Il fallait s’y attendre, la morosité a gagné la France du transport, après toutefois quelques semaines de résistance. Cela vient clore la période de consolidation des prix que nous notions depuis juillet et qui s’interrompt en octobre.
Quand on regarde l’évolution de la courbe des indices de prix en France, on note une évolution en M (voir ci-dessous). La première branche ascendante a enregistré son point haut en septembre 2018 (102,7). On a ensuite atteint un pic bas en mars 2019 (97,4), suivi d’un nouveau point haut (101,2) en juin 2019, en retrait de 1,4% toutefois par rapport à celui de septembre 2018. Si le scénario se confirme, le point bas de la dernière branche devrait donc être atteint en 2020, avec quelques points de moins qu’en mars 2019.
Source : Upply
Le transport routier de marchandises en France est entré en récession. Cela confirme les échos qui viennent du marché. La demande de fret est en baisse et le manque de chauffeurs perd de son acuité. Les transporteurs adoptent une stratégie défensive en préservant leur cash et diminuent drastiquement les commandes en camions et remorques neufs.
Certains parviennent néanmoins à profiter du moment pour maintenir une stratégie offensive via des acquisitions : le groupe Blondel, par exemple, a annoncé l’acquisition du transporteur de Dijon Régis Martelet (170 véhicules) en octobre. Un signe parmi d’autres d’un mouvement de consolidation qui devrait se poursuivre dans les prochains mois (consulter les dernières opérations dans notre revue de presse).
La Nouvelle-Aquitaine est la plus grande région métropolitaine en superficie, avec plus de 84 100 km2. Relier Loudun (86) à Hendaye (64), villes situées aux limites de la région, représente un voyage de plus de 500 km, soit quasiment l’équivalent de Loudun-Lille (530 km) ou Hendaye-Madrid (475 km) !
Le graphique ci-dessous indique la variation des prix de transport en entrée (imports) et en sortie (exports) de la région :
Source : Upply
Le cabotage espagnol y joue un grand rôle car les distances sont importantes, et c’est un chemin de retour au pays. Les Espagnols influent donc sur le prix des flux import. Les flux en sortie sont en revanche réalisés par les transporteurs locaux, ce qui explique que le phasage de la variation corresponde davantage au cycle des flux français.
En résumé, cette région est un lien naturel entre d’une part la France du Nord plus industrielle et plus peuplée et d’autre part l’Espagne. L’inflation des prix est plus forte avec une économie qui progresse. Mais en période de récession, cela peut devenir difficilement soutenable pour les transporteurs locaux. Certains rachats d’entreprises sont donc à prévoir en Nouvelle-Aquitaine. Ils ont d’ailleurs déjà commencé en Midi-Pyrénées et dans le Roussillon : les Transports Pedussaut ont été rachetés par TDLM et Jumilla & Fils par le groupe Socafna. En Gironde, par ailleurs, les Transports Guyamier viennent tout juste de reprendre les Transports Lacassagne.
Source : Insee, CNR