Les prix du transport routier sur le marché français ont progressé d’un maigre 0,3% en septembre 2020 par rapport à août sur notre baromètre mensuel Upply. Pas de quoi endiguer la descente inéluctable des prix constatée depuis un an et amplifiée par la crise de la Covid-19.
La courbe des prix de transport en France a enregistré une légère hausse de 0,3% en septembre, qui n’a pas compensé la baisse d’août que nous qualifiions de saisonnière dans notre précédente analyse mensuelle. Ainsi, l’érosion des prix sur 1 an atteint -4,6% en septembre, contre -4,3% en août et -3,7% en juillet. Il y a bien un déclin continu des prix en France que nous pouvons observer dans le graphique ci-dessous.
Source : Upply
Tassement de la reprise
La vigueur de la reprise et l’optimisme retrouvé que nous constations en juin et en juillet de cette année se sont érodés à la sortie de l’été. Le moral des patrons français se tasse ; la progression mensuelle du climat des affaires (voir tableau en fin d’article) n’est plus que de 2% contre 8% en juillet et en août. L’Insee évoque d’ailleurs "un rebond tempéré par l’incertitude sur les perspectives d’activité".
La Banque de France est sur la même longueur d’onde. Dans son point sur la conjoncture française à fin septembre 2020, elle écrit : "en septembre, l’activité est globalement stable selon les chefs d’entreprise et fait ressortir de fortes disparités entre secteurs". La perte du PIB reste évaluée en septembre à -5%, comme en août.
Sans surprise, les secteurs alimentaires et pharmaceutiques sont les plus proches de la pleine activité connue avant la pandémie. À l’inverse, la restauration et l’hébergement, l’énergie et l’industrie manufacturière accusent les plus forts reculs.
Transporteur : une santé tributaire du secteur d’activité
Dans ces conditions, l’activité des transporteurs spécialisés suit celle de leur niche sectorielle.
Les entreprises très présentes dans les secteurs pharmaceutiques, alimentaires ou dans la livraison à domicile tirent leur épingle du jeu. Elles bénéficient de 3 facteurs favorables :- une activité importante voire supérieure à celle d’avant la pandémie ;
- une concurrence étrangère moins présente sur ces marchés ;
- une baisse des coûts opérationnels de transport (voir tableau ci-après).
En revanche, les transporteurs très spécialisés sur des secteurs fortement touchés par les conséquences de la pandémie n’ont pas d’autres choix que de recourir au chômage partiel pour limiter leurs pertes. Mais ils sont sous forte tension : la baisse des volumes, les appels d’offres de leurs clients qui veulent réduire les coûts, la concurrence étrangère dans les traffics palettisés secs et la sous-utilisation du matériel roulant pèsent lourd. La situation de leur trésorerie passe sous haute surveillance.
Les transporteurs qui ont un portefeuille d’activités plus diversifié peuvent quant à eux essayer de répartir leurs moyens et leurs ressources différemment. Cela ne peut marcher qu’à la condition d’avoir des exploitations agiles, des chauffeurs motivés et des garages experts. Les entreprises qui avaient l’habitude de gérer les excédents de volume par de la sous-traitance vont conserver ces transports pour leur propre flotte de véhicules et donc moins faire appel à des prestataires extérieurs.
La baisse des prix va se prolonger
En résumé, les trafics réguliers des secteurs plus sinistrés sont placés sous la contrainte d’appels d’offres visant à obtenir une baisse des prix, et les trafics spots sont en forte diminution. Les prix du transport régulier ont et vont continuer à se replier et les prix spot vont dégringoler, avec souvent des baisses à 2 chiffres.
En attendant la deuxième vague de l’épidémie de coronavirus que l’on voit poindre, la mécanique est désormais lancée pour que les prix continuent de se rétracter inéluctablement.
LES PRINCIPAUX INDICATEURS
Source : Insee, CNR