Le sentiment qui prédomine en novembre, c’est que le marché se caractérise de nouveau par une approche de court terme de part et d’autre de l’échiquier du transport maritime conteneurisé. D’un côté, les compagnies essayent de positionner leurs prix à des pivots supérieurs à leurs coûts. De l’autre côté, le top 5 des grands commissionnaires de transport planétaires, en pleine préparation budgétaire, vise des niveaux de marge au dossier ambitieux, via des politiques d’achat ultra-agressives favorisées par le rapport de force plutôt en leur faveur actuellement. La période de négociation des contrats de long terme avec les chargeurs directs (BCO) est partie pour s’éterniser cette année.
Les annulations d’escale sont attendues à un niveau record jusqu’au Nouvel An chinois, qui démarre le 29 janvier en 2025. Pour les compagnies, c’est finalement la seule arme défensive qui a prouvé son efficacité pour contenir l’offre. Cependant, le déclin des volumes en 2024 sur la route Asie-Europe, combiné à une très forte inflation des coûts d’exploitation, prépare des résultats certes en progression par rapport à 2023 mais décevants, avec notamment une érosion de la marge opérationnelle à la cellule.
Par ailleurs, la préparation du déploiement des nouvelles alliances au 1er février 2025 engendre une désorganisation supplémentaire des services et une contraction de l’offre.
Dans le cadre de cette recomposition des alliances, les compagnies savent d’ores et déjà qu’il va falloir "attirer le chaland" et trouver des offres différenciantes pour espérer surperformer dans un marché dont on sait déjà qu’il sera difficile pour les compagnies, car une fois de plus surcapacitaire. Le reformatage en cours va aiguillonner la concurrence.
Le mois de novembre a été émaillé par les annonces du nouveau président élu des États-Unis concernant le futur alourdissement des droits de douane pour les marchandises entrant sur le territoire américain. Pendant sa campagne électorale, Donald Trump avait annoncé ses intentions : des droits de douanes additionnels allant de 10 à 20% pour l’ensemble des imports d'origine européenne et de 60% sur les imports d’origine chinoise.
Mais une deuxième salve a été tirée depuis : le président élu menace d’appliquer des droits de douane supplémentaires de 25% sur tous les produits en provenance du Mexique et du Canada. Il semble ainsi vouloir renégocier avant la clause de revoyure de 2026 l’accord de libre-échange US-Mexique-Canada (USMCA) conclu en 2020 durant son premier mandat. Dans le viseur, on retrouve clairement les investissements directs chinois au Mexique, en particulier dans le secteur automobile. Conséquence pour le transport maritime conteneurisé : la réorientation des flux vers le Mexique pour contourner les sanctions contre la Chine sera plus surveillée que prévu, et cela pourrait donner un coup de frein au nearshoring (...)