Beaucoup de conteneurs, pleins et vides, sont actuellement immobilisés en Chine suite à l’épidémie de coronavirus. Deux phénomènes se conjuguent : les usines qui tournent encore largement au ralenti et les restrictions de circulation qui ont empêché les enlèvements et les livraisons.
La situation est particulièrement critique pour les conteneurs reefer. Plusieurs compagnies maritimes ont annoncé l’instauration de surcharges liées à la congestion portuaire en Chine. C’est le cas, par exemple, de Maersk et CMA CGM.
Aux États-Unis et en Europe, ce syndrome de manque d’équipement disponible se ressent toujours en priorité dans les parcs intérieurs, où les conteneurs vides commencent à manquer massivement. En France, c’est aujourd’hui le cas à Lyon, Paris, Bâle-Mulhouse etc…
La situation est également préoccupante dans les ports, avec des importations bien inférieures à la normale depuis le début de la crise. Tous les ans, cette période correspond déjà à un seuil bas de disponibilité en équipement en Europe. Durant le Nouvel An chinois, les compagnies maritimes annulent en effet des escales pour s’adapter au ralentissement de l’économie chinoise. Mais cette année, la situation se prolonge en raison du coronavirus.
Si l’on fait un focus sur les ports français, le phénomène de déséquilibre a en plus été aggravé par les annulations d’escales import liées aux grèves au Havre et à Fos.
Les premiers effets se font déjà sentir sur les prix du transport routier. La pénurie de conteneurs dans les parcs intérieurs oblige les chargeurs à devoir quasi systématiquement payer pour un aller-retour, ce qui n’est pas le cas en exploitation normale.
Le manque de conteneurs disponibles, couplé au très faible nombre de départs de navires annoncé pour les deux prochains mois dans un contexte de forte demande, va obligatoirement avoir un impact haussier sur les taux de fret et sur le coût du transport global à l’export d’Europe en mars et avril. C’est déjà une évidence pour les marchés qui anticipent cet effet.
Les compagnies les plus stratèges pourraient modifier leurs habitudes en rechargeant massivement des conteneurs vides de Chine pendant qu’il en est encore temps et que l’espace à bord le permet facilement… Quand la production chinoise aura repris à 120 ou 130% pour compenser les retards, il sera trop tard et l’effet de balancier n’en sera que plus violent.