C’est l’une des surprises de l’année 2025 : alors que l’on s’attendait à une courbe de progression des volumes assez faible voire nulle sur les corridors Est-ouest, le tableau global de l’année est moins décevant que prévu.
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Asie-Europe
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L’année 2025 a été marquée par une recomposition des alliances maritimes, qui est entrée en vigueur en février 2025. Pour la première fois depuis des décennies, le marché a vu émerger une offre différenciée en termes de services. En effet, l’alliance Gemini, qui réunit Maersk et Hapag Lloyd, a misé d’emblée sur la qualité de service, avec une promesse de 90% de fiabilité, grosso modo tenue jusqu’à la fin de l’été. Les deux compagnies ont clairement prouvé la performance de leur système basé sur des hubs principaux et des dessertes par feeder via un réseau de terminaux contrôlés.
Cela a contraint l’ensemble du marché à faire des efforts qualitatifs, hélas de courte durée. Les taux de fiabilité sont repartis à la baisse en fin d’année, sur fond de guerre des taux et de blank sailings plus ou moins sauvages. Les écarts entre opérateurs se resserrent autour d’une fourchette oscillant de 60 à 80%. C’est mieux que les 50-55% qui prévalaient avant la recomposition, mais ce n’est pas suffisant pour Maersk qui avait vendu l’excellence opérationnelle à ses grands chargeurs directs en début d’année, contre des taux de fret premium. Il n’est pas certain que l’offre différenciée puisse résister longtemps au "gros temps" qui est déjà là, les marges des compagnies maritimes étant durement touchées par l’effondrement des taux de fret.
Le cavalier seul de MSC
L’alliance 2M, qui rassemblait MSC et Maersk, a donc pris fin en février 2025. Dans nos 3 scénarios Upply pour 2025, nous évoquions en début d’année une probable fuite en avant de MSC, qui s’est effectivement concrétisée. La compagnie italo-suisse représente désormais 21,3% des capacités offertes sur le marché contre 20% en début d’année, et a en point de mire la barre psychologique des 1000 navires en ligne. La stratégie du groupe reste la même : compression des coûts opérationnels et acquisition de part de marché, en jouant le marché à la baisse avec le soutien des grands NVOCC. Une fois de plus, en 2025, MSC a contraint le marché à la suivre, ce qui n’est pas simple pour ses compétiteurs dont les marges opérationnelles souffrent fortement de la chute des taux de fret.
Fin 2025, la compagnie a manifesté son intérêt pour le rachat de ZIM, avec laquelle elle a signé un accord de coopération opérationnelle sur certains axes qui est entré en vigueur en février 2025, lors de la recomposition des alliances.
Une stratégie de contrôle des compagnies sur les terminaux portuaires
Les compagnies maritimes sont engagées dans un mouvement de prise de contrôle des terminaux portuaires qui n’est pas un phénomène nouveau, mais qui s’accentue. MSC a depuis longtemps utilisé le contrôle de la manutention comme un facteur d’optimisation tarifaire pour ses services. C’est finalement une stratégie d’intégration assez classique, qui permet une meilleure maîtrise des coûts, de la qualité, et du paramètre social sur les quais. Le marché lui emboîte aujourd’hui le pas.
On peut aussi y voir dans une certaine mesure une réaction à l’appétit de l’ogre DP World. Les compagnies maritimes ne souhaitent pas laisser trop de marge de manœuvre à l’opérateur dubaïote, alors qu’il manifeste aujourd’hui de grandes ambitions dans la commission de transport.
Source : Upply Freight Index
À partir du dernier trimestre 2023, les attaques des rebelles houthis du Yémen contre les navires marchands en mer Rouge ont poussé les compagnies maritimes à éviter la zone et à passer par le cap de Bonne-Espérance. Dans la panique de la réorganisation brutale des routes, et en raison des réels surcoûts induits par l’allongement du trajet, les compagnies maritimes sont parvenues à faire passer des augmentations de prix, malgré une demande calme. En revanche, en 2025, alors que les nouvelles rotations étaient désormais bien calées, la pression est redescendue, et les prix aussi (...)
1/ Une demande meilleure que prévue
→ Asie-US
→ Asie-Europe
→Transatlantique
→ Intra-Asie
2/ Évolution de l'offre
→ Une offre différenciée née de la recomposition des alliances
→ Le cavalier seul de MSC
→ Une stratégie de contrôle des compagnies sur les terminaux portuaires
3/ Les prix
4/ Décarbonation
→ La perte d'influence de l'OMI
→ Le GNL, solution transitoire incontournable
→ Un bémol, les fuel-shifts