Le ministère des Transports, associé à l’ensemble des professions de la logistique, du transport de marchandises et des places portuaires, a réaffirmé le 18 mars l’impérieuse nécessité d’assurer la fluidité des échanges via les hubs stratégiques que sont les ports de commerce. Une reconnaissance du rôle stratégique de la filière qui vaut en période de crise aigüe, telle que nous la vivons en ce moment, mais aussi en prévision de la reprise qui ne manquera pas d’arriver.
Nos Ports Community Systems (Soget pour Haropa et MGI pour Marseille-Fos) ont tout mis en œuvre pour garantir la continuité de leurs services. Il en est de même pour les agences maritimes qui peuvent maintenant gérer 99% de la documentation de façon digitale.
La priorité doit être donnée logiquement à l’alimentaire et aux produits pharmaceutiques, secteurs les plus sensibles en cette période de tension dans les supply chains, sans oublier pour autant les autres secteurs économiques forts.
En ce qui concerne la pharma, compte tenu de la pénurie de conteneurs reefers actuelle, il serait fortement souhaitable que l’Europe assouplisse ponctuellement sa réglementation de 2013 afin de pouvoir expédier en conteneurs classiques les produits ne nécessitant pas impérieusement le reefer, comme c’était le cas auparavant. La navigation de printemps en hémisphère nord le permet, éventuellement avec des kits isothermes dans certains cas les plus sensibles.
Une action conjointe des États, soutenue par un baril très bas, devrait également inciter les opérateurs maritimes à accélérer ponctuellement les vitesses commerciales des navires afin de réduire les temps de transit, de réintégrer du tonnage dans les rotations en procédant au rapatriement d’urgence de conteneurs vides d’Asie, avec un focus tout particulier sur les reefers.
L’Europe doit absolument, tout en respectant les impératifs sanitaires, continuer à "appuyer sur la pédale d’accélérateur" pour ne pas se retrouver à contre-pied, économiquement parlant, lorsque le redémarrage des échanges viendra. Ce serait une double peine lourde de conséquences pour nos marchés.
Le revers de la médaille de ce scénario, c’est que l’on va brûler ponctuellement un peu plus de fuel. C’est le prix à payer, mais il reste acceptable face aux enjeux auxquels nous sommes confrontés. Cette approche permettrait de sauver une année bien mal partie avec un retour accéléré à la normalisation des échanges Est-Ouest, clé de voûte de l’économie mondialisée actuelle.