L’ajournement massif de départs de navires, conjugué à une intensification de la demande de chargements à l’approche du Nouvel An Chinois (qui sera célébré le 25 janvier), crée une tension évidente, ponctuelle et organisée sur l’espace disponible entre l’Asie et l’Europe. Une tendance qui se reflète clairement dans l’évolution des prix du transport maritime constatée dans la base de données Upply, sur l’axe Shanghai-Fos.
Source : Upply (En savoir plus sur le service Historique des Prix)
Dans une période où pouvoir embarquer la marchandise prime, les contrats long terme FOB sont malmenés par les compagnies maritimes, au profit du marché spot CIF au départ de Chine. Il est clair que dans cette période, la meilleure offre tarifaire reste le moyen le plus sûr d’obtenir un chargement rapide, ce qui alimente la flambée observée sur le SCFI (Shanghai Containerised Freight Index).
Les exportateurs chinois, qui vont pouvoir basculer des volumes urgents du FOB vers le CIF contre une garantie d’espace en faisant payer le surcoût à leurs clients, peuvent être gagnants à court terme...et peut-être aussi à plus long terme. Le risque est en effet que les habitudes prises perdurent, et qu’il soit plus difficile de rebasculer sur du FOB dès que l’espace se sera détendu, à partir de fin février-début mars.
Le ferroviaire pourrait également tirer son épingle de jeu. Il se révèle très tentant pour les importateurs français, si l’on tient compte des incertitudes de chargement en maritime et de la situation dramatique de Fos et du Havre depuis le 5 décembre en raison des grèves. Ce mouvement social a en effet conduit certaines compagnies à éviter les ports français (MSC étant l’opérateur qui a proportionnellement annulé le plus d’escales en raison des grèves). On estime à ce stade à 30% la perte des volumes conteneurisés traités par Le Havre et Fos en décembre.
Dunkerque joue dans le contexte une carte intéressante. Mais globalement, la France offre de nouveau des volumes aux ports du Bénélux et au port du Pirée en Méditerranée. Ce dernier joue ainsi en quelque sorte un rôle de "stock tampon" à l’entrée de la zone Med Ouest où les marchandises, une fois débarquées, se retrouvent en attente sous contrôle des terminaux chinois…
Le retail traditionnel français, sous contrat FOB, est fortement exposé à des délais supplémentaires et à des surcoûts, alors que ce secteur de l’économie doit déjà faire face à une décroissance structurelle de ses volumes.
Le retour du boomerang est inévitable et déjà attendu. Les importateurs européens les plus avisés, quand ils avaient la possibilité de le faire, ont largement anticipé la période actuelle en sur-stockant en entrepôt, afin de faire le dos rond et de ressortir du bois après le Nouvel An Chinois.
Captain Upply