Analyse Transport & Logistique

Auvergne Rhône-Alpes : les flux internes soutiennent le transport routier

13 mars 2020

DOSSIER. Le transport routier de marchandises dans la région Auvergne Rhône-Alpes s’est rétracté de 2,8% en 5 ans. Une érosion contenue, grâce à la bonne santé des flux internes.

Notre Tour de France du transport routier de marchandises se focalise aujourd’hui sur la région Auvergne Rhône-Alpes, après nos étapes dans les Hauts-de-France, le Grand Est et Bourgogne Franche-Comté. Nous avons étudié dans notre premier article le profil économique et logistique de la région. Voyons maintenant comment le transport routier de marchandises se positionne.

Une reprise amorcée en 2016

En 2018, le flux régional du transport routier de marchandises du pavillon français a totalisé 30,8 milliards de tonnes-kilomètres, soit une croissance de 6,3% par rapport à 2017. "Les flux entrants représentent 32% du trafic et progressent de 2%. Les flux sortants, avec un niveau équivalent, restent stables par rapport à l’année précédente. Les échange internes à la région poursuivent leur progression avec une hausse annuelle de 18%, après +15% en 2017", détaille l’Insee dans le bilan économique 2018 de la région Auvergne Rhône-Alpes.

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*en millions de tonnes-kilomètres transportées - Source : SDES, Enquête Transport routier de marchandises

L’année 2018 a donc confirmé la reprise entamée à partir de 2016 voire même dès 2015 pour les flux internes et sur 5 ans, le trafic global montre une progression de 2,8%. Les flux entrants et sortants, malgré la reprise à compter de 2016, ne retrouvent pas leur niveau de 2014. Mais l’activité est sauvée par les flux internes, en croissance de 34% sur 5 ans, qui génèrent désormais l’essentiel du trafic en représentant 37% du total régional, contre 28,6% en 2014.

"Il faut être lucide : notre position géographique, si elle présente de nombreux avantages, nous expose aussi beaucoup la concurrence internationale et le cabotage. La vulnérabilité est moindre à l’échelle intra-régionale. Mais il y aussi des facteurs positifs qui entrent en ligne de compte pour expliquer la hausse de ce segment. D’abord, de nombreux chantiers ont été menés ces dernières années dans la région. Ensuite, il est encourageant de voir que certains industriels, notamment ceux qui manipulent des matières dangereuses, reviennent vers des transporteurs français après avoir eu de mauvaises expériences liées par exemple à une mauvaise compréhension des consignes de sécurité, extrêmement prégnantes dans la chimie et la pétrochimie", précise Jean-Christophe Gautheron, secrétaire général de l’OTRE Auvergne Rhône-Alpes.

Jean-Christian Vialelles, délégué régional de TLF Auvergne Rhône-Alpes, voit par ailleurs dans cette tendance un lien avec la puissance de la filière logistique : les entrepôts drainent des flux massifiés qui sont ensuite redistribués localement. Et l’explosion du e-commerce, dans le B to C mais aussi de plus en plus dans le B to B, ne fait qu’accentuer le mouvement.

Impact des mouvements sociaux

Les chiffres de 2019 ne sont pas encore connus, mais la tendance était plutôt favorable... jusqu’aux mouvement sociaux de décembre. "L’économie régionale se porte plutôt bien, en tout cas en Rhône-Alpes, avec notamment un secteur industriel qui repart à la hausse depuis 18 mois", relève Jean-Christophe Gautheron. La Banque de France, dans son enquête de conjoncture portant sur le mois novembre, constatait également "une activité bien orientée" pour le transport routier, "dans la continuité du mois précédent, grâce à une demande robuste". Elle notait aussi que les prévisions des professionnels restaient "favorables pour les prochaines semaines, que ce soit au niveau de l’activité ou de la demande".

Mais deux signaux d’alerte se sont allumés, signale la Banque de France : un début de dépréciation des prix, et les mouvements sociaux. "C’est une catastrophe. On a mis à peu près 15 ans pour se remettre des dégâts laissés par les grèves précédentes et on est à nouveau en train de détruire nos activités maritimes", s’insurge Christian Vialelles.

On peut ajouter un troisième signal intervenu après la publication de cette étude de la Banque de France : l'épidémie de coronavirus, qui fait planer des incertitudes sur l'ensemble de l'économie.

6 700 établissements de transport routier

Selon le rapport régional 2018 de l’OPTL (Observatoire prospectif des métiers et des qualifications dans le transport et la logistique), le secteur du transport routier de marchandises comptait en 2017 environ 6 700 établissements en Auvergne Rhône-Alpes, dont 3 000 employant des salariés et 3 700 indépendants. Dans la première catégorie, 63% des établissements comptaient entre 1 et 9 salariés au 31 décembre 2017, 30% entre 10 et 49 salariés et 7% plus de 50 salariés.

La région abrite de grands noms du transport routier français. On pense bien sûr à XPO, ex Norbert Dentressangle, mais aussi à des groupes dynamiques comme Bert, Dimotrans, Dupessey, Jacky Perrenot, Pedretti, Fatton, etc. En Auvergne, on peut citer par exemple les Transports Combronde à Thiers, les Transports Lhéritier ou encore Multi-Transports près du Puy-en-Velay (630 salariés, et l’acquisition en octobre 2019 des Transports Archer, Chambon et Sanial).

Comme partout, le secteur fait face à des difficultés de recrutement. Il sent également se resserrer l’étau des contraintes environnementales, par exemple avec la mise en place de mesures coercitives qui s’appliquent à Lyon dans les zones de faibles émissions depuis le 1er janvier 2020. "On peut regretter que les métropoles agissent de façon très individuelle et certaines sans consultation", note Jean-Christian Vialelles.

Bonne nouvelle cependant : la région Auvergne Rhône-Alpes se mobilise aux côtés des transporteurs pour favoriser la transition énergétique, en particulier vers le GNV. "Il y a des aides qu’on ne retrouve pas forcément ailleurs", souligne Jean-Christophe Gautheron. Un appel à projet est d’ailleurs en cours jusqu’au 30 octobre 2020 pour aider les entreprises qui souhaitent acquérir des véhicules GNV dans le cadre d'un projet de création d'une nouvelle station GNV/BioGNV.

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Diplômée de l'École Supérieure de Journalisme de Lille, Anne a exercé l’essentiel de sa carrière dans la presse spécialisée Commerce international & Logistique, avant de rejoindre Upply.
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