En janvier dernier, nous nous sommes livrés à notre traditionnel exercice de prospective en présentant trois scénarios possibles d’évolution du transport maritime conteneurisé en 2024. Alors que nous rentrons dans le second semestre d’une année politiquement et géopolitiquement troublée, passons en revue nos 3 hypothèses initiales, en s’attardant sur notre scénario 1 qui s’est largement concrétisé.
Notre premier scénario envisageait l’hypothèse d’un retour aux lignes maritimes historiques via le cap Horn et le cap de Bonne-Espérance, en raison des perturbations de la navigation via le canal de Panama et via le canal de Suez, pour des raisons très différentes. Ce scénario ne s’est pas confirmé du côté de Panama, mais il s’est en revanche vérifié plus qu’on ne l’imaginait via le Cap de Bonne-Espérance.
Face aux attaques de navires par les Houthis, l’obligation de protéger les marins et les surprimes imposées par les compagnies d’assurance ont rendu quasiment obligatoire le déroutement pour éviter le passage des porte-conteneurs par la mer Rouge, considérée comme zone de guerre. MSC, première compagnie conteneurisée du monde, est devenue une cible prioritaire des Houthis sur la base de présumés liens avec Israël. Quelques-uns de ses porte-conteneurs, tout comme quelques navires CMA CGM, continuent de passer par le canal de Suez au cas par cas, en dernière minute, et sous la protection militaire de l’opération Aspides lancée par l’Union européenne. Toutes les autres grandes compagnies de transport maritime conteneurisé font le grand tour, et ce jusqu’à nouvel avis, les quelques rares navires Maersk empruntant encore la mer Rouge étant des navires de Maersk Limited sous contrat d’État avec les États-Unis, protégés par la marine de guerre américaine et britannique dans le cadre de l’opération Prosperity Guardian.
Sur un plan financier, à court terme, la situation en mer Rouge est en train de sauver la rentabilité des compagnies maritimes pour l’exercice en cours. Un retournement inespéré, alors qu’avant les attaques contre Israël du 7 octobre et la riposte qui a suivi, les compagnies maritimes abordaient 2024 dans un climat particulièrement morose. Sur l’Asie-Europe, notamment, les taux de fret étaient descendus sous le seuil de rentabilité, et la perspective d’une arrivée massive de nouvelles capacités annonçait un exercice particulièrement difficile.
Les grands opérateurs maritimes de ligne régulière ont finalement enregistré une nette progression de leur résultats financiers au premier trimestre 2024 en glissement trimestriel, même si le déclin du chiffre d’affaires et de l’EBITDA reste significatif par rapport au premier trimestre 2023 (compte tenu d’une base de référence particulièrement élevée).
(1) Hors MSC, qui ne publie pas ses résultats financiers - (2) T4 de l’exercice fiscal 2023-2024 - Sources : publications financières des compagnies © UPPLY
L’évolution actuelle des taux de fret permet d’affirmer que l’amélioration des comptes se poursuit au deuxième trimestre (...)