BAROMÈTRE. Globalement, le marché du transport maritime conteneurisé a réussi à garder la tête à peu près froide en avril, notamment grâce à la riposte millimétrée de la Chine dans le cadre de la guerre commerciale relancée par Donald Trump.
Les faits marquants
- Droits de douane : une polarisation sur la relation sino-américaine
Le président américain Donald Trump occupe l’espace médiatique en soufflant le chaud et le froid sur les relations internationales, sans résultats tangibles sur les sujets géopolitiques. Sur le plan économique, en revanche, la guerre commerciale, mais encore plus l’incertitude créée par ses soubresauts, produisent leurs premiers effets sur les chaînes logistiques. Les échanges commerciaux entre les États-Unis et la Chine ont donc été sérieusement entravés, or ils pèsent très lourd dans le commerce transpacifique. La trêve annoncée à partir du 14 mai pourrait relancer un peu la machine, après un premier trimestre boosté par l’anticipation des commandes avec l’introduction de droits de douane massifs entre la Chine et les États-Unis, mais beaucoup d’incertitudes subsistent. La fin du mois d’avril a été marquée par une nette accalmie de l’activité pour les tractionnaires portuaires routiers américains dans les ports de Los Angeles et de Long Beach.
Concernant les relations commerciales avec le reste du monde, les droits de douane additionnels de 10% ont été acceptés dans une atmosphère de quasi-soulagement, l’attention se focalisant sur la pause de 90 jours accordée par l’administration Trump avant l’introduction éventuelle de droits de douane dits réciproques.
- Premières indications concernant les taxes sur les navires chinois
En février, Donald Trump avait dévoilé son intention de taxer les navires construits en Chine ou opérés par les entreprises chinoises. On en sait désormais davantage sur le dispositif proposé, qui va bien au-delà d’une simple taxe sur les navires chinois puisqu’il entend "lutter contre les actes, politiques et pratiques déraisonnables de la Chine visant à dominer les secteurs maritime, logistique et de la construction navale", selon les termes de l’US Trade Representative (USTR). Après un an d’une enquête qui a démarré sous l’administration Biden, l’USTR a annoncé le 17 avril les mesures envisagées, les parties concernées étant invitées à faire part de leurs commentaires avant le 8 mai 2025.
L’administration américaine du commerce propose notamment les taxes suivantes, qui devraient être introduites à l’issue d’une période de transition de 180 jours, c’est-à-dire à compter du 14 octobre 2025 :
- Une taxe sur les services de transport maritime des opérateurs et armateurs chinois.
- Une taxe sur les services de transport maritime assurés par des opérateurs utilisant des navires construits en Chine.
Dans les deux cas, les taxes seront facturées par rotation ou série d'escales dans les ports américains, et au maximum cinq fois par an pour un même navire. Au départ, le projet prévoyait une taxation par escale, mais les protestations des professionnels ont été entendues sur ce point.
Par ailleurs, l’USTR suggère l’application de droits de douane supplémentaires sur les grues STS, et sur certains équipements de manutention provenant de Chine, comme les conteneurs et certains châssis.
- Situation en mer Rouge
Il est désormais acquis que le retour massif du trafic conteneurisé par la mer Rouge ne se fera pas au premier semestre 2025. Mais la situation pourrait évoluer. Le 6 mai, le président Donald Trump a annoncé que les États-Unis allaient cesser de bombarder les Houthis au Yémen, affirmant que ces derniers avaient accepté de ne plus attaquer les navires américains en mer Rouge. Il faudra cependant encore attendre pour que les conditions opérationnelles permettant un retour massif des navires marchands par la mer Rouge soient réunies, mais c’est la première fois depuis plusieurs mois qu’une telle hypothèse prend corps.
- Finalisation de l’acquisition de DB Schenker par DSV
Les considérations géopolitiques occupent aujourd’hui tellement le devant de la scène qu’on en oublierait presque la vie des entreprises. Une opération majeure a pourtant été finalisée le 30 avril dans le transport international : l’acquisition de DB Schenker par DSV. Ce rapprochement donne naissance à un nouveau n°1 de la commission de transport maritime, devant Kuehne+Nagel et DHL Global Forwarding.
Les prix
Face à une demande désorientée, la majorité des grandes compagnies maritimes cherchent à conserver de la tension sur le marché, en recourant à des annulations de services y compris de manière impromptue (ce qui est nouveau), principalement sur le transpacifique. Seule l’alliance Gemini tient globalement ses promesses de régularité pour l’instant (...)