Le big bang n’a pas eu lieu. Néanmoins, nous notons des évolutions profondes dans les Incoterms® 2020, qui tiennent compte de l’évolution des pratiques commerciales et principalement de la croissance de la conteneurisation et de la multimodalité dans les échanges planétaires de marchandises (dans la droite ligne des révisions de 2000 et 2010).
Le fil conducteur reste une promotion affirmée des Incoterms® à vocation multimodale. En cela, on peut dire que la "promesse" associée à cette révision décennale est remplie.
Les Incoterms® ICC 2020, au-delà des cultures et des pratiques locales, sont un outil transverse à disposition des co-contractants à l’international.
Leur finalité est de qualifier les offres et les prix de vente internationaux, avec un maximum de clarté. Objectif : éviter ainsi des mauvaises surprises, surcoûts ou exposition à des risques non éclairés, pour chacune des parties du contrat commercial.
#Incoterms2020 has arrived! #import #export@ICCSecGen John W.H. Denton AO highlights what this #trade term update means for #traders worldwide.
— ICC Incoterms® Rules (@ICC_Incoterms) September 10, 2019
Learn more ➡️ https://t.co/Mrr0diFOo9 pic.twitter.com/pHtwbcwKiJ
L’isolement des États-Unis, qui ne participent pas directement à la discussion, est malheureusement une constante qui ne change pas. Quant aux velléités "d’appropriation" des Incoterms® par les Chinois, elles ont visiblement été réfrénées.
Rappelons qu’une offre commerciale à l’international, c’est un prix de vente associé à un Incoterm® et un lieu. Plus on intègre du transport "bien" acheté dans la valeur faciale de son prix de vente, plus on rend son offre compétitive et plus on contrôle ses flux.
Vous trouverez dans le tableau global ci-dessous la mise à jour synthétique tenant compte des changements majeurs entre les versions 2010 et 2020.
Quelques remarques personnelles
Je ne peux que me ranger du côté des très bonnes remarques faites par Michel Piquet dernièrement dans le magazine L’Antenne. Figure historique de l’Isteli, Michel Piquet a formé des générations de commissionnaires de transport aujourd’hui en activité dans des grands groupes, en France comme à l’international. En complément, voici la synthèse que nous pouvons proposer :
Ce geste commercial implicite, pas toujours bien analysé par les hiérarchies chez les chargeurs, fait partie des accords dits "locaux", souvent dans le dos des services achat des grands groupes qui supportent ainsi des frais qui ne sont pas répercutés.
La promotion, voire l’imposition du FCA (Franco Transporteur – lieu désigné), dans le cadre des ventes au départ de type entrepôt, aurait pu simplifier et mieux qualifier le process physique et sa retranscription dans le prix de vente.
Pour la première fois, les Incoterms® 2020 ont prévu, pour la règle FCA, un mécanisme optionnel : si les parties en sont ainsi convenues dans le contrat, l’acheteur doit demander à son transporteur d’émettre un connaissement au vendeur comportant une annotation de mise à bord.
On peut toutefois émettre des doutes sur la pertinence opérationnelle de cette option. En FCA, l’usage maritime veut que les taxes de manutention au terminal (THC – Terminal Handling Charges), soient par définition à la charge de l’acheteur. Il est à ce stade illusoire de penser qu’un vendeur pourrait se faire délivrer un connaissement maritime "chargé à bord" (même si ce dernier est dématérialisé) alors que la livraison est intervenue en amont au "vu à quai" sur le terminal de départ… Rien ne prouve en effet, dans la séquence portuaire, que c’est parce qu’un conteneur est à quai sur un terminal de départ qu’il sera à bord du navire convenu….
Une prochaine révision pourrait être l’occasion de "pousser" le FCA jusqu’à la mise à bord pour le transfert de frais et de risques. Cela permettrait de coller à la réalité opérationnelle d’un conteneur export livré à bord, arrimé, au port de départ convenu, ce qui a beaucoup plus de sens pour qualifier un prix de vente export de type départ.
En effet, dans cette activité, la notion de passage du bastingage du navire, pour les transferts de frais et de risques, ne fait que polluer la compréhension du transfert.
Dans la pratique, une THC au port de chargement ne se "saucissonne" pas. C’est une prestation portuaire packagée qui intègre une unité de prestation, depuis la "réception chauffeur" du conteneur non déchargé à l’entrée du terminal portuaire de départ jusqu’à la mise à bord sur le navire désigné, conteneur arrimé, toujours au même terminal de départ.
À titre personnel, j’estime qu’il est dommage de ne pas être allé un peu plus loin dans les usages FCA et FOB. Mais je suis peut-être un peu déformé par une perception hyper multimodale du transport que j’appréhende principalement sous le prisme du conteneur maritime FCL…
Plus que jamais, avec la mise en avant généralisée des Incoterms® multimodaux et la multiplication des terminaux, associer uniquement un nom de ville à un Incoterm® ne suffit plus. Il convient, en plus de la ville, de mentionner des adresses exactes, voire des numéros de quai et des points GPS sans oublier les ZIP codes internationaux et / ou codes LOCODES (UNCTAD) associés. Cette rigueur est incontournable pour faciliter la digitalisation de ces points de ruptures contractuels.
Captain Upply