La courbe des prix de transport en France affiche une légère baisse de 0,4% en octobre. Ce repli, annoncé dans notre précédente analyse mensuelle, signe la fin d’une période de quasi stagnation des prix.
Le graphique ci-dessous, représentant la variation hebdomadaire des prix de transport en France, montre que depuis le mois de mai, l’évolution a oscillé à l’intérieur d’un "tunnel" qui a pour centre la valeur 97,7, dans une fourchette de plus ou moins 1,65 point (à une exception près). Plus de 70% des valeurs étaient situées dans des limites inférieures à plus ou moins 0,95.
Source : Upply
L’inflation observée d’une semaine sur l’autre en octobre, qui correspond aux quatre derniers points de la courbe, pourrait laisser penser nous avons atteint un plancher dans l’évolution des prix du transport routier sur le marché français. Mais les taux de fret ne devraient pas remonter et ce tunnel n’est très probablement qu’un palier avant une reprise de la baisse.
Le graphique montre également que les prix de septembre et octobre se situent sur la partie haute du tunnel avec une volatilité beaucoup plus faible ; cet effet est très atténué en France, mais il était plus fort chez nos voisins allemands ou polonais qui le baptisent la "reprise différée".
Le concept de reprise différée illustre un phénomène de rattrapage de la consommation et de la production que le confinement avait gelé et la période estivale freiné.
Ce surplus d’activité s’exprime à deux reprises sur la courbe de la variation hebdomadaire des prix de transport entre fin août et début septembre, et en octobre. Dans la base de données Upply, nous avons d’ailleurs enregistré un pic d’activité des transactions de nos partenaires à 110 en septembre (base 100) soit un nombre de transactions supérieur à la période d’avant-crise. Mais déjà en octobre, le chiffre descend à 95.
Cette baisse des transactions en octobre va de pair avec l’évolution du climat des affaires qui repart à la baisse en octobre (-1,7 %), après 5 mois de hausse (voir le tableau en fin d’article). "Les perspectives d’activité s’assombrissent par rapport au mois dernier. Le recul est marqué dans les services, en particulier dans l’hébergement-restauration, secteur affecté par le renforcement des mesures d’endiguement sanitaire. Le repli est plus modéré dans l’industrie. Dans le commerce de détail, le climat des affaires est stable. Les perspectives d’activité déclarées par les chefs d’entreprises du bâtiment se stabilisent également", détaille l’Insee.
Dans son point sur la conjoncture à fin octobre 2020, la Banque de France confirme : "Sur le mois d’octobre, l’activité a été peu affectée dans la plupart des secteurs (…) Les perspectives d’activité pour le mois de novembre sont orientées à la baisse, principalement dans les services… Au total, la perte d’activité en novembre serait plus différenciée et plus limitée que lors du premier confinement. Nous estimons ainsi que la perte de PIB (par rapport au niveau normal d’avant la pandémie) serait de – 12 % en novembre, contre – 4 % en octobre mais – 31% en avril".
Les mesures de couvre-feu mises en place le 17 octobre en Île‑de‑France et dans huit métropoles, étendues le 24 octobre à 54 départements ont impacté la quantité totale des transports et ont suffi à mettre fin à la période de reprise différée.
Le confinement instauré sur l’ensemble du territoire le 30 octobre va entraîner une baisse significative de la demande de transport, a priori dans tous les secteurs à l’exception des activités essentielles comme la pharmacie ou l’alimentation. Mais parallèlement, à l’inverse de ce qui s’était passé au printemps, ce confinement plus « light » ne précipitera pas la baisse de l’offre de transport, en tout cas dans un premier temps. Les transporteurs nationaux et internationaux sont bien présents, et le pic attendu des périodes de préparation des Fêtes de fin d’année pourrait ne pas suffire à garantir un équilibre offre-demande.
En conséquence, les prix de transport devraient baisser de façon plus nette au dernier trimestre, avec des répercussions sur la trésorerie des entreprises. De quoi alimenter encore un peu plus la consolidation déjà en marche dans le secteur du transport routier de marchandises.
Source : Insee, CNR