Market Insights

Trafic des principaux ports mondiaux au 1er semestre 2022

Rédigé par Anne Kerriou | 01 septembre 2022

[+ INFOGRAPHIES] L’accalmie du commerce mondial, après la surchauffe de 2021, commence à produire ses effets sur le trafic des principaux ports mondiaux. Le ralentissement est particulièrement net dans les ports européens.

1/ Les leaders mondiaux

L’évolution du trafic de conteneurs des principaux ports mondiaux témoigne du ralentissement progressif des échanges après le fort rebond de 2021, dans un contexte de poussée inflationniste et de perturbation des outils de production et des chaînes logistiques. Le trafic cumulé du Top 10 montre une augmentation de 1,5% au premier semestre 2022 par rapport à la même période de 2021, avec un total de 134,4 millions d'EVP.

Sources des données : communiqués des autorités portuaires, ministères des Transports. 

2/ Les ports chinois

Source des données : ministère chinois des Transports

La Chine, dont 7 ports figurent dans le Top 10 mondial, publie des résultats étonnamment satisfaisants, compte tenu des confinements drastiques qui ont perturbé l’activité économique au printemps. Seuls Shanghai, Guangzhou et Hong Kong affichent une baisse, et celle-ci est en général relativement modérée. Globalement, les 10 premiers ports chinois enregistrent un trafic cumulé de 103,5 millions d'EVP au premier semestre 2022, en hausse de 3,6% par rapport au S1 2021.

Les ports de Beibu Gulf et de Rhizao affichent des taux de croissance à deux chiffres. La progression est particulièrement spectaculaire pour Beibu Gulf, dont le trafic de conteneurs atteint 3 170 000 EVP, soit une augmentation de 21,4% par rapport au premier semestre 2021. Selon le gestionnaire du port, l’activité a notamment été portée par le développement de nouvelles lignes avec des pays d’Asie du Sud-Est comme la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam, favorisé par la mise en place de l’accord de partenariat économique régional en Asie-Pacifique. Beibu Gulf a connu une progression à 2 chiffres durant toute la période pandémique connu une croissance à deux chiffres tout au long de la pandémie de ces deux dernières années. Par rapport à 2019, le volume de conteneurs traités a presque doublé, passant de 1 590 000 EVP au premier semestre 2019 à 3 170 000 EVP en 2022.

 

Source des données : ministère chinois des Transports

3/ Les ports des États-Unis

Source des données : autorités portuaires

Aux États-Unis, les importations sont restées très dynamiques en début d’année. Confronté à une sévère congestion, le port de Los Angeles a vu son trafic stagner. Le déclin du trafic de conteneurs pleins (-3,1% à l’import et – 5,6% à l’export) est compensé par trafic de conteneurs vides en hausse. On observe également cette croissance des conteneurs vides à Long Beach. Mais dans ce port, la progression de l’import (+6,3% à 2,5 millions d’EVP) compense le déclin de l’import (-5,5% à 710 593 EVP).

Face à la congestion des ports de la côte Ouest, les chargeurs ont recherché des solutions alternatives sur la côte Est où tous les ports ont tiré leur épingle du jeu. C’est aussi le cas de Houston dans le Golfe du Mexique. New York, le plus important des ports de la côte Est, a vu son trafic progresser de 11,4%. Le trafic de conteneurs pleins a augmenté de 7,9% pour atteindre 3,174 millions d’EVP, dont 2,5 millions à l’import (+12%) et 664 323 EVP à l’export (-5%). Le trafic de conteneurs vides est quant à lui une hausse de 18,3% (+18,7% à l’export et -29,6% à l’import).

Source des données : autorités portuaires

4/ Les ports européens

Source des données : autorités portuaires

La morosité prévaut du côté des ports européens, qui accusent quasiment tous une baisse du trafic de conteneurs au premier semestre 2022, à l’exception de Hambourg et Barcelone. Gioia Tauro serait aussi sur une tendance favorable. Les chiffres mois par mois n’ont pas été divulgués, mais le président de l’autorité portuaire a indiqué début août que pour les sept premiers mois de l’année, le trafic était en augmentation de 15,3%, avec un total de 2 003 388 EVP.

Le leader européen, Rotterdam, accuse en revanche un repli de 4,4% au premier semestre. Le gestionnaire du port invoque deux raisons principales pour expliquer cette baisse. La première est la perte du trafic de conteneurs à destination et en provenance de la Russie en raison des sanctions décidées suite au déclenchement de la guerre en Ukraine. La seconde tient à la désorganisation actuelle des services maritimes. "Pour gagner du temps, les grands navires annulent désormais souvent des escales (-5,5% d'escales à Rotterdam par rapport à l'année dernière), et chargent et déchargent davantage de conteneurs par escale (+6,1%). Il en résulte des pics d'activité dans les terminaux (...). En raison de cette évolution, les compagnies maritimes utilisent actuellement relativement plus souvent des petits ports d'escale pour le transbordement plutôt que des grands ports tels que Rotterdam", analyse l’autorité portuaire. Anvers avance les mêmes arguments pour justifier le recul du trafic au premier semestre, avec notamment une baisse de 39% du trafic lié à la Russie.

Hambourg aussi a subi le contrecoup des sanctions contre la Russie, le trafic de conteneurs avec les ports russes ayant diminué de 50,9%. En revanche, l’activité avec les principaux partenaires commerciaux et notamment la Chine est restée dynamique. Hambourg rencontre également le succès en tant que hub de transbordement pour desservir la région de la Baltique. Au total, au premier semestre, le trafic de transbordement de conteneurs à Hambourg a augmenté de 2,7 % pour atteindre 1,6 million d'EVP.

Le plus fort recul revient au port allemand de Brême / Bremerhaven, suivi de près par le Pirée.

Source des données : autorités portuaires

Du côté des ports français, Le Havre constate une stabilité de l’activité. Un résultat plutôt satisfaisant compte tenu du contexte. "La part de marché progresse légèrement dans un contexte de baisse globale du trafic conteneur sur le Range Nord", précise le port. 

Marseille affiche quant à lui une bonne performance puisque le trafic de conteneurs bat un nouveau record. Il s’établit à 800 000 EVP, en augmentation de 5% par rapport à 2021 et de 7% par rapport à 2019. "Le Port de Marseille Fos profite ici de la congestion de ports méditerranéens voisins, en raison d’une plus grande fluidité sur ses terminaux", estime l’autorité portuaire.