S’il fallait un ultime coup de pouce, peut-être est-il venu de la crise du coronavirus, qui plombe actuellement, entre autres secteurs, le transport maritime mondial. Frappées de plein fouet par le démarrage au ralenti de l’activité au lendemain du Nouvel an chinois, certaines compagnies ont sonné l’alerte, à l’instar de Maersk. Difficile de savoir si cette nouvelle crise a été un élément décisif, mais force est de constater que la Commission européenne a prêté une oreille attentive à leurs revendications sur la prolongation du système d’exemption par catégorie en faveur des consortiums.
Alors que la plupart des acteurs de la chaîne logistique réclament la fin de ce dispositif dérogatoire, qui permet aux compagnies maritimes de fonctionner en alliances, la Commission européenne persiste et signe dans sa volonté de le faire perdurer.
Dans un communiqué conjoint diffusé le 10 février, les organisations professionnelles européennes représentant les chargeurs, les commissionnaires et les acteurs portuaires ont vivement réagi. Selon elles, les arguments avancés par la Commission présentent de nombreuses lacunes juridiques :
Il est incontestable que les compagnies maritimes souffrent actuellement, mais sans doute un peu moins qu’elles ne veulent le faire croire. L’activité ralentie permet de maintenir à peu près les taux de fret et se révèle être finalement une bonne opportunité pour retarder la mise en ligne de nouvelles capacités attendues.
La crise permet aussi d’organiser calmement les nouveaux services 2020 dans les "familles recomposées". Les alliances ont en effet connu plusieurs mouvements : Hyundai est sorti de son partenariat avec 2M au profit d’une intégration dans the Alliance, et Zim s’est emparé du strapontin devenu libre dans l’alliance 2M. Ces mouvements ont engendré des entrées et sorties de flotte plus simples à mettre en œuvre dans un contexte d’accalmie de l’activité.
Globalement, les compagnies restent en fait confiantes dans leur capacité à déployer une capacité élargie, dans les semaines qui vont suivre la reprise... qui finira forcément par arriver. En attendant, elles ont su surfer habilement sur la vague d’inquiétude économique pour avancer leurs pions auprès d’une Commission européenne qui s’était au demeurant montrée sensible aux arguments des compagnies maritimes sans attendre la crise.