Des taux de fret stabilisés à des points hauts, voire légèrement en baisse ces dernières semaines sur la base d’un conteneur 40’HC port à port (THC inclus) : nos données Upply révèlent une évolution assez similaire à la tendance générale entre l’Asie et l’Europe. Mais cette ligne Tokyo-Southampton est amenée à être impactée par le premier accord bilatéral significatif post Brexit conclu par la Grande-Bretagne, avec le Japon.
Source : Upply
En vertu de cet accord qui doit faire disparaître 99% des droits de douane, les deux pays attendent environ, 15 milliards de livres sterling (16,4 Md€) d’échanges supplémentaires par an. Surtout, cet accord de libre-échange constitue la première victoire économique extérieure tangible post Brexit du gouvernement Johnson. Il consolide un partenariat existant avec le Japon mais qui avait été quelque peu mis à mal, le manque de visibilité freinant ces deux dernières années les investissements japonais au Royaume-Uni, en particulier dans le secteur automobile.
Le Loop 1 de "THE Alliance", seul service maritime direct de qualité entre le UK et le Japon, se voit ainsi renforcé. Une situation à surveiller de près du côté du port du Havre. D’autant que Brexit ou pas, le siège social de The Alliance en Europe reste à Londres, témoignant de l’enchevêtrement de la vision maritime commune de ces deux nations insulaires.
Les constructeurs automobiles nippons vont pouvoir bénéficier d’un quasi deuxième marché intérieur, en prime sans modifications puisque le volant est du même côté que chez eux ! Très actifs dans le développement de nouvelles technologies (hydrogène et électrique), ils vont pouvoir s’engouffrer dans le verdissement accéléré du parc roulant au Royaume-Uni.
Les deux partenaires vont aussi profiter d’un accès privilégié aux produits agro-alimentaires. Le marché des spiritueux, en particulier, promet d’intéressants développements, le Japon étant devenu lui aussi un producteur important de whiskys de qualité. Via le groupe Pernod Ricard, gros détenteur de marques de spiritueux écossais et irlandais, les Français vont se retrouver aux premières loges pour profiter indirectement de cet accord.
Par transitivité, le Japon va enfin obtenir un accès plus aisé aux productions néo-zélandaises et australiennes de quasi proximité.
Cet accord met surtout la pression sur les États-Unis pour la signature d’un nouvel accord Transatlantique. Un dossier qui patine, malgré les déclarations enthousiastes de Donald Trump et Boris Johnson en août 2019, au G7 de Biarritz.
"Make UK Great Again" ... La tâche sera probablement plus ardue que prévue entre fronde interne, colère des Européens et faible empressement des États-Unis.