Les tendances ressenties en juillet sur le marché du transport maritime conteneurisé se sont confirmées au mois d’août : la demande ralentit, ce qui tend à faire baisser les prix spot, en particulier au départ de Chine. Un climat morose prévaut en cette rentrée marquée par les incertitudes économiques, la guerre aux portes de l’Europe et la vie chère, sans parler des risques pandémiques en embuscade qui restent bien présents.
Ce cocktail anxiogène induit un retour fort du politique dans les démocraties qui, face à des régimes autoritaires incontournables dans notre économie mondialisée, doivent réfléchir dans une certaine urgence à la société qu’elles souhaitent bâtir pour demain. Soulignant "la fin de l’abondance" et "d’une forme d’insouciance", le président de la République Emmanuel Macron évoque une "grande bascule". Le chancelier allemand Olaf Scholz partage ce diagnostic. Les mots sont forts. Ils constatent la fin de vie du modèle d’économie mondialisée tel que nous le connaissons depuis 30 ans, mais sans que l’on sache véritablement à ce stade vers quel modèle de substitution nous voulons tendre.
À court terme, pour continuer dans le décryptage des terminologies en vogue, la "sobriété" devient la vertu phare de la rentrée, en particulier sur le plan énergétique. Mais c’est un autre mot, bien plus inquiétant, qui apparaît déjà en filigrane : la récession.
Face à ces incertitudes structurelles marquées, le secteur de la ligne maritime régulière navigue à vue, prévoit déjà une année 2023 compliquée et s’affaire à sécuriser un deuxième semestre 2022 aussi profitable que le premier. Sur ce dernier point, le pari est en passe d’être gagné, ce qui témoigne d’une gestion très habile de la part des compagnies maritimes. En effet, celles-ci doivent simultanément engranger un maximum de profits avant l’orage et faire preuve d’un certain sens des responsabilités en apportant leur contribution à la lutte contre l’inflation. Elles peuvent aujourd’hui mettre en avant la baisse bien réelle des taux spots en sortie d’Asie... Une communication efficace, mais qu’il convient de tempérer en rappelant que ces fameux taux spot couvrent entre 10 et 15% des volumes seulement. Les prix contractuels, eux, sont encore trois fois supérieurs à ce qu’ils étaient avant la pandémie.