Sur la lancée d’une année 2019 qui restera record sur le Transatlantique, les navires continuent de partir pleins sur l’axe Le Havre-New York, d’où une bonne résistance des taux de fret. La performance est d’autant plus remarquable qu’un certain nombre de vents contraires soufflent sur ce segment.
Source : Historique des Prix Upply
Tout d’abord, on constate un effondrement des exports de vins et spiritueux français depuis le mois d’octobre, lié aux droits de douane additionnels imposés par les États-Unis sur les échanges avec l’Europe. Ensuite, les exportateurs français subissent de plein fouet l’impact des grèves qui touchent les ports français depuis début décembre. Les contraintes opérationnelles qui en découlent ont déplacé la discussion du prix vers la faisabilité du transport. Les exportateurs sont allés chercher à leurs frais des départs de navires au Benelux plutôt qu’au Havre lorsque c’était nécessaire.
On peut estimer que l’appauvrissement de l’offre au départ du Havre vers les États-Unis surpasse finalement la baisse de volumes, d’où le maintien actuel des taux de fret sur des niveaux élevés.
Cet épiphénomène retarde donc la prise en compte de la contraction du marché des vins et spiritueux. Mais la tendance ne devrait pas durer. Compte tenu du poids de ce secteur, la diminution des volumes de vins et spiritueux va tôt ou tard peser inexorablement sur les taux de fret. Il n’y a pas de marchandise de substitution susceptible d’offrir les mêmes performances, et c’est exactement l’effet souhaité par l’administration Trump avec la flambée des taxes à l’entrée des États-Unis.
Autre point de vigilance, à plus long terme : la configuration post Brexit laisse présager des accords commerciaux privilégiés entre le Royaume-Uni et les États-Unis. Une partie non négligeable des vins et spiritueux français risquent d’être détournés physiquement et fiscalement par les ports britanniques si l’on n’y prend pas garde…