ralenti au niveau mondial et s'est transformée en contraction dans les économies émergentes", souligne l’IATA.
Ce mouvement devrait engendrer une diminution des prix. Selon les estimations de l’IATA, la recette unitaire moyenne devrait se situer à 2,67 $/kg en 2022, ce qui reste bien supérieur au niveau de 2019. Le chiffre d’affaires cargo des compagnies aériennes devrait quant à lui décliner de 3,6%, pour atteindre 168,9 Md$. Là encore, on sera bien au-delà des 100,8 Md$ de 2019.